Contrairement à la rumeur qui circule sur les réseaux, le scientifique connu pour son positionnement antivax, s’il est bien décédé, n’a pas été victime d’une agression.
par Jacques Pezet publié le 6 décembre 2021 à 15h30
Question posée le 1er décembre 2021
Bonjour,
Vous nous avez demandé de vérifier une information selon laquelle «le docteur Andreas Noack, chimiste autrichien (sic), est mort quelques heures après avoir dénoncé les risques de l’hydroxyde de graphène».
L’Allemand Andreas Noack, né en 1964, diplômé de l’université technique de Darmstadt, s’est d’abord fait connaître grâce à ses conférences sur l’alimentation diffusées sur YouTube et la vente de séminaires dédiés à la nutrition. Sur son site, il se présentait comme un «chimiste, ingénieur, inventeur, penseur, non-conformiste», qui prétendait être «le nutritionniste le plus populaire sur Internet ; avec plus de 10 millions de minutes sur YouTube (sic), il obtient un taux d’approbation de plus de 95%, ce qu’aucun autre “gourou de la nutrition” germanophone n’atteint». Avec la crise du Covid, il a connu un regain de popularité dans les milieux complotistes et antivax, grâce à des vidéos dans lesquelles il avance que les fabricants ajoutent secrètement de l’hydroxyde de graphène à leurs vaccins, composé ayant l’effet d’«un rasoir moléculaire» qui nuirait à l’organisme – la présence d’hydroxyde de graphène, fake news répandue, a toujours été démentie par les producteurs de vaccins.
Andreas Noack avait fait les titres de presse en novembre 2020, lorsque des policiers avaient pris d’assaut son domicile alors qu’il était en plein live. La police avait ensuite expliqué que cette intervention n’était pas dirigée contre le chimiste.
La mort d’Andreas Noack a été signalée à plusieurs reprises dans le canal Telegram Arche Noack, qu’il avait l’habitude d’alimenter. La première fois, dans une vidéo de quatre minutes publiée le 27 novembre, une personne se présentant comme sa femme, enceinte de son enfant annonce la mort de l’Allemand. Elle raconte que le 23 novembre, après que son époux a publié une vidéo sur le graphène «qui a eu l’effet d’une bombe», il a répondu à une interview de deux heures. Il aurait, ensuite, discuté avec elle.
La femme déclare : «Peu après, Andreas a été violemment attaqué. L’attaque était extrêmement brutale et inattendue. Et j’ai le terrible devoir de vous annoncer qu’Andreas n’a malheureusement pas survécu. Cette nouvelle est extrêmement choquante pour nous tous.» Ces propos ont aussitôt été interprétés dans les sphères antivax comme le fait que le chimiste avait été agressé physiquement. Certains sites écrivent même qu’Andreas Noack «a été assassiné quelques heures après avoir dénoncé les risques de l’hydroxyde de graphène» et que sa femme affirmait qu’il «est tombé dans une embuscade inattendue et n’a pas survécu à cette agression».
Agression physique démentie
L’expression utilisée en allemand par la femme est assez équivoque. Face à la confusion, elle a «précisé» son propos dans une nouvelle vidéo de onze minutes, publiée le 29 novembre sur le canal Telegram, démentant toute agression physique. Dans cette longue vidéo, elle reprend en pleurs la chronologie des derniers jours du chimiste.
Elle raconte qu’Andreas Noack a fait une première crise dans leur cuisine le 23 novembre, au cours de laquelle il a vomi et «ne pouvait pas parler, il était comme paralysé». Andreas Noack a ensuite repris ses esprits et s’est reposé. «Il a dit qu’il allait mieux et qu’il ne voulait pas que quiconque soit au courant». Après une coupe dans la vidéo, la femme reprend et raconte que «dans la nuit du 25 au 26 novembre», il a eu de la fièvre et n’arrivait plus à respirer ou à parler. Elle a appelé les urgences, fait du bouche-à-bouche et des massages cardiaques à son mari pour l’aider. Une fois les secours arrivés, il a été transporté à l’hôpital de Wolfsberg, en Autriche, où il est finalement décédé «d’un arrêt cardiaque», selon le constat des médecins. La mort du chimiste a été confirmée par un avis de décès sur le site des pompes funèbres de Wolfsberg.
Source : Libération
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