Des États et des armées

Des États et des armées

Des États et des armées

Il y a des pays qui ont une armée mais il existe aussi des armées qui ont un Etat.

L’Égypte, l’Algérie font partie de cette deuxième catégorie. Les Égyptiens l’ont revécu douloureusement depuis 2011, ils avaient certes dégagé Moubarak mais la période d’un gouvernement non militaire issu des urnes fut d’une très brève durée. Ce régime résulte du renversement de la monarchie par un coup d’Etat militaire, celui des colonels patriotes. La situation de conflit permanent au Proche Orient installée par la création de l’artefact sioniste l’a légitimé. Il se pérennise en vertu de la domination de l’économie par quelques hauts gradés qui ont la mainmise sur les complexes touristiques et une bonne partie de l’activité industrielle.

Un gouvernement civil n’a pu voir le jour en Algérie, les élections de 1991 (les premières authentiques organisées après l’indépendance) aboutirent à une décennie noire. Au cours de celle-ci ont été dénombrés plus de 300 000 morts et disparus, de plus elle a donné lieu à une véritable hémorragie, l’émigration de l’essentiel des cadres algériens, ingénieurs, médecins, journalistes qui ont fui les assassinats commandités on ne savait jamais par quel camp. Ces pertes humaines sont considérablement plus importantes que celles qu’ont subies les Chiliens sous la dictature de Pinochet.

Le Pentagone dispose d’un budget considérable, officiellement 3,3% du budget fédéral. Sa comptabilité est impossible à clarifier et plusieurs enquêtes diligentées pour enquêter à ce sujet ont échoué. Elle autorise des dépenses exceptionnelles supplémentaires en cours d’année sans que soient vérifiable l’objet de la dépense. L’opacité rend plausible le décuplement des sommes de fonctionnement de cette monstrueuse machinerie. Ce sont les intérêts du complexe militaro-industriel qui dicte la politique étrangère étasunienne donc les agressions militaires et la consommation d’armes. 

La direction politique de l’entité sioniste est désormais partagée entre l’armée et des tenants d’un judaïsme orthodoxe fondamentaliste et suprématiste. Si à l’époque de la création de l’entité, on retrouvait au sommet de la hiérarchie politique et militaire, des ‘laïcs’ d’origine européenne, pionniers de la colonisation, les forces armées d’occupation sionistes se sont progressivement infiltrées par des fondamentalistes extrémistes. Les services de renseignement ont nommé une nouvelle autorité rabbinique qui peut être consultée en cas de besoin de conseils halakhiques. Il s’agit d’un rabbin connu pour ses positions les plus à droite du mouvement des colons. L’entité est alors caractérisable comme un objet colonial militaire et théocratique.

De plus, aux Usa comme dans l’entité sioniste, les haut gradés de l’armée sont employés à leur retraite dans des firmes de l’armement.

Un espace pas encore plongé dans le chaos

Alors que la plupart des pays appartenant à la sphère arabo-musulmane ont connu guerres et troubles politiques d’importance ces dernières années, le Maroc et l’Algérie avaient été relativement épargnés. 

Le Maroc a connu un mouvement social en février 2011 dans le sillage du printemps arabe qui fut éteint par la répression (une dizaine de morts parmi les manifestants) et par la promesse d’une réforme constitutionnelle sous la pression d’une forte contestation. En effet une nouvelle constitution a été adoptée en juillet, elle ne changeait rien à la répartition du pouvoir dont l’essentiel reste aux mains du makhzen.

En octobre 2016 naissait un mouvement de fronde sociale à Al Hoceima dans le Rif. Il avait essaimé dans plusieurs autres villes. Un coup d’arrêt lui fut porté par le régime fin mai 2017, près d’une quarantaine de personnes choisies parmi les leaders furent arrêtées. Au décours d’un procès inique, des peines de prison très lourdes furent prononcées à l’encontre des présumés meneurs. Actuellement, une réforme adoptée par l’Education nationale qui interdit aux plus de trente ans de prétendre à un poste dans la fonction publique a mis en ébullition la rue, les étudiants organisent de grandes manifestations dans toutes les villes universitaires.

L’Algérie n’a pas été concernée par la vague du printemps arabe, le peuple algérien se souvenait douloureusement de la décennie noire au cours de laquelle nul ne savait à qui attribuer les crimes perpétrés contre la population, le régime du FLN ou les terroristes islamistes. La candidature de Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel a déclenché des manifestations d’importance dès le mois de février 2019, ce fut le début du Hirak algérien. Des marches sont organisées chaque semaine, les Algériens ont inventé le vendredisme.  Le mouvement a récolté quelques succès, le premier d’entre eux fut la démission du Président fantôme en fauteuil roulant. La pandémie de la Covid 19 a marqué un coup d’arrêt aux marches et rassemblements hebdomadaires, interdits par le nouveau Président de la République, ancien premier ministre de Bouteflika.

Les motifs de mécontentement populaire dans les deux pays ne manquent pas. Inégalités, chômage à deux chiffres, absence de service public digne de ce nom et corruption gangrènent des sociétés dans lesquelles la jeunesse, majoritaire, n’a pas d’avenir professionnel. Les deux peuples ont beaucoup en commun, chacun subit l’oppression d’une classe dirigeante prédatrice, l’une vivant d’une rente pétrolière, l’autre privatisant pour son compte les biens communs. Les prédateurs sont parfaitement intégrés à l’économie mondiale qui implique une soumission aux pays impérialistes dominants.

Conflits territoriaux

Dès l’indépendance de l’Algérie, un conflit territorial hérité du tracé des frontières dans le Sud par la France, puissance occupante, durera de septembre 1963 jusqu’au cessez-le-feu provisoire obtenu par l’Organisation de l’Union Africaine le 5 novembre. Le cessez-le-feu définitif prononcé en février 1964 conserve Tindouf et Béchar, territoires ayant fait partie du Maroc avant la colonisation. Lors du référendum d’indépendance, les habitants de Tindouf indiquent ‘Oui pour l’indépendance mais nous sommes marocains’. Cette guerre des Sables a auguré une longue période de défiance de part et d’autre. Le prochain et unique accrochage entre les deux armées a eu lieu en 1976 au Sahara occidental.

A l’indépendance du Maroc en 1956, Les enclaves de Sebta et Melilla ainsi que le Sahara occidental n’étaient pas libérés de la colonisation espagnole. L’Armée de Libération nationale Sud avec l’aide de tribus sahraouies a combattu pour libérer la Sahara espagnol entre 1957 et 1958. Une intervention militaire franco-espagnole y a mis fin. Le Maroc a inscrit en 1963 le Sahara occidental dans la liste des territoires non autonomes de l’ONU.

Un petit nombre d’étudiants marocains affiliés à l’UNEM, d’origine sahraouie, se sont organisés dès 1969 pour exiger la fin de la colonisation espagnole. Ils ont sollicité l’aide du gouvernement marocain qui refuse de rencontrer une bande de ‘gauchistes’. Les partis politiques de gauche eux-mêmes en grande délicatesse avec le pouvoir ne leur seront d’aucune aide. Le Polisario est fondé le 10 mai 1973. D’abord épaulé, armé et financé par Mouammar Kadhafi, l’Algérie, très intéressée par un débouché sur l’Atlantique, évince la Libye comme partenaire exclusif. Ce n’est que depuis cette date que l’objectif du mouvement d’abord exclusivement centré sur la libération du territoire se mue en revendication autonomiste. Le 27 février 1976, la République sahraouie est auto-proclamée. Son Président Mohamed Abdelaziz, de son vrai nom Hmatou Ould Khelili Salem Rguibi est né à Marrakech qu’il a quitté pour accomplir à Rabat ses études universitaires. Il a un frère médecin à Casablanca et un autre avocat à Agadir.

Dans l’intervalle, une Marche verte avait été organisée le 6 novembre 1975, au terme de négociations entre le Maroc, Kissinger et le roi Juan Carlos. L’organisation d’une immense marche pacifique, 350 000 volontaires portant un Coran dans une main et un drapeau marocain dans l’autre fut l’occasion de créer un consensus national cautionné par les partis y compris d’opposition et de rompre avec les terribles années de contestation populaire assortie d’une répression digne des pires dictatures.

Dès lors s’est engagée une guerre larvée entre le Maroc et l’Algérie qui finance, arme, entraîne les combattants du Polisario. Cette guerre a pesé très lourd sur le budget marocain.

Un dialogue avait pourtant été instauré fin 1977 entre Boumediene et Hassan II qui aurait pu déboucher sur une solution pacifique, le décès soudain du chef d’Etat algérien en décembre 1978 a interrompu cette tentative de réconciliation.

Les liens historiques de cette partie du Maroc avec le reste de ce qui était appelé l’Empire Chérifien sont incontestables. En particulier, la dynastie des Almoravides (1040-1147) qui ont édifié Marrakech a été fondée par des tribus qui nomadisaient dans cette région. 

Lorsque la France a décidé de faire sauter le verrou saharien et mauritanien pour attaquer le Maroc par le Sud, l’armée coloniale s’est heurté à L’Emir de l’Adrar, Cheikh Ma Al Aïnine qui résidait à Smara. Ses liens de vassalité vis-à-vis de l’Empire chérifien étaient ténus, il ne versait pas de tribut. Il employait dans sa correspondance le sceau des sultans marocains. Jusqu’au dernier alaouite qui a validé le protectorat en 1912, ils envoyaient à l’Emir argent et armes pour assurer la défense du Sahara et de ses tribus.

La coopération est ancienne

Depuis cinquante ans, le Maroc paie très cher la faute commise par Hassan II à l’égard de la jeunesse sahraouie décidée à chasser l’occupant espagnol. A bout de ressources, il a escompté un règlement du conflit en sa faveur en accédant à la demande de Trump, la normalisation avec l’entité sioniste. Il a alors  commis une faute des plus graves.

Certes, il ne s ‘agit que de l’officialisation de relations poursuivies depuis le début du règne de Hassan II. La Guerre des Sables de 1963 a été l’occasion de l’ouverture d’une station permanente de renseignement israélienne dans une villa de la capitale. Tel Aviv a fourni des renseignements, des armes et formé des pilotes. Une unité de protection du Mossad est chargée de la sécurité du roi du Maroc qui craignait pour sa vie.

Le Sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu à Casablanca en 1965 était suivi en direct à Tel Aviv, le Mossad avait préalablement installé un dispositif d’écoute dans le lieu de la réunion.

Les renseignements collectés ont permis à l’armée d’occupation sioniste de mesurer l’impréparation des armées arabes et l’ont encouragée à déclencher la guerre des Six-Jours, aisément gagnée sur les armées égyptiennes, jordaniennes et syriennes.

La participation du Mossad à l’enlèvement de Mehdi Ben Barka le 29 octobre 1965 et à sa disparition à la demande du roi du Maroc ne fait plus aucun doute.

Les relations entre la monarchie alaouite et l’entité sioniste sont antérieures à ces évènements, elles datent de l’accord secret sordide de faire émigrer les juifs marocains vers Israël dès 1961 moyennant une compensation financière versée aux autorités marocaines.

L’entité avait besoin de peupler le désert du Néguev et d’un prolétariat pour faire tourner les usines. Les juifs marocains abandonnaient le plus souvent une condition confortable pour être traités comme des ‘Arabes’ selon un protocole préalablement défini par les autorités.

Cette main d’œuvre a été logée dans des tentes ou au mieux des baraques en bois sans confort. Les enfants n’avaient droit qu’à un enseignement professionnel puisque par définition les Marocains sont ‘arriérés’.

Cette discrimination multiforme à l’égard des juifs arabes a suscité en 1971 la création d’un mouvement contestataire des Blacks Panthers israéliens, nom faisant référence au parti des Blacks Panthers afro-américains. Beaucoup furent emprisonnés, certains ont quitté l’entité sioniste, un petit nombre a été récupéré par les autorités ashkénazes. L’un des fondateurs, Charlie Bitton a été député en 1977 et reconduit jusqu’en 1992.

Le Maroc se ruine pour s’armer

La normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste a été la transaction qui a permis que les Usa encore dirigés par Trump reconnaissent la marocanité du Sahara occidental. Le peuple marocain, très attaché à la cause de la Palestine au point qu’il la considère comme une cause nationale a désavoué ce « troc » indigne. Quelques mois plus tard, la signature d’accords avec l’entité représentée par son Ministre de la Défense reçu à Rabat entérine une coopération militaire avec la puissance occupante et a donné lieu à des contrats d’achats d’armements et de matériel de sécurité auprès de l’entité occupante. La liste des courses est fort longue, elle inclut le système de défense antiaérienne de longue portée Barak 8, des drones, des radars et le rafraichissement de sa vieille flotte d’avions de combat légers F-5. Le Maroc a dépensé 10 milliards de dollars pour son système de défense, drones turcs, hélicoptères Apache et 75 avions F-16 selon le rapport du Stockholm International Peace Research, ce qui est considérable pour un pays qui déclare n’avoir pas d’intentions belliqueuses. Il engage 4,5% de son PIB soit 10% de ses dépenses publiques pour des dépenses militaires. En réalité le programme de renforcement des capacités militaires du Maroc remonte au moins à 2017, il suffit de se référer au plan quinquennal 2017-2022. Cette mutation est pilotée par les deux parrains, les Usa et l’Arabie Saoudite. Le désintérêt relatif de l’ancienne puissance hégémonique anglo-saxonne pour le Moyen Orient accompagne son investissement dans la lutte contre la Chine dans le Pacifique certes mais aussi en Chinafrique. La base aérienne américaine d’Agades au Niger est opérationnelle depuis 2019, elle permet le contrôle par drone de tout le Sahel. Accroître les dispositifs de ‘défense’ du Maroc revient à une implantation confortable en Afrique du Nord. 

Elle est un moyen de contourner le refus de 52 sur 53 Etats africains d’accueillir le siège de l’Africom, refus motivé entre autres par un souci de préserver leur souveraineté et de ménager leurs opinions publiques. La plus récente doctrine du Pentagone désigne comme ennemi principal la Chine et la fédération de Russie, loin devant le risque terroriste. S’installer au Maroc pour les Usa, c’est renouer avec leur présence de 1943 à 1963 dans la base aéronavale de Kénitra.

Confrontations en Afrique

Blinken a fait une tournée en Afrique en novembre. Il s’est arrêté au Sénégal, au Nigéria et au Kenya. Il a vilipendé le pays qui a la construction d’infrastructures visibles sur l’ensemble du continent en chargeant les pays d’une dette insurmontable, c’est-à-dire la Chine. Oubliant que les Usa n’ont eu d’autre préoccupation ces dernières décennies que de construire de bases militaires, mener des guerres et fomenter des coups d’Etat, il a critiqué l’absence de démocratie et l’autoritarisme du régime de Pékin. Les Africains sont en train de tirer des conclusions de la coopération avec des puissances occidentales qui n’a abouti à aucun développement économique ou social.

Nombre de pays africains subsahariens privilégient l’achat d’armements chinois ou russes pour leur moindre coût, leur efficacité et des conditions de paiement confortables. En juin 2019, l’Administration d’Etat chinoise de la Science, de la Technologie et de l’Industrie pour la Défense nationale a indiqué que Pékin avait maintenant des liens avec l’industrie de la défense de 45 pays africains. 

En cas de conflit militaire sur le territoire africain, le Pentagone estime que le Maroc se présenterait comme une bonne rampe de lancement. Cependant l’Afrique aiguise aussi l’appétit d’autres puissances régionales. La Turquie mène une offensive diplomatique et a multiplié sa représentation. Elle investit dans tous les secteurs,  construction d’infrastructures, agro-alimentaire, santé et les transports. La Russie de son côté compte bien reprendre ses relations économiques du temps de la guerre froide. Bien installée en République de Centre Afrique dont elle a évincé la France. Le sommet Russie Afrique à Sotchi  de 2019 a réuni 47 dirigeants africains où contrats et partenariats ont été signés. L’accent est mis sur la coopération militaire.

La France s’efface progressivement dans ses anciennes colonies au profit d’autres acteurs économiques, les Usa ont rompu l’accord tacite du temps de la guerre froide, ils s’impliquent dans des zones traditionnellement dévolues à l’ancienne puissance occupante.

L’entité sioniste et l’Afrique

L’intérêt des sionistes pour l’Afrique est ancien et date d’avant la validation par l’ONU de la partition de la Palestine en 1947.

En 1908, la communauté juive égyptienne a envoyé un rabbin marocain avec sa famille à Khartoum ‘surveiller’ les juifs soudanais. La surveillance du Soudan devait permettre la manipulation voire aider à la création de forces politiques susceptibles de couper la ressource essentielle en eau de l’Égypte à partir du Haut Nil. Un rabbin égyptien l’a remplacé en 1956, après son décès en 1949. Ce sont les prémisses d’un travail assidu des services du renseignement sioniste d’une doctrine, celle du contrôle de la périphérie. En nouant des relations avec des pays entourant le Moyen-Orient comme le Maroc, la Turquie, l’Éthiopie, le Soudan et l’Iran, l’entité se livre à un encerclement des pays qui la jouxtent immédiatement. Les ‘minorités’ ethniques ou religieuses ont été abordées dans le même sens, les Amazighs en Algérie et au Maroc, les kurdes d’Irak, les maronites au Liban et les sud Soudanais. 

Le Maroc a été un élément important de ce dispositif. L’entité a formé des pilotes qui ont brûlé au napalm des milliers de civils lors de la révolte du Ri en 1958. Hassan II encore prince héritier, aidé d’Oufkir, a terrorisé la population en n’hésitant pas à faire des descentes depuis son hélicoptère pour exécuter de sa main les récalcitrants. Les tensions autonomistes rifaines, deux ans après l’indépendance obtenue en 1958, étaient nourries du fait que l’Espagne colonisait encore des zones du Rif et le Sahara occidental. 

Il est bien connu qu’Israël a coopéré avec la France pour l’élimination des membres du FLN.

L’entité sioniste était impliquée dans le génocide des Tutsis au Rwanda en appui à la France qui avait armé et protégé les génocidaires.

En République de Centre Afrique, pour accomplir l’épuration religieuse, le Président Bozizé était entouré de généraux israéliens. L’armée israélienne y possède des aéroports secrets qui servent au pillage de l’or et de diamants. De la même façon qu’il existe une malédiction du pétrole, celle du diamant vaut des guerres aux pays africains qui en ont dans leur sous-sol, Sierra Leone, Angola, République Démocratique du Congo en sont les victimes et l’entité sioniste alimente les insurrections et s’approprie cyniquement les diamants.

Selon Jimmy Johnson, Israël ne se contente pas de livrer des armes à l’Afrique, il exporte le modèle néocolonial prédateur des richesses comme en Guinée équatoriale et au Cameroun.

Au Kenya, les unités d’escadrons de la mort sont formées par Israël, de l’aveu d’officiers interrogés par Al Jazeera.

Pour un plat de lentilles

L’abandon par les Usa de ses protégés traditionnels au Moyen Orient a conduit Abou Dhabi, Bahreïn et secrètement encore la Saoudie à rechercher un autre protecteur qui dispose de l’arme nucléaire contre le danger théorique d’un Iran belliqueux qui fabriquerait depuis plus de vingt ans une hypothétique bombe nucléaire. L’entité sioniste avait réalisé grâce aux paix séparées avec l’Égypte en 1978 et avec la Jordanie en 1994 la casse du front de refus arabe avec les trois « non » proclamés à Khartoum le 1er septembre 1967 : pas de reconnaissance, pas de négociation et aucune paix avec l’entité. 

Le gain escompté par le Maroc pour la normalisation de ses rapports avec l’entité suite à celle effectuée par les EAU, du Bahreïn et du Soudan a toute chance d’être bien piètre à l’exemple de ce qu’a obtenu l’Égypte par exemple. Sadate a bien récupéré le territoire du Sinaï mais cet espace doit rester démilitarisé. L’armée a été réduite, le nombre de ses soldats est passé de 500 000 à 350 000 alors que la police dispose de deux millions d’agents. Avec une telle inflation, l’ennemi combattu est l’ennemi intérieur toujours susceptible de se rebeller sous la pression des inégalités et de la pauvreté endémique. 

Tous ces pays ont abdiqué devant le régime de Tel Aviv, ils ont normalisé sans la condition préalable émise dans le plan de paix du roi Abdallah de 2002 qui stipulait le retrait de l’armée d’occupation des territoires palestiniens résiduels d’avant 1967 ainsi que du Golan.

Instituer des relations commerciales entre deux pays d’inégal développement ne profite qu’à l’entité la plus avancée et détruit le peu de tissu productif du moins développé.

Accepter que l’entité militaro-ethnique installe des bases militaires et de renseignement ne fera qu’inciter à encourager voire provoquer une solution militaire à un problème dont la solution ne peut être que diplomatique. Israël contrôlera le pays et ses industries d’armements et de surveillance en tireront profit.

Se surajoute à ces bénéfices substantiels, le gain inestimable voire premier de l’effacement de la question palestinienne, traduit dans le camp arabe comme une trahison honteuse.

Trahir pour aller au-delà d’une destruction programmée de deux pays qui n’ont pas encore touchés par le chaos promis par les néoconservateurs sionistes alignés sur le plan Oded Yinon.

Frictions entre les Usa et l’entité

Que peut valoir une assistance de l’entité sioniste si elle n’est pas validée par l’approbation du donneur d’ordres à la Maison Blanche ?

Il est apparu quelques points de frictions entre les Usa et son allié au Moyen Orient.

Fort ennuyés que la NSA n’ait pas l’exclusivité de l’accès à tout téléphones portable, l’administration Biden a sanctionné deux firmes israéliennes, NSO et Candira, fabricant des logiciels espions, qui ont ‘démocratisé’ l’espionnage en vendant Pegasus en particulier au Maroc. L’annonce de la construction de 3000 unités de logements dans un étroit corridor qui scinderait la Cisjordanie a irrité l’administration américaine car ce nouvel empiètement rend impossible même au plus optimiste l’édification d’un Etat palestinien. Le maintien d’une telle illusion semble encore nécessaire au Secrétariat d’Etat étasunien.

Biden avait promis lors de sa campagne électorale la reprise des négociations avec l’Iran à propos du nucléaire et des sanctions. L’entité sioniste qui avait réussi à le faire abandonner par Trump s’obstine dans son opposition à ce projet, forte de l’appui des EAU et du Bahreïn.

La CIA par la voix de son directeur a annoncé ce lundi 6 décembre qu’elle ne disposait d’aucune preuve que Téhéran veuille produire du nucléaire à des fins militaires. C’est sans doute vrai comme ça l’était il y a quelques années mais proclamé ainsi témoigne de la volonté étasunienne de rompre l’axe Moscou-Pékin-Téhéran.

Le dossier chinois risque de mettre en péril la subordination de la politique étrangère étasunienne aux intérêts israéliens. Washington redoute que Tel Aviv mette à la disposition de la Chine la technologie militaire ‘de pointe’  étasunienne offerte avec les 3 milliards d’aide annuels à Israël. L’entité n’entend pas renoncer à son commerce bilatéral avec la Chine, son troisième partenaire,, plus de 14 milliards de dollars en 2019.En 2017, la Chine représentait 1/3 des investissements dans la technologie avancée en Israël.

Pour l’instant, la réponse d’Israël à la demande de Blinken formulée en octobre en octobre 2021 de réduire les liens israéliens avec la Chine ne semble pas être suivie d’effets. Israël s’est même abstenu de signer une déclaration de l’ONU proposée par la France condamnant la Chine pour son traitement des Ouïghours.

La guerre n’aura pas lieu

Le FLN au pouvoir, fortement contesté par le Hirak, espère détourner la colère populaire par une guerre contre le Maroc présenté comme une menace existentielle. L’Algérie n’a pas cessé de multiplier des provocations à l’égard de son voisin, allant jusqu’à accuser le Maroc d’être responsable des incendies de forêts et d’oliveraies en Kabylie cet été. Elle a interrompu la fourniture du gaz à l’Espagne car le pipeline la desservant passe par le Maroc. Elle se déclare visée par le partenariat militaire du Maroc avec le régime de Tel Aviv. 

Mais une vraie guerre entre ces deux pays est-elle possible ?

L’arbitrage se fera au niveau des Etats parrains.

La France et l’UE ne souhaitent pas avoir à repousser les inévitables vagues de migrants en cas de conflit ouvert. La France risque d’être définitivement délogée d’Afrique du Nord alors qu’elle est en train d’être expulsée du Mali et du Burkina Faso.

L’implantation des Usa et de leur allié sioniste au Maroc les satisfait pour l’instant dans la confrontation avec la Chine sur le continent. Agades, Djibouti et un point quelconque au Maroc représentent une bonne triangulation pour contrôler l’Afrique du Nord, le Sahara et les régions minières sub-sahéliennes.

Aucun des deux peuples, plus préoccupés de la hausse des prix des denrées essentielles, n’adhère aux discours bellicistes, surtout énoncés par les dirigeants algériens.

De très basse intensité, le conflit algéro-marocain,  car c’est bien de  cela qu’l s’agit, le Polisario est instrumentalisé par Alger, le conflit passe à basse, moyenne intensité.

On ne peut que le déplorer, les chances d’un Maghreb uni, l’histoire commune et la géographie en font une entité homogène avec des composantes complémentaires, s’éloignent encore.

Les marchands d’armements sont ravis.

Le Maroc devra assumer la honte d’avoir troqué la cause palestinienne contre la reconnaissance non assurée de la marocanité du Sahara par un ‘protecteur’ dont l’hégémonie est remise en cause. L’entité sioniste elle-même semble priser le  parapluie chinois. Les pays du Golfe ont défié les Usa en normalisant leurs relations avec le Président de la République arabe de Syrie.

Cependant, rien n’est irréversible, les bureaux de liaison ouverts à Rabat et Tel Aviv en 1994 ont été fermés à l’occasion de la seconde Intifada en 2000.

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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