La Haute Cour britannique a rejeté le verdict de première instance contre Julian Assange. L’extradition d’Assange vers les Etats-Unis sera bel et bien possible. La passivité complice, le silence et la désinformation de l’opinion publique entretenus par les grands médias ont rendu ce verdict possible. Mais son combat n’est pas encore terminé. Êtes-vous encore prêts à vous battre pour la survie du journalisme d’investigation et à demander sa libération ?
Chers journalistes,
Les dés sont jetés. Julian Assange peut être extradé vers les États-Unis. Son cas retourne maintenant devant le premier tribunal qui sans le moindre doute confirmera ce verdict. Ce qui l’attend aux Etats-Unis c’est une peine de prison à vie dans des conditions épouvantables.
Seule la pression de l’opinion publique peut encore le sauver. Mais l’opinion publique ne peut agir que si vous l’informez de la véritable nature de son procès et de ce que son cas signifie pour la liberté du journalisme d’investigation.
La justice britannique a reconnu le principe selon lequel les États-Unis sont le seul pays au monde à pouvoir faire emprisonner un citoyen non américain dans un autre pays, sur la base du droit américain, pour des actes qui n’ont pas été commis sur le sol américain.
Tout journaliste qui envisagerait désormais de dénoncer les crimes commis par les États-Unis et leurs alliés est prévenu. Une menace déjà en partie concrétisée par presque 11 années de privation de liberté de Julian Assange.
Il va de soi que les tribunaux britanniques savaient que ces jugements, après des années de procédure, seraient un jour annulés. En attendant, leur véritable objectif aura été atteint. Assange croupira ensuite pendant des années dans une prison de haute sécurité aux États-Unis qui ne le relâcheront jamais, même si les plus hautes juridictions de Strasbourg condamnent son emprisonnement.
Vous avez contribué à ce dénouement en reproduisant depuis le début les mensonges sur l’affaire en Suède sans vérifier par vous-mêmes le bien-fondé des allégations. Nous n’énumèrerons pas ici tous ces mensonges. Certains d’entre vous se sont même moqués de lui quand il disait craindre une extradition vers les Etats-Unis.
Mais il n’est pas encore trop tard. Vous pouvez encore faire beaucoup de choses. La première chose à faire est d’aller enfin au fond de son affaire, de 2010 à aujourd’hui, et de tirer vos propres conclusions au lieu de copier-coller les déclarations des gouvernements américain, britannique, suédois et australien.
Ce que vous pouvez faire ensuite est d’informer le public des raisons pour lesquelles cette affaire représente un immense danger pour la liberté journalistique partout dans le monde. Le journalisme d’investigation – en fait le seul vrai journalisme – et la libre diffusion de l’information sont en danger de mort.
La procédure judiciaire britannique pourrait s’éterniser encore pendant des années. Cela vous laisse le temps de vous informer et de publier des informations sur Julian Assange. Refuser de le faire, c’est accepter de facto la fin de la liberté journalistique.
Il se peut que vous soyez d’accord avec cet état de choses. C’est votre liberté. Mais dans ce cas ne vous prétendez plus journalistes mais plutôt copywriters (transcripteurs)
Il se peut que vous soyez d’accord avec cet appel. Ne vous dégonflez pas. Des milliers d’autres journalistes ont déjà franchi le pas et sont solidaires de leur collègue.
C’est maintenant qu’il faut décider ce qu’il faut faire.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir