Le dilemme de la politique étrangère des USA

Le dilemme de la politique étrangère des USA

par Paul Craig ROBERTS.

La politique étrangère américaine, enveloppée dans l’hubris de l’exceptionnalisme américain, est incapable de reconnaître une situation dangereuse.

Et une situation dangereuse, c’est ce que nous avons.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Ryabkov, s’exprimant au nom du Kremlin, a clairement indiqué que la Russie ne tolérera aucun mouvement supplémentaire de l’OTAN vers ses frontières. La Russie a exclu toute possibilité que les anciennes provinces russes d’Ukraine et de Géorgie deviennent membres de l’OTAN. Si cette ligne rouge est ignorée, les conséquences, a déclaré M. Ryabkov, « seront terribles ». La Russie répondra militairement, et l’Occident, a-t-il ajouté, constatera qu’il a porté atteinte à sa propre sécurité, et non à celle de la Russie.

En d’autres termes, pour le Kremlin, l’intégration de l’Ukraine et/ou de la Géorgie dans l’OTAN constitue une menace inacceptable pour la sécurité nationale russe. Un point c’est tout. Ce n’est pas négociable.

Dans un monde rationnel, une telle déclaration sans équivoque d’une puissance militaire prééminente dotée de missiles nucléaires hypersoniques serait prise au sérieux. Mais le monde occidental n’est plus rationnel. C’est un monde ivre d’arrogance. Le secrétaire de l’OTAN a répondu à ce qui est, en fait, un ultimatum de la part d’une puissance nucléaire, en rejetant d’emblée la préoccupation de cette puissance en matière de sécurité : « L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN relève des États membres du bloc et de ses dirigeants, et Moscou n’a pas à intervenir dans cette décision. » Ce crétin de secrétaire général de l’OTAN s’est ensuite vanté, bêtement, que l’OTAN était si peu impressionnée par les objections russes que l’OTAN « entraîne déjà les troupes ukrainiennes, les conseille, mène des exercices conjoints et fournit des matériels et des technologies militaires. »

Ainsi, l’OTAN, si ivre d’une puissance militaire américaine très exagérée, a craché à la face du Kremlin.

Le porte-parole de la Maison Blanche, répondant au nom du président Biden et du Conseil national de sécurité, a déclaré que Washington « ne fera pas de compromis » sur l’expansion de l’OTAN, ajoutant que Washington n’acceptera pas l’idée d’arrêter l’expansion de l’OTAN, malgré ce que demande la Russie.

En d’autres termes – comprenez bien ceci et ses conséquences – la position de Washington est que la Russie n’a AUCUN intérêt légitime en matière de sécurité nationale, sauf celui défini par Washington.

Nous sommes ici face à une situation extrêmement dangereuse. Une puissance dit « vous nous foulez au pied et nous ne le tolérerons pas », et l’autre puissance répond : « vous n’avez pas voix au chapitre ».

Pendant la guerre froide du XXe siècle, nous, les « guerriers froids », avons entendu chaque mot, chaque intonation de ce que disaient les Soviétiques. Il était hors de question de risquer une guerre nucléaire parce qu’un imbécile avait de la cire dans les oreilles, ou se sentait macho ce jour-là. À cette époque, il existait des départements d’études russes dans les universités américaines qui ne dépendaient pas du financement du complexe militaro-sécuritaire. Il y avait un débat public. Il y avait toujours un expert indépendant, comme Stephen Cohen, pour rappeler à tous comment les Russes voyaient la situation.

Aujourd’hui, l’enseignement indépendant a disparu. Les programmes d’études russes dans les universités sont russophobes, comme leurs soutiens financiers. Comme il n’y a pas d’universitaires objectifs, il n’y a pas de personnes bien informées dans la communauté du renseignement américain. Nous pouvons le constater à l’occasion de la récente déclaration de Jake Sullivan, conseiller de Biden pour la sécurité nationale, qui rapporte que les agences de renseignement américaines pensent que Poutine « envisage sérieusement » une invasion de l’Ukraine.

C’est ce que Washington dit depuis 2014 lorsqu’il a renversé le gouvernement ukrainien ami de la Russie en espérant s’emparer dans la foulée de la base navale russe en Crimée. Il s’agit d’un message unique. Il n’y a pas de réflexion. Juste la répétition de la propagande. Nous avons donc un Conseil national de sécurité incapable d’autre chose que de répéter des slogans de propagande.

En fait, Washington est déjà en guerre contre la Russie.

Entre-temps, jeudi soir dernier, le 16 décembre, Washington et sa marionnette néo-nazie ukrainienne ont décidé de confirmer les soupçons russes selon lesquels Washington et l’Ukraine représentent le nazisme revanchard. Seuls deux pays ont voté contre la résolution de l’ONU condamnant le nazisme. Oui, ce sont les États-Unis et l’Ukraine. La stupidité totale du vote américain est extraordinaire. Que Washington soutienne le nazisme est la dernière chose que le Kremlin avait besoin d’entendre.

Ma génération a été la dernière génération occidentale à être éduquée au lieu d’être endoctrinée, et même nous, avons été nourris de mensonges sur la première et la deuxième Guerre mondiale. Les générations suivantes ignorent en grande partie que, dans l’Ukraine occidentale occupée par les Allemands, de grandes armées ont été organisées et incorporées dans la marche de l’armée allemande vers la Russie. Ce sont des vestiges de ces « Banderas » (de Stepan Bandera) que Washington a utilisés pour renverser le gouvernement ukrainien et installer un État fantoche américain sur l’ancien territoire russe pendant que le Kremlin, ignorant son arrière-cour, profitait des Jeux olympiques de Sotchi.

Les erreurs que les gens commettent ont plus à voir avec l’histoire du monde que n’importe quelle bonne décision. Je regarde Washington, que je connais si bien pour y avoir participé à haut niveau pendant un quart de siècle, commettre l’erreur de sa vie. Le régime de Washington est tellement plein d’arrogance qu’il est incapable de comprendre que la Russie a épuisé sa patience.

Les Russes voient un vrai problème. Tout ce que Washington voit, c’est une opportunité de propagande. C’est une situation qui mène directement à une erreur de calcul de la part de Washington. L’erreur de calcul sera fatale.

En Amérique, la russophobie se déchaîne. Le ministère de la Propagande répète quotidiennement que la Russie est sur le point d’envahir l’Ukraine. Le peuple américain, longtemps entraîné à considérer la Russie comme l’ennemi, a entendu cette allégation tellement de fois qu’elle est devenue un fait. Le régime arrogant de Biden a repoussé les préoccupations de la Russie en matière de sécurité, et les républicains ne font pas mieux. Une belligérance aveugle à l’égard de la Russie s’installe alors que les sénateurs républicains ajoutent leurs voix à la propagande selon laquelle Poutine a l’intention d’envahir l’Ukraine et de « priver le peuple ukrainien de sa souveraineté »( Washington l’a déjà fait lorsqu’il a renversé le gouvernement ukrainien élu en 2014 et établi un État fantoche à Kiev). Les républicains veulent déverser 450 millions de dollars supplémentaires en armes sur « les courageuses forces armées ukrainiennes. » Et pour faire bonne mesure, les Républicains veulent que la Russie soit désignée comme « État terroriste ».

La crise ukrainienne est, en partie, un programme de commercialisation d’armements, car les républicains qui soutiennent le projet de loi sont très proches du complexe militaire/sécuritaire. Mais tout le monde néglige son effet sur le Kremlin dont la confiance en Washington a atteint le niveau zéro.

Est-ce en préparation de ce que le Kremlin considère comme une épreuve de force à venir, face à l’indifférence de Washington à l’égard de ses préoccupations en matière de sécurité, le Kremlin a ordonné à deux forces de missiles nucléaires stratégiques de se mettre en état de combat. En outre, la Russie a fermé la route maritime du Nord et déployé des régiments d’ingénierie radio et des dômes électroniques pour brouiller les radars américains au-dessus de l’horizon. Si les provocations navales américaines se poursuivent en mer Noire, la Russie pourrait également fermer la mer Noire.

Pendant ce temps, les bataillons ukrainiens néo-nazis armés par Washington aggravent la situation avec les Russes du Donbass. Washington se prépare à un recul embarrassant, ou à une confrontation majeure pour laquelle les Etats-Unis ont peu de cartes en main.

Paul Craig ROBERTS

Traduction AFR – Source (en anglais)

source:http://associationfrancorusse.fr/
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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