Réflexions sur la laïcité d’un État

Réflexions sur la laïcité d’un État

Quand j’ai eu la chance d’étudier la psychologie humaine (fin des années 90), l’une des conclusions qu’il m’a été donnée de ressentir à la fin de ma formation fut cette nécessité encombrante que les humains ont d’étiqueter tout un chacun; bien qu’incapable de définir ce qu’était la normalité, l’humain avide de science et de connaissances arrivait à définir toutes les anomalies, même celle d’un esprit déviant! Déviant de quoi? Disons d’une situation d’équilibre qui doit permettre le bonheur et la santé.

Depuis, je me méfie des étiquettes que j’entends continuellement, même celles qui honorent quiconque, car, comme me l’a enseigné Lord Acton :

« Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais. »

Je fais mienne aussi la pensée que me donne l’encyclopédie Wikipédia sur ce penseur du XIXe siècle :

« … l’histoire humaine est orientée vers la liberté toujours plus grande. La défense de celle-ci est un impératif moral : rappelant le couple liberté/responsabilité, il affirme que si le pouvoir politique s’arroge le droit de commander aux hommes leurs actes, il les prive de leur responsabilité.

… La liberté allant de pair avec la responsabilité, la liberté est une condition nécessaire pour atteindre des buts spirituels élevés. Lord Acton déclare :

« La liberté n’est pas un moyen pour une fin politique plus haute. Elle est la fin politique la plus haute. Ce n’est pas en vue de réaliser une bonne administration publique que la liberté est nécessaire, mais pour assurer la poursuite des buts les plus élevés de la société civile et de la vie privée.»

Lord Acton rejette l’idée qu’un groupe national doive nécessairement avoir le droit d’assurer une complète autodétermination et croit que la liberté individuelle et la tolérance sont beaucoup mieux protégées dans un État multinational… que dans une unité politique ethniquement homogène. »

Lord Acton a fait partie du parlement du Royaume-Uni et non de celui du Québec; il a aussi été celui qui nous a laissé ces célèbres citations :

« Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. »

« La liberté n’est pas le pouvoir de faire ce que l’on veut, mais le droit de faire ce que l’on doit »

Avec ces premières réflexions sur la liberté et celles que je viens de lire de Mme Louise Mailloux, professeur de philosophie, au sujet de la laïcité d’un État (« Une Charte pour la nation; La laïcité, un projet d’avenir », les Éditions du Renouveau québécois, 2013), il m’est encore donné de penser que nous pouvons et que nous devons enrichir notre État québécois et sa Charte des droits et libertés de la personne.

Je réalise cependant d’une manière encore plus officielle que le Canada est un État plus monarchique que démocratique et laïc; il est un État de droit qui place Dieu au premier rang du jugement! Le Québec fait partie de cet État malgré qu’il est descendant de la Révolution des Lumières, laquelle a refusé les suprématies divine et royale d’antan. Le Québec a même écrit sa Charte des droits et libertés (1975) avant celle du Canada (1982), inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Mais comme rien n’est parfait et que jamais la perfection ne sera de ce monde, il est remarquable de découvrir à la lumière de Mme Mailloux et de M. Acton qu’il faudrait enrichir la Charte du Québec d’un petit article ou deux afin de rendre cet État du Québec laïc dans ce Canada monarchique.

J’ai beaucoup vécu les affres du mensonge par des autorités qui se prévalaient de ce privilège de mentir et ainsi tuer l’enthousiasme; depuis mon enfance, j’ai appris à me taire et à obéir jusqu’au moment où j’ai dû réagir devant l’inadmissible, devant l’incompréhensible, devant l’intolérance, devant l’injustice, devant l’illogisme. Non, je n’étais pas une tête forte ni une tête à Papineau, mais il y avait une limite! Et ce fut bien après la Révolution tranquille que j’ai réussi à me défaire de cette culpabilité morbide enseignée par un prosélytisme beaucoup trop envahissant des religions catholique (surtout elle dans mon cas) et protestante. Ma révolte s’est orchestrée à la fin des années 1990, alors même que j’apprenais la psychologie humaine.

Il y a eu un autre fait synchrone à l’apprentissage des ruses humaines pour leurrer les peuples : la dénaturation officielle du Mouvement Desjardins par Claude Béland. J’ai travaillé pour Desjardins de 1974 à 1999; durant les années 90, j’ai vécu la trahison bélandiste qui a fait basculer tout le Mouvement de l’idéologie du coopératisme dans celui du capitalisme-communiste. Vous vous interrogez à savoir ce que peut être une entreprise financière capitaliste-communiste? Vous n’avez qu’à être membre de Desjardins. Là où le service et l’intérêt premier des sociétaires étaient « roi », vous découvrirez que maintenant, depuis la trahison de Claude Béland, le service et l’intérêt sont maintenant centralisés à la « communauté » et que les membres sont devenus des exploités au service de la société, son gouvernement et ses dirigeants. Ceux-ci sont, depuis 2005, rémunérés grassement pour exécuter les ordres de Lévis-Montréal là où leurs dirigeants sont à la solde des agences de notation américaines et européennes. En 2010, Monique F. Leroux a implanté dans toutes les Caisses restantes du Mouvement, deux règlements de régie interne (RRI) qui exigent des membres une « Saine conduite » sous menace d’exclusion arbitraire. N’est-ce pas que cela ressemble aux dogmes religieux et aux anathèmes de n’importe quelle religion?

Plusieurs de mes connaissances m’avaient déjà sensibilisé à cette comparaison facile et flagrante entre Desjardins et les religions, mais je vous confesse que c’est la lecture du livre de Mme Mailloux et les témoignages du Père Henri Boulad qui auront finalement scellé cette similitude entre le spirituel et le financier : les religions sont des entreprises financières et Desjardins est devenu une institution dogmatique, c’est-à-dire, capitaliste-communiste!

Je n’ai pas cédé à la peur ni à l’intimidation durant mes 9 dernières années de travail chez Desjardins, mais j’ai payé : un « nouveau » patron s’est chargé en 1999 de me condamner et de me congédier. Par la suite, les RRI de Mme Leroux m’ont exclu 6 fois en 8 ans des Caisses Desjardins où j’étais membre depuis des décennies. Tout le monde peut être membre chez Desjardins, sauf les personnes qui n’ont pas une « Saine conduite ».

Non, je n’ai jamais cédé à la peur ni à l’intimidation de fiers-à-bras (Caisse Desjardins des Trois-Rivières), mais j’ai perdu et payé. Je suis maintenant client de la Banque de Montréal qui, elle, ne me promet pas de paradis « coopératif », sauf les redevances des contrats financiers entendus mutuellement.

La lecture en fin du livre de Mme Mailloux des réflexions du Père Henri Boulad semble proposer de déchirer les Chartes; avec la Loi 21, c’est aussi la direction que je perçois : abolir la liberté d’expression. Si tel est le cas, nous sommes sur la voie de la dictature et le retour du droit divin d’avant la Révolution des Lumières. N’est-ce pas que ça serait la fin des Droits de l’homme?

Toutes les religions ont condamné à mort les incroyants, les brebis égarées. Pour nous qui avons connu la Révolution tranquille du Québec et l’établissement des Chartes, nous avons une obligation morale de les faire vivre et surtout, de faire vivre l’esprit de liberté que nous nous sommes donné et de ne pas trahir l’héritage de nos mères féministes et de nos pères coopératifs.

Notre Charte du Québec doit rendre illégal ce qui est une irrespectueuse liberté d’expression et ne pas tomber dans le piège même des religions qui rend condamnable de mort (exclusion, anathème), l’expression par apparat de quelques adeptes des religions et sectes. Ce qui est abus de pouvoir sur autrui doit faire objet de justice et il relève de la police d’empêcher ces outrances. Mais l’habit ne peut être source de crime contre la personne.

Les mensonges des autorités sont malheureusement une plaie de nos sociétés; le prosélytisme, la publicité, toutes ces formes d’endoctrinement verbal n’ont qu’un seul but : la séduction des vulnérables que nous sommes toutes et tous afin de nous soutirer nos économies, sinon notre adhésion politique ou religieuse.

Il faut choisir : la dictature qui impose l’obscurantisme ou la liberté d’expression qui éclaire. Je choisis cette dernière en limitant le prosélytisme religieux et politique en dehors des lieux de travail.

Je n’ai jamais rien gagné avec ma liberté d’expression; tout le contraire! J’ai toujours perdu, même devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (2 fois), mais j’ai encore foi en ma liberté d’expression.

Il y a moyen d’affirmer la neutralité de l’État vis-à-vis de toutes les religions et leurs dogmes, et ce, sans neutraliser la liberté d’expression de toutes les citoyennes et de tous les citoyens : c’est en limitant le prosélytisme en dehors des lieux de travail. L’espace public doit demeurer libre et  exempt d’abus de pouvoir, et chaque citoyen doit se responsabiliser et respecter cette liberté accordée à toutes et à tous. Comme nous l’a enseigné Lord Acton, « La liberté est notre fin politique la plus haute. » À nous d’y voir quotidiennement, individuellement.

Faudrait-il une Charte à cette fin ultime? J’en doute : que des amendements aux Chartes actuelles devraient clore une fois pour toutes ce débat acrimonieux qui ne fait que nous exacerber davantage tout un chacun vers une haine impitoyable!

En terminant ces réflexions sur la laïcité, permettez-moi de citer le penseur, André Comte-Sponville : « L’esprit de l’athéisme; Introduction à une spiritualité sans Dieu », Albin Michel, 2006, page 143 :

 » Qu’est-ce que le fanatisme? C’est prendre sa foi pour un savoir, ou vouloir l’imposer par la force (les deux, presque toujours, vont de pair : dogmatisme et terrorisme se nourrissent l’un l’autre). Double faute : contre l’intelligence, et contre la liberté. À quoi il faut donc résister doublement : par la démocratie, par la lucidité. La liberté de conscience fait partie des droits de l’homme et des exigences de l’esprit.

La religion est un droit. L’irréligion aussi. Il faut donc les protéger l’une et l’autre (voire l’une contre l’autre, si c’est nécessaire), en leur interdisant à toutes deux de s’imposer par la force. C’est ce qu’on appelle la laïcité, et le plus précieux héritage des Lumières. On en redécouvre aujourd’hui la fragilité. Raison de plus pour le défendre, contre tout intégrisme, et pour le transmettre à nos enfants.

La liberté de l’esprit est le seul bien, peut-être, qui soit plus précieux que la paix. C’est que la paix, sans elle, n’est que servitude. »

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Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

À propos de l'auteur Vigile.Québec

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