La chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine a jugé que le professeur Didier Raoult avait enfreint le code de déontologie médicale en promouvant l’hydroxychloroquine contre le Covid-19.
Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, a été sanctionné ce 3 décembre d’un « blâme » par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine, chargée d’analyser deux plaintes déposées contre lui par ses pairs fin 2020.
L’instance a publié cette sanction, la deuxième en importance après le simple avertissement, sans l’assortir des motivations de cette décision contre l’infectiologue marseillais de 69 ans. Il était reproché au professeur Raoult plusieurs infractions au code de déontologie médicale dans sa promotion de l’hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19.
Pour Fabrice Di Vizio, l’avocat de Didier Raoult, il s’agit en fait d’« une belle victoire pour la défense » et « pour la paix sociale », a-t-il tweeté.
« Aujourd’hui Didier Raoult a reçu une tape sur les doigts, on est loin du Didier Raoult dangereux, assassin et toutes ces autres conneries racontées depuis un an » a-t-il ajouté.
Délibéré @raoult_didier : un blâme ! Une décision de préservation de paix sociale qui témoigne du ridicule des accusations théâtrales de l’ordre des médecins ! Aujourd’hui @raoult_didier a reçu une tape sur les doigts et on est loin du @raoult_didier dangereux, assassin 1/2
— Fabrice Di Vizio (@DIVIZIO1) December 3, 2021
« On s’attendait » à cette décision car « il était difficile de prononcer une interdiction étant donné que le professeur Raoult n’exerce plus », a expliqué à l’AFP Philippe Carlini, avocat de l’Ordre des médecins, qui n’aura les motivations de la chambre qu’en « début de semaine prochaine ». Le Conseil de l’ordre des Bouches-du-Rhône doit se réunir le 6 décembre pour analyser cette sanction.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU), dirigé par le docteur Raoult, n’a pas fait de commentaire.
À l’automne 2020, le Conseil départemental de l’Ordre des médecins (CNOM) des Bouches-du-Rhône avait engagé des poursuites contre Didier Raoult. Il s’apparente à du « charlatanisme » d’avoir pris des « risques inconsidérés » en soignant des patients avec ce traitement « non éprouvé par la science » et d’avoir « manqué à son devoir de confraternité » envers d’autres médecins, avait détaillé alors le rapporteur de la chambre disciplinaire.
Petite victoire pour le professeur Raoult : le Dr Guillaume Gorincour, que l’infectiologue poursuivait pour « non-confraternité », a été de son côté sanctionné d’un « avertissement » par la chambre disciplinaire de Nouvelle-Aquitaine, composée de huit médecins et présidée par un magistrat administratif.
« On s’expose à cela quand on est sur Twitter », a commenté Philippe Carlini, estimant que cette plainte était surtout « un contre-feu allumé par le professeur Raoult ».
Pour Didier Raoult, « on fait le procès de la réussite »
Pour Philippe Carlini, avocat de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, ces poursuites ont été entreprises pour soutenir les « médecins libéraux héroïques » bousculés par « des patients angoissés » réclamant, « sans rien y connaître », un traitement à l’hydroxychloroquine, en se fondant uniquement « sur la parole d’un éminent scientifique marseillais émise sans aucune prudence » sur les plateaux de télévisions et les réseaux sociaux.
« On fait le procès de la réussite », s’était pour sa part défendu l’infectiologue marseillais il y a quelques semaines. « Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients », avait également rétorqué Didier Raoult, assurant avoir reçu « plus de 600 000 patients » au sein de l’IHU durant la crise sanitaire, « sans aucune plainte ». Pour Fabrice Di Vizio, le sujet de l’hydroxychloroquine est un « faux débat ». Selon lui, son client est jugé « comme un criminel », essentiellement pour ses prises de positions critiques sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités, avait-il soutenu au début de la procédure. L’avocat avait alors affirmé que le dossier ne comportait aucun propos précis ou daté prouvant le dénigrement du professeur marseillais envers la profession.
Depuis le début de la pandémie, la défense de l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid par le professeur Raoult a suscité des polémiques dans le monde scientifique. En septembre 2020 par exemple, la Société de Pathologie infectieuse de langue française avait dénoncé la promotion de ce traitement « sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé », selon elle.
D’autres procédures contre le professeur Raoult
En plus de cette procédure, le professeur Raoult est visé, avec l’IHU qu’il a créé en 2011, par plusieurs autres enquêtes sur les conditions dans lesquelles l’institut a conduit ses études autour du Covid-19.
Ces investigations ont été ouvertes cette année par l’université Aix-Marseille, par les hôpitaux de Marseille (AP-HM) et par l’Agence nationale du médicament (ANSM), après un article de L’Express sur de « possibles manquements à la réglementation des essais cliniques ».
L’IHU et son directeur sont également accusés, dans un article de Mediapart, d’avoir mené « une expérimentation sauvage contre la tuberculose ». L’ANSM a annoncé « diligenter une inspection » au sein de l’IHU, l’AP-HM a lancé une enquête, tandis que le parquet de Marseille a demandé une « évaluation » des suites judiciaires à donner.
source : https://francais.rt.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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