J’ai eu une amie pour qui il n’y avait pas de hasard; tout s’expliquait par sa foi en Dieu et son intervention divine. Par contre, pour celles et ceux qui ont eu la chance d’étudier la psychologie de Carl Gustav Jung, vous découvrirez ci-dessous ce qu’il qualifiait de « synchronicité » dans les événements de la vie!
Selon les explications que vous choisirez (hasard, intervention divine, synchronicité, mysticisme, etc.), il faudra vous demander pourquoi j’ai entendu hier à la radio de Radio-Canada ce rappel d’un discours de Jules Ferry et qu’il m’ait été donné de l’associer à l’opinion de Mme Andréa Richard et M. Ghyslain Parent parut dans le journal trifluvien du 2 décembre 2021.
Wikipédia : « Discours de Jules Ferry, 28 juillet 1885, lequel illustre les présupposés du discours colonisateur d’un pan des républicains sous la IIIe République » :
« Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder (…) : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. (…) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (…) Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l’histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l’esclavage dans l’Amérique centrale, ils n’accomplissaient pas leur devoir d’hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation. »
Déclaration de Mme Andréa Richard et M. Ghyslain Parent dans leur opinion publiée le 2 décembre 2021 dans le journal Le Nouvelliste de Trois-Rivières.
« Il est plus que nécessaire de faire œuvre d’éducation auprès des croyants et ce, peu importe leurs croyances. Le droit de croire — ou de ne pas croire — est légitime et légal. Nous nous devons de respecter ce droit, mais il est du devoir des personnes qui se sont libérées des endoctrinements de toute sorte de dénoncer l’intégrisme religieux basé sur des croyances et des faussetés reconnues par l’histoire et la science. »
Nous commettons tous des erreurs de jugement : l’erreur est humaine, nous a-t-on appris; ne pas le reconnaître est pour les humains l’ultime erreur, celle qui l’empêche d’évoluer vers un monde meilleur. Cet enseignement nous vient de Socrate qui a reconnu qu’il savait qu’il ne savait pas.
Jules Ferry fut un « grand » de la laïcité en France, comme seront probablement reconnus Mme Richard et M. Parent pour celle du Québec. Le combat silencieux des femmes fut probablement encore plus grand que bien des sommités. Mais même les « grands » commettent des bévues qui font souffrir les peuples assujettis à leurs convictions; ils voulaient bien faire, mais ils ont commis une bourde. C’est humain. Nous devons le reconnaître; nous devons reconnaître que nous pensions bien faire, nous pensions savoir, mais nous ne savions pas, nous ne voulions pas mal faire.
Est-ce que le fait d’être libéré d’un endoctrinement quelconque fait de nous des êtres supérieurs qui savent maintenant la vérité au-dessus de faussetés ou croyances? Ne sommes-nous pas tous imparfaits? La science sait-elle assurément si Dieu existe ou si Dieu n’existe pas? Ni les religions, ni les sectes, ni les savants ne savent si un être supérieur existe au-dessus des animaux pensants.
Rien ne m’autorise à exclure quiconque de la société : ma foi en moi et en ma conception de l’univers est unique simplement parce que je suis unique, mais elle est sans aucune certitude. Qu’une croyance.
Ce qui me fait douter de la Loi 21 c’est son imposition de sa foi absolue qui se permet d’exclure celles et ceux en autorité quelconque qui osent porter un signe religieux devant leurs sujets. Ce sont les philosophes Paul Ricœur et Albert Camus qui m’ont instruit sur la violence de l’exclusion et les dangers de juger quiconque sur ses apparences; l’histoire du XXe siècle m’a confirmé l’erreur et l’horreur de l’exclusion : il ne faut pas répéter cette faute grave d’une humanité maladroite. Nelson Mandela nous l’a enseigné dans son Afrique du Sud ravagé par l’esclavage, la ségrégation et l’apartheid : il a refusé de poursuivre la discrimination qu’il avait vécue tristement. Il a cherché à inventer un monde meilleur, un monde nouveau.
Je pense humblement que chaque Québécoise et chaque Québécois doit développer une « tendre indifférence » (Camus) vis-à-vis de chaque religion et secte de ce monde. Que tous nos regards se posent indifféremment sur chaque personne comme si nous admirions l’univers, tout l’univers. Voilà comment il serait possible de vivre notre liberté d’expression, cette spiritualité libre de tous dogmes aliénants ou bienfaisants.
« Ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d’être conscient. »
« L’éternité est là et moi je l’espérais.»
Albert Camus
« L’absurde n’est qu’un point de départ qui débouche, chez Camus, sur une politique de la révolte et une éthique de l’amour, mais aussi, et peut-être surtout, sur une mystique du silence. »
André Comte-Sponville
Le Québec a changé du tout au tout depuis 60 ans et il continuera de changer encore et encore; il ne faut pas croire qu’après nous sera le déluge. Si on n’apprend pas du passé, qui le fera?
Aujourd’hui, il y a deux principes qui doivent se croiser et se marier : la laïcité de l’État et la liberté d’expression. Ces deux principes ont cheminé depuis plusieurs décennies parmi plusieurs peuples et nations du monde afin de favoriser le bonheur, la paix, l’évolution humaine. Ces deux principes ont aussi pour fin de favoriser la prise en charge par tous les humains des buts ci-dessus mentionnés. Tous les humains sont dépositaires des droits de l’humain : il n’y a pas de sous-humain ni de surhumain. Il n’est donc pas question d’exclure quiconque de la réalisation des deux principes de la laïcité de l’État et de l’expression de la liberté.
Et comme dans tout mariage, ces deux principes doivent constamment s’ajuster pour une juste réalisation :
« Il n’y a pas de situation juste; il n’y a que des situations qui s’ajustent.»
Jean-Yves Leloup, « Un art de l’attention »,
Espaces libres, Albin Michel, 2002
« Il faut être ferme sur les principes et très souple et nuancé dans l’art de les appliquer.»
Gustave Thibon, « L’équilibre et l’harmonie »,
Fayard, 1976, p. 10
La liberté d’expression de toute personne est notre plus redoutable et créative puissance humaine. Elle doit être préservée et respectée, jamais bridée, ni brimée, ni condamnée sauf si abus d’un pouvoir quelconque par autoritarisme ou totalitarisme. L’atteindre ou la museler est contraire à notre essence même d’humain, animal pensant, réfléchissant..
La fidélité au principe est exigeante, mais elle nous inspire le meilleur choix des moyens pour leur maintien. Il faut s’appuyer sur le respect de tout un chacun en tout temps. Depuis les Lumières et même plus avant encore, nous cheminons de tout temps vers cette évolution, laquelle est sans fin. Nous sommes tous en devenir constant… éternellement.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec