par Karine Bechet-Golovko.
Ce 13 décembre 2021, le Gouverneur de la région de Transbaïkalie, lors de la réunion régionale covidienne, n’a rien trouvé de mieux pour accélérer la vaccination obligatoire contre le Covid, que de proposer de recourir aux méthodes de contrainte, allant jusqu’à cerner les quartiers habités et procéder à la vaccination des gens par liste. C’est quand même beaucoup plus « efficace » ainsi … surtout au son des bottes. Malgré le bruit médiatique provoqué par cette déclaration, aucune conséquence politique n’est visible. Les risques de déstabilisation de la société augmentent dangereusement avec la radicalisation du cours globaliste de la politique intérieure russe.
Alexandre Ossipov, le gouverneur de la région de Transbaïkalie, est manifestement un adepte de la secte managériale : l’efficacité avant tout, surtout avant l’homme. Lors de la réunion covidienne, en présence du représentant régionale du pouvoir fédéral (qui n’a pas bronché), le gouverneur a fait une proposition qui ne manque pas de progressisme. Je cite sa réaction au rapport notant un ralentissement dans la région du rythme de la vaccination obligatoire, qui n’est pas juridiquement obligatoire, mais à laquelle personne ne doit échapper :
« Je vous demande de porter attention à mon décret, de réfléchir à tous les moyens qui permettront de garantir un bon rythme de vaccination. Si vous voulez, avec Rospotrebnadzor l’on peut encercler les quartiers et vaccinez-les tous par listes. Réfléchissez aux méthodes de les convaincre et de les contraindre, pour que nous puissions garantir la santé de la population. Faites ce que vous voulez, en accord avec le centre fédéral. (…) Il faut prendre les mesures les plus radicales, même faire du porte-à-porte ».
Que se passe-t-il dans la tête de ces dirigeants ? Ils semblent avoir totalement oublié que l’on ne gouverne pas contre la population, que l’on n’impose pas une seringue contre la volonté « pour le bien », surtout lorsque le taux de mortalité de la population augmente proportionnellement au rythme de vaccination des pays contre le coronavirus.
Et personne n’a réagi à ces propos, il faut être efficace, mécaniquement, inhumainement. L’efficacité réduite à l’autojustification. L’efficacité managériale, qui ne prend en considération ni les causes, ni les conséquences des phénomènes. L’inculture politique en plus, de ces gouverneurs, dont la légitimité réelle ne vient pas de l’élection populaire, mais de l’obligeance envers le Kremlin, et qui veulent donc se faire bien voir, devancer le bon vouloir du dirigeant, dont leur avenir régional dépend. Car comment gagner des élections aujourd’hui sans ressources administratives ? Il faudrait faire de la politique pour cela et ce n’est plus au goût du jour. De toute manière, cela demande une autre carrure et ces individus ne l’ont pas.
La seule chose dont ils aient peur, c’est du bruit médiatique. Pas parce que ça les dérange, pas parce que ça les ferait réfléchir, non, mais parce que le Centre n’aime pas le mauvais bruit, cela floute l’image d’Épinal. La publication de cette proposition dans le journal libéral Kommersant a provoqué une certaine inquiétude et la réponse dudit gouverneur, sur Instagram en véritable leader progressiste, laisse songeur. Choupinet s’est fait attaqué par des « bots », il se doit de répondre. À des bots ??? Les pseudo-bots sont de plus en plus utiles pour nier ces derniers temps en Russie la réaction populaire de rejet face à la dérive de la politique intérieure, mécontentement devenant inquiétant pour l’ordre public, mais dont les causes ne sont toujours pas remises en question. Voici donc l’explication de Ossipov, qui a été mal compris à l’insu de son plein gré :
« Je n’ai pas demandé de contraindre à la vaccination, ni d’encercler les quartiers »
Je m’arrête ici pour répéter la phrase prononcée lors de la réunion :
« Si vous voulez, avec Rospotrebnadzor l’on peut encercler les quartiers et vaccinez-les tous par listes. Réfléchissez aux méthodes (…) de les contraindre, pour que nous puissions garantir la santé de la population ».
En fait, le gouverneur a été parfaitement compris, mais comme il est allé trop loin, car il ne sait pas qu’en politique il ne faut pas dire publiquement tout ce que l’on pense, il fait marche arrière toute, tout en rappelant quand même l’importance de prendre des mesures extraordinaires :
« J’ai demandé de donner la possibilité à chacun de pouvoir se faire vacciner, même à la maison ».
Le fanatisme covidiste, qui gangrène le pays, est le résultat du retrait de la position présidentielle. Jusqu’à la crise covidienne et dans ses débuts encore, le président jouait un rôle d’arbitre et préservait un certain équilibre entre les forces étatistes et globalistes, même s’il donnait un poids politique aux forces globalistes supérieur à celui qu’elles pouvaient revendiquer dans la société. Aujourd’hui, cet équilibre est rompu et la stabilité sociale est réellement en danger, car cette distance entre le pouvoir décisionnel des élites globalistes russes et leur légitimité politique est trop grande pour justifier la politique menée.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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