par Pierre Duval.
Le marché européen de l’énergie est très tendu. En plein hiver, l’Allemagne ferme des centrales nucléaires et des centrales thermiques. Les prix grimpent. Au milieu d’un prix record de l’électricité en Europe, l’Allemagne ne changera pas ses plans et fermera trois réacteurs nucléaires et 11 centrales électriques au charbon en décembre. Le pays perdra 6,4 GW de capacité de production.
Fermeture des centrales de charbon et erreur de l’éolien
« 15 000 MW de capacité de centrale électrique seront fermés d’ici 2023, selon le plan », a indiqué en septembre 2021 le média Ingénieur.de, précisant que « cela pourrait être plus » et se posant la question si « cela mettra en péril la sécurité d’approvisionnement, d’autant plus que l’expansion de l’éolien est faible ». La question est, en effet, de savoir si le réseau va rester stable car d’une part l’expansion de l’énergie éolienne est au point mort, les installations de stockage qui absorbent les pannes d’électricité liées aux conditions météorologiques ne sont guère prévues et la sortie de la production de la houille va plus vite que prévu.
Observateur Continental apprend qu’à la fin de l’année prochaine, il se pourrait qu’il y ait moins de centrales à charbon et de petites centrales au lignite sur le réseau que prévu conformément à la loi sur la fin de la production d’électricité au charbon (KVBG). L’une des raisons les plus importantes de cette évolution est moins liée à la protection de l’environnement qu’à l’économie. En raison de la hausse des prix des échanges de droits d’émission dans l’Union européenne, les centrales électriques à charbon deviennent de moins en moins attrayantes. « La sortie du charbon progresse régulièrement », a déclaré le président de l’Agence fédérale des Réseaux, Jochen Homann, cité par Ingenieur.de.
Augmentation des prix
Les prix de l’électricité en Europe continuent de se maintenir à un niveau record. Selon NordPool, les fournitures d’électricité en gros sur la bourse de l’Allemagne se négocient, par exemple, le 16 décembre 2021, à 344€ par Mwh, 353,09€ par Mwh pour la France. « Les tarifs journaliers de l’électricité sont supérieurs à 300€/Mwh en France, Suisse, Autriche, Italie, Slovénie, Croatie, Serbie et Hongrie », avertit le chroniqueur de Bloomberg, Javier Blas, sur Twitter : « Je me demande, lorsque les responsables de l’UE ont déclaré en septembre-octobre qu’il n’y avait aucune raison de paniquer, si ils avaient cela en tête ». Javier Blas indique aussi que l’électricité française en janvier 2022 est indiquée à 550€ par Mwh (y compris les week-ends) après avoir déclaré ce 16 décembre 2021 : « L’électricité de France (EdF) est l’homme malade du marché européen de l’électricité ».
La veille, l’expert a publié sur Twitter une carte de l’Europe intitulée « Crise énergétique européenne : une carte vaut mille mots (et au cas où quelques mots seraient nécessaires : ce prix de l’électricité pour la journée suivante est un record pour l’Allemagne et une grande partie du reste de l’Europe) ». La carte publiée montre les pays européens colorés en noir touchés, donc, par la très forte montée des prix. Tous les pays de la zone UE sont concernés. Pour ce qui concerne le Royaume-Uni, Javier Blas signale le 15 décembre 2021 : « De plus, les prix de l’électricité au Royaume-Uni ont grimpé à 411£ par Mwh, le 2ème niveau le plus élevé jamais atteint » ; « La marée de la crise de l’électricité continue de monter, et elle continuera à monter en hiver (en utilisant le calendrier météorologique, nous n’en sommes qu’à 15 jours d’hiver, avec encore 75 jours à faire) ».
Les écolos veulent garder le cap
Pour l’Allemagne, la hausse des prix s’inscrit dans le cadre du projet des autorités allemandes de démanteler trois réacteurs nucléaires et 11 centrales thermiques au charbon en décembre, cela malgré la crise énergétique historique. Une telle persistance suscite l’enthousiasme chez les Verts (Grünen), mais l’appréhension chez les analystes.
L’analyste énergétique, Thierry Bros, écrit sur Twitter commentant la carte de l’UE publiée par Javier Blas : « Ils n’avaient aucune idée à l’époque… Et toujours aucune idée aujourd’hui des risques de pannes auxquels nous sommes tous confrontés. Ne pas parvenir à une réduction impossible de la demande se transforme en une destruction de la demande ». La nouvelle coalition en Allemagne dirigée par le SPD et surtout les Grünen avec le FDP a établi de nouveaux plans pour éliminer progressivement le pays de la production de charbon jusqu’en 2030. Les Grünen ne veulent pas voir la réalité.
L’éolien, c’est du vent et cela ne chauffe pas
Le démantèlement des capacités nucléaires et charbonnières en Allemagne en décembre conduira au fait qu’en plein hiver, la capacité de production de l’Allemagne diminuera de 6,4 GW. La capacité éolienne couvre théoriquement la perte d’une partie de la production nucléaire et charbonnière. Or, comme cette année le montre, c’est l’utilisation des énergies fossiles qui permet au pays de maintenir son bilan énergétique.
L’Institut Fraunhofer pour les systèmes d’énergie solaire ISE a présenté en juillet 2021 des données sur la production publique nette d’électricité pour le premier semestre 2021, qui peuvent être consultées sur la plate-forme de données Energy Charts. « Avec une part de 47,9% de la production nette d’électricité pour l’alimentation publique – y compris le mix électrique provenant de la prise – la production à partir d’énergies renouvelables était nettement inférieure à l’année précédente (55,8%). Les systèmes d’énergie solaire et éolienne ont alimenté ensemble 87,3 térawattheures (TWh) dans le réseau public, contre 102,9 TWh au premier semestre 2020. Cela est principalement dû à la forte baisse de 20,5% de l’énergie éolienne ». En revanche, comme l’Institut Fraunhofer le souligne, « la production d’électricité à partir du lignite (+37,6%), de la houille (+38,9%), du gaz (+18,6%), de l’hydroélectricité (+15,9%) et de l’énergie nucléaire (+7,1%) a augmenté ».
Les décisions menées et prises par les Grünen et la politique vantant l’emploi des énergies alternatives amènent les pays de l’UE dans une crise historique énergétique où les habitants ne pourront plus se chauffer correctement cet hiver.
Dans les relations franco-allemandes, de graves contradictions énergétiques sont, en effet, apparues récemment sur la question de savoir si l’énergie nucléaire devrait être reconnue comme neutre pour le climat. Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, a souligné l’importance que revêt pour la France l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte au niveau européen : « La France se battra pour que le nucléaire soit considéré comme une énergie décarbonée en Europe ». Berlin, bien sûr, s’y oppose sans équivoque, surtout maintenant que les Grünen sont arrivés au pouvoir. En outre, le nouveau gouvernement allemand en appelle à la transition vers les énergies renouvelables qui reste son objectif le plus important et le plus urgent au même titre que la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Le sujet a été abordé lors des pourparlers entre Olaf Scholz, SPD, et Annalena Baerbock, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Grünen, à Paris, mais aucune solution n’a été trouvée. Ce différend énergétique va, également, probablement s’éterniser. Est-ce que le réajustement politique concernant l’énergie va se faire en se confrontant à la réalité ?
source : http://www.observateurcontinental.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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