Un nombre considérable des 195 États de la planète est classé en 2022 sous la catégorie des États en faillite ou en dislocation ou en état d’effondrement. La plupart disposent d’une population assez conséquente et d’un appareil sécuritaire important au point où le semblant de vie continue, déguisé par une propagande très peu imaginative et un matraquage médiatique en boucle fermée.
Que faire de tous ces États en faillite ou en banqueroute? L’approche traditionnelle impliquant les mécanismes du Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale ou tout autre institution financière internationale n’est plus en adéquation avec cette nouvelle réalité. Il ne s’agit plus de mettre en œuvre des réformes structurelles ou de processus de rééchelonnement de la dette ou encore l’application de mesures drastiques et radicales. Ce type de mesures générateur de tensions et de crises socio-politiques et économiques risque de déclencher une spirale de conflits symétriques et assymetriques sans fin dans un monde déjà anéanti et dont une grande population a déjà migré vers des espaces virtuels pour échapper à la réalité.
Le phénomène connu sous le nom de décolonisation a abouti à la prolifération étatique et à la création de dizaines d’États-Nation nouveaux sur les territoires de provinces d’empires éteints ou de royaumes passés. L’histoire de ce mouvement et de son contexte, celle de la Guerre froide 1.0, ont démontré que les mécanismes de l’histoire ne sont pas aussi déterministes ou réversibles qu’on ne le pense assez souvent. Il a surtout propagé un concept assez récent et assez réducteur du nationalisme dans l’acception européenne, basé sur l’exclusion de l’autre et de la dichotomie de l’aliénation de l’étranger. Cette forme d’idéologie forgée sur le séparatisme, le cloisonnement et la conflictualité est devenu l’objet d’un mimétisme avec ou sans nuances et a abouti à la création de tant d’Etats artificiels qui allaient grossir la liste des pays membres de l’Organisation des Nations Unies et surtout le fermage du FMI, deux institutions créées au lendemain de la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans le cadre d’un nouveau partage du monde.
C’était ce que certains appelaient le tiers-monde dans les années 70. Or, de façon graduée la plupart des pays du monde, même ceux que l’on présentait comme parmi les plus industrialisés ou encore ceux disposant d’une puissance militaire de premier ordre sont devenus des pays du tiers-monde en 2020 tandis que les autres, promus durant moins d’une décennie à la faveur de la mondialisation triomphante au rang de puissances émergentes, retombaient au plus bas de l’échelle sinon détruits. La réalité des faits a prouvé qu’un État en faillite pouvait perdurer et même fonctionner vu la formidable capacité humaine à s’adapter et à survivre à toutes les contingences. En réalité même un État dont les fondements ont été détruits peut perdurer à condition qu’il y ait suffisamment de gens à y croire et à adhérer au mythe de cet État.
La dette interne de certains États très riches égale ou dépasse le produit intérieur brut (PIB) de ces États et la vie continue. Des États aux revenus modestes auraient du s’effondrer en 2021 mais ils existent encore. Il faut occuper les masses d’humains et prévenir à tout prix une prise de conscience de la gravité de la situation sous peine d’un mouvement de panique et pire, une perte de croyance dans le “système” qui serait fatale et aboutirait à un chaos indescriptible tel que celui ayant affecté le monde ancien vers 1800 avant Jésus-Christ ou encore le grand bouleversement généré par la grande épidémie de peste bubonique de 1346-1353. D’où l’idée d’un grand reset ou une remise à zéro impossible vu les statistiques astronomiques de l’échec. L’occupation des masses d’humains par des thématiques messianiques ou de la peur semble pour le moment le seul expédient possible pour retarder une prise de conscience et une perte brutale et massive du credo dans un système qui a atteint ses limites et qui s’est effondré sans que personne ne s’en rendre compte tellement il est massif et global mais aussi parce il se maintient par la fiction de la virtualité assistée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ces technologies sont en train de créer de nouvelles sociétés, des économies nouvelles et un nouveau système d’échange et de valeurs dont les contours commencent à se dessiner, laissant entrevoir les prémisses d’un monde plus prometteur que les pires dystopies imaginées durant le 20e siècle.
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