par Chris Marsden.
Les mesures « Plan B » du Premier ministre Boris Johnson pour lutter contre la vague croissante d’infections dues au variant Omicron ont été adoptées hier ; mais cela fut malgré une rébellion massive des députés de la droite dure conservatrice.
Près de 100 députés conservateurs se sont opposés à l’introduction d’une preuve de vaccination ou d’un test négatif pour entrer dans certaines grandes salles. La mesure a été adoptée par 369 voix contre 126, 96 députés conservateurs votant contre.
Les députés ont également voté en faveur de la vaccination obligatoire pour les travailleurs du Service national de Santé (NHS) à partir d’avril prochain, avec 100 voix contre ; tandis que 38 députés conservateurs votaient contre le gouvernement sur l’obligation de porter un masque facial dans les magasins et les transports publics.
Sir Geoffrey Clifton-Brown, trésorier du Comité des députés conservateurs dits « du rang », a averti qu’une remise en cause de Johnson comme leader conservateur était « envisageable » s’il ne « changeait pas d’approche » — ce qui indique que même les mesures anti-COVID les plus minimes ne seront pas tolérées par les vautours conservateurs prêts à dévorer son cadavre politique.
Les jours de Johnson en tant que chef de parti semblent comptés ; cela rappelle le déclin d’autorité dont a souffert celle qui l’a précédé, Theresa May, lorsque l’aile pro-Brexit s’est opposée à elle. C’est maintenant le tour de Johnson, car ses anciens soutiens ont conclu qu’il n’avait pas la fermeté requise pour faire face à l’opposition populaire, alors que l’élite dirigeante approfondit sa politique d’austérité et insiste pour dire qu’il est maintenant temps de « vivre avec le virus », quel qu’en soit le coût en morts et en souffrances.
Le débat grotesque de mardi était un avertissement de ce qui se prépare.
Le ministre de la Santé, Sajid Javid, a plaidé en faveur des mesures du plan B du gouvernement en admettant, de manière glaçante, que le virus Omicron était plus transmissible que le virus Delta, les cas doublant tous les deux jours. Les scientifiques estiment que 200 000 personnes sont infectées chaque jour par le nouveau variant, et que le NHS risque d’être débordé, même si Omicron s’avérait être moitié moins grave que Delta.
Javid minimisait encore ce dont le gouvernement avait été informé, Johnson ayant déclaré à son cabinet le matin même qu’un « énorme pic » de cas d’Omicron était à venir. Ce qui fut confirmé par les 59 610 cas de COVID enregistrés mardi, le total quotidien le plus élevé depuis le 9 janvier, et une hausse de 12,1 pour cent par rapport à la semaine précédente.
C’est la Dr Susan Hopkins, la plus haute conseillère sanitaire du gouvernement, qui a déclaré aux députés que les cas d’Omicron avaient probablement atteints 200 000 par jour. Elle a également prévenu que le nombre d’infections quotidiennes pourrait atteindre 1 million d’ici la fin décembre.
Chris Hopson, directeur général de NHS Providers, a déclaré au groupe parlementaire multipartite sur le coronavirus : « Toutes les preuves que nous avons devant nous suggèrent qu’il y aura un impact considérable [d’Omicron] en termes de degré d’hospitalisation… à partir, je pense, de la semaine prochaine ou de deux semaines. C’est inquiétant, car le NHS est déjà à bout de souffle avant même l’arrivée de l’hiver ».
Le professeur Stephen Reicher a prévenu qu’il n’y avait en fait que deux façons de ralentir les infections : demander aux gens de ne pas se fréquenter ou imposer un confinement.
Quant à la gravité d’Omicron, d’autres scientifiques et responsables ont déclaré que la meilleure estimation actuelle est qu’Omicron n’est que 29 pour cent moins grave que les variants précédents, avec un taux de réinfection trois à huit fois plus élevé que Delta.
Le Dr Paul Burton, médecin en chef de Moderna, a déclaré à la Commission Sciences et Technologie du parlement : « Je ne pense pas qu’Omicron soit une version plus douce ou moins sévère du virus actuel ». De plus, « l’idée qu’il va pousser Delta dehors et prendre le dessus peut bien se produire à l’avenir, mais je pense que dans les mois à venir, ces deux virus vont coexister. Omicron, qui, selon moi, est en fait une maladie grave, va maintenant infecter les gens dans un contexte de très, très forte pression de la part de Delta. Cela conduira également à une situation où les individus seront co-infectés… ce qui donnera l’occasion à ce virus d’évoluer et de muter davantage, ce qui est une situation préoccupante et inquiétante ».
En Afrique du Sud, environ 15 pour cent des personnes hospitalisées, l’étaient dans une unité de soins intensifs, soit à peu près le même pourcentage que lors de la montée de Delta en août, a-t-il précisé.
Javid a plaidé en faveur de mesures largement inefficaces, tout en disant à ses adversaires à quel point elles étaient limitées et temporaires. Le gouvernement n’a pas introduit de « passeports vaccinaux » et toute personne qui s’oppose à la vaccination doit simplement prouver qu’elle a eu un test de flux latéral négatif, bien que ces tests soient notoirement imprécis. « Je ne soutiendrai pas l’option du vaccin seul », a-t-il promis. La vaccination obligatoire du personnel de première ligne du NHS ne sera pas étendue à d’autres professions. Il a également annoncé la fin de la liste rouge des voyageurs, qui impose une quarantaine dans les hôtels pour les ressortissants de 11 pays.
Cela n’a pas empêché la droite dure conservatrice de se poser en champions de la liberté pour dénoncer toutes les restrictions anti-COVID comme un affront à la liberté individuelle et au marché.
Steve Brine s’est plaint que nombre de ses électeurs s’étaient opposés à la « nature effrayante » de l’émission télévisée de Johnson dimanche soir, où il avait averti qu’« un raz-de-marée d’Omicron arrivait », alors que ce qu’il fallait, c’était un plan pour vivre avec la COVID. Andrew Bridgen a déclaré que l’épidémie la plus dangereuse à laquelle le monde fait face aujourd’hui est l’épidémie de la peur. Andrea Leadsom a insisté pour dire que « COVID restera avec nous pour de nombreuses années à venir ».
La majorité du Parti travailliste est allée plus loin que jamais dans sa politique de « critique constructive », le secrétaire à la Santé dans l’opposition, Wes Streeting, soutenant sans réserve les mesures minimales du Parti conservateur. Il a souligné que le soutien du Labour aux laissez-passer COVID dans certains lieux de convivialité était dû au fait qu’il soutenait les entreprises, tout en défendant Johnson pour ne pas avoir rendu le système plus rigoureux.
La « gauche » du parti travailliste, menée par l’ancien chef du parti, Jeremy Corbyn, qui siégeait en tant qu’indépendant, a fait encore pire. Corbyn a été à la tête de huit députés travaillistes à soutenir l’opposition de la droite dure conservatrice, avec la seule députée verte, Caroline Lucas, en proclamant que la vaccination obligatoire au NHS et la nécessité de prouver le statut vaccinal étaient une attaque contre les libertés civiles, plutôt qu’une mesure sanitaire élémentaire pendant une pandémie déchaînée.
Il a écrit de manière typique sur Twitter que les deux mesures « créeraient des divisions alors que nous avons besoin de coopération et d’unité ». De telles mesures étaient « totalement erronées », a-t-il déclaré au Parlement, sans tenir compte des conclusions des professionnels de la santé et du risque grave que fait courir une pandémie en pleine expansion au personnel du NHS dont il prétend se soucier.
Le caractère surréaliste du débat fut encore accentué par le fait qu’une série de députés n’a pas pu voter parce qu’ils étaient en quarantaine. Ce sont entre autres la ministre de l’Économie de l’opposition, Rachel Reeves, la secrétaire à l’Éducation d’opposition Bridget Phillipson, le secrétaire à l’Environnement d’opposition Jim McMahon et la ministre d’opposition pour la Violence domestique Jess Phillips. Le leader libéral-démocrate Ed Davey est également en quarantaine.
Les mesures de Johnson ne feront rien ou presque rien pour empêcher le désastre médical et social en train de se dérouler. Et les députés travaillistes, qu’ils soient de droite ou nominalement de « gauche », ont une fois de plus prouvé qu’ils n’offraient aucune alternative.
Corbyn et ses semblables, ainsi que les syndicats, tendent la main aux anti-vaccins comme excuse pour ne pas mener une lutte de principe contre tout le programme mercenaire pro-grande entreprise défendu par Johnson et Starmer. Il parle de convaincre plutôt que de contraindre. En réalité, il ne dit et ne fait rien, alors même que les syndicats permettent que leurs membres soient forcés à travailler dans des lieux de travail dangereux et à envoyer leurs enfants dans des écoles qui sont des bouillons de culture pour COVID.
Le Parti de l’égalité socialiste exhorte les travailleurs à intervenir de manière indépendante pour protéger leur santé, leur sécurité et leur vie. Nous préconisons la formation de comités de base sur chaque lieu de travail et dans chaque quartier pour organiser la riposte contre les politiques d’« immunité collective » du gouvernement Johnson.
Ces comités doivent prendre en charge la lutte contre les grandes entreprises et leurs partis pour une stratégie visant à éliminer la menace de la COVID une fois pour toutes. Tous les moyens nécessaires doivent être déployés, y compris un système de test, de dépistage et d’isolement guidé scientifiquement, soutenu par des indemnités de maladie complètes pour tous les travailleurs malades et en quarantaine. Il faut fermer les lieux de travail dangereux ; installer des systèmes de filtration de l’air dans tous les bâtiments publics ; fermer les lieux de travail non essentiels et toutes les écoles jusqu’à on arrive à supprimer la pandémie. Ces protections sociales nécessaires doivent être intégralement payées par la grande entreprise et par les super-riches.
source : https://www.wsws.org
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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