par Ben Fofana.
« Au secours, les russes arrivent ! » est une phrase que l’on entend souvent dans les médias mainstream. Pour justifier ce « russia bashing », sont mises en avant son agressivité supposée, sa volonté de reconstruire l’URSS, son caractère autocratique, la persécution de l’opposition, son ingérence aux USA et en Europe. Toutes choses qui cachent une vraie haine de la Russie. Cette haine a un nom : la russophobie, ou les russophobies. Car il existe en réalité plusieurs russophobies en fonction des pays concernés. Nous verrons dans cet article de quoi il est question.
La russophobie polonaise
Les élites polonaises successives justifient leur haine de la Russie par les crimes que cette dernière à son encontre. Notamment durant la période soviétique. Si tel était le cas, touts les autres pays de l’est haïraient la Russie de la sorte. Ce qui n’est manifestement pas le cas de la Bulgarie, la Roumanie, ou de la Hongrie pour ne citer que ceux-là. D’ailleurs, au regard de l’histoire et des nombreux couacs qui ont jalonné la relation entre la Pologne et la Russie, il n’est pas sur que ce soit celle à qui on pense qui soit la débitrice.
La vraie origine ou vraie cause de la russophobie des élites polonaises, c’est de la frustration, de la jalousie. La Russie a la position que la Pologne rêve d’avoir, la plus grande nation slave, le pays le plus important de l’Europe de l’est, une puissance qui compte dans les affaires mondiales.
La Pologne a un grand rêve géopolitique, celui de reconstituer le grand duché de Pologne Lituanie, c’est-à-dire à une époque où elle encore une grande puissance européenne. D’où son initiative des trois mers pour commencer. Elle n’a reculé par le passé devant aucune alliance susceptible de lui redonner sa grandeur d’antan. Y compris avec l’Allemagne nazie, créant les conditions de la seconde guerre mondiale.
La Pologne est une grenouille qui se prend pour un bœuf, et dans sa folie des grandeurs, entraine à nouveau l’Europe vers la guerre avec la Russie.
La russophobie des États baltes
Elle est aussi pathologique que la russophobie polonaise mais elle est un peu déconcertante dans la mesure où nous n’arrivons pas à cerner ses vraies causes. Une telle haine ne saurait être expliquée par les seules invasion et occupation sous Staline. De toutes les russophobies, c’est celle que nous avons vraiment du mal à appréhender.
La russophobie germanique
C’est peut-être la plus facile à comprendre et à expliquer tant elle est assez terre à terre. L’espace est européen constitue pour la pensée germanique (antérieure à Hitler) une terre de peuplement pour le peuple allemand. L’incapacité à soumettre et à coloniser ce vaste espace géographique a fini par susciter une haine implacable qui sera la motivation de Adolph Hitler pour l’extermination du peuple slave au même titre que les juifs d’Europe. Aujourd’hui, elle se manifeste surtout par un désir de revanche coté allemand, ayant fini par constituer son quatrième Reich et prendre le leadership de l’Europe sans tirer un coup de feu. Mais asseoir sa domination sur la Russie de Poutine n’est pas gagné d’avance. Nous dirions même qu’elle est improbable.
La russophobie britannique
Elle est héritée de la période du grand jeu. C’est-à-dire l’époque où les empires britannique et russe se faisaient concurrence pour la conquête de l’Asie centrale. À la différence des autres russophobies, elle est assez pragmatique et basée uniquement sur le désir d’empêcher tout concurrent de gêner la puissance et de domination du monde anglo-saxon. Et un des concurrents potentiels est la Russie, héritière de l’empire russe et de l’Union soviétique.
Soit dit en passant, la Grande Bretagne est assez frustrée d’avoir été reléguée au rand de statut de puissance de seconde zone. Elle essaie de tirer son épingle du jeu en instrumentant les USA. Derrière pas mal de conflits pour lesquels la culpabilité des États Unis est avérée, l’ombre de la Couronne anglaise n’est jamais loin.
La russophobie américaine
La Russophobie américaine provient des descendants de russes blancs et de trotskystes qui ont apporté leur haine de la Russie dans leurs bagages. Il y a également les dissidents de l’Union soviétique qui ont constitué la base de connaissance de la Russie pour des élites complètement ignorantes, une connaissance évidemment basée sur la haine de la Russie. Enfin les immigrés polonais et baltes en ont rajouté une couche. Robert Kagan (époux de Victoria Nuland), Zbigniew Brzeziński, Georges Soros en sont quelques exemples.
Progressivement, cette russophobie s’est étendue à toutes les élites américaines, surtout dans un contexte de concurrence pour la suprématie mondiale lors de la Guerre froide. Pour ne rien arranger, les théories géopolitiques par lesquelles ces élites ont été bercées (théorie du heartland de Mackinder ou théorie du Rimland de Spykeman) et durant leur formation faisaient de la Russie un adversaire naturel des États Unis.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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