Dans le monde occidental, ces deux dernières années ont vu l’aboutissement d’un effort de près d’un siècle dans le perfectionnement des techniques d’ingénierie sociale et de guerre psychologique. Certains observateurs ont remarqué qu’une partie importante de la population semble être aujourd’hui sous l’emprise d’un sortilège. Ils sont peut-être plus proches de la vérité qu’ils ne le pensent.
Comme l’ont précédemment rapporté The Guardian et The UK Column, les gouvernements du monde occidental — en particulier ceux des Five Eyes — ont utilisé la « théorie du coup de pouce » et la programmation neurolinguistique pour modifier de manière efficace et à leur insu le comportement des masses.
Note du traducteur : Les « Five Eyes » désigne l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis.
La « théorie du coup de pouce » est aussi nommé « théorie du coup de coude » ou par anglicisme « théorie du nudge », qui veut dire, ici en l’occurrence, « pousser les populations à changer de comportement ». Il s’agit d’un concept largement utilisé issu des sciences du comportement, de la théorie politique et de l’économie, cette dernière étant issue des pratiques du design industriel.
L’objectif de cet article est de fournir un regard approfondi sur le fonctionnement précis de ces techniques psychologiques, ainsi que sur les principales structures chargées de les mettre en œuvre. Nous examinerons ensuite les utilisations futures qui peuvent en être faites et comment une compréhension précise du mode d’utilisation de ces méthodes peut essentiellement permettre de les neutraliser.
La programmation neurolinguistique (PNL) est l’une des techniques les plus utilisées dans la lutte contre la [soi-disant – NdT] pandémie de Covid-19. La PNL comprend l’idée de « recadrer » la perception que les gens ont de la réalité en changeant le contexte dans lequel diverses situations ou réalités sont perçues par les individus. Il est intéressant de noter que le premier livre sur la PNL, The Structure of Magic, comprend des chapitres tels que « Devenir un apprenti sorcier » et « L’incantation finale ».
Les techniques thérapeutiques associées à la PNL sont souvent décrites comme ayant des qualités magiques. Bien que ces techniques puissent être considérées comme neutres et potentiellement très utiles pour les patients souhaitant résoudre des problèmes personnels, elles peuvent, de par leur nature même, être utilisées comme une arme et servir à redéfinir la perception que les gens ont de la réalité. Comme nous le verrons, en « recadrant » la perception d’un individu [et d’une masse – NdT] et en transformant son « modèle linguistique », on peut le convaincre de faire des choix qu’il ne ferait pas consciemment si un « contexte » plus large ou alternatif lui était présenté.
Il faut remonter jusqu’au document de réflexion intitulé « MindSpace 2010 », élaboré par The Institute for Government [groupe de réflexion britannique indépendant qui vise à améliorer l’efficacité du gouvernement du Royaume-Uni par la recherche et l’analyse – NdT], pour trouver quelque chose qui ressemble à un manuel de l’Apprenti sorcier du XXIe siècle. Commandé par le Cabinet Office britannique, MindSpace [format PDF en anglais ICI – NdT] est rempli de techniques qui pourraient être utilisées pour cibler ce que ses auteurs appellent les « processus automatiques », c’est-à-dire les processus inconscients. Le document se lit comme un « mode d’emploi » sur la façon de modifier les pensées et les comportements des gens à leur insu et sans leur consentement. Comme nous le verrons, les techniques de « recadrage » figurent en bonne place sous la forme du modèle « contextuel » de changement de comportement. Aujourd’hui, nous observons leur application dans pratiquement tous les secteurs de l’élaboration des politiques publiques.
Note du traducteur : En ce qui concerne l’élaboration des politiques publiques, voir La psychopathie mondialisée et le Partenariat public-privé mondial et ses mécanismes de gouvernance multipartite
Considéré comme un document de réflexion, la section « À propos de ce document » du rapport décrit son objectif comme étant
« l’exploration de l’application de la théorie comportementale à la politique publique à l’usage des hauts responsables du secteur public et les décideurs politiques. »
Issus de plusieurs institutions « d’élite » du Royaume-Uni, dont l’Imperial College of London, Oxford et la London School of Economics, ses auteurs comptent parmi les plus grands experts dans les domaines de la psychologie sociale et des sciences comportementales.
À la page 14, les auteurs de MindSpace exposent les perspectives et les idées fondamentales qui guident leur approche du « changement de comportement » en faisant la distinction entre « processus automatiques » et « processus de réflexion » :
« Le modèle opposé du changement de comportement se concentre sur les processus plus automatiques de jugement et d’influence — ce que Robert Cialdini appelle les processus de l’esprit « click, whirr » [la tendance à agir sur la base d’informations très limitées – NdT]. Ce modèle déplace l’attention des faits et des informations vers la modification du contexte dans lequel les gens agissent. On pourrait appeler cela le modèle « contextuel » du changement de comportement. Le modèle contextuel reconnaît que les gens sont parfois apparemment irrationnels et incohérents dans leurs choix, souvent parce qu’ils sont influencés par des facteurs environnants. Par conséquent, ce modèle se concentre davantage sur « le changement de comportement sans pour autant changer les esprits« . Cette approche a suscité un intérêt plutôt limité de la part des chercheurs et des responsables politiques. »
La page 14 de la section « Introduction » comprend un tableau qui présente les différences caractéristiques entre les deux systèmes :
Note du traducteur : Voir aussi notre article Système 1/Système 2 : les deux vitesses de la pensée, ainsi que les ouvrages suivants :
- Influence et manipulation, Robert B. Cialdini
- Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Robert-Vincent Joule & Jean-Léon Beauvois
- Système 1 Système 2 — Les deux vitesses de la pensée, Daniel Kahneman
« Changer les comportements sans changer les esprits » est à bien des égards similaire aux techniques de « recadrage » de la PNL. Compte tenu de son importance et de son potentiel d’utilisation future, il convient d’ajouter quelques mots sur la nature de la PNL.
La structure de la « Magie »
Depuis que ses bases ont été posées dans The Structure of Magic par John Grinder et Richard Bandler, les praticiens de la PNL l’ont décrit comme ayant des qualités magiques. La PNL est généralement présentée comme un moyen visant à étendre la capacité d’un patient à faire face au monde réel en transformant les modèles linguistiques par lesquels il s’interface avec le monde. Les praticiens de la PNL soulignent qu’aucun d’entre nous n’interagit directement avec le monde réel, mais qu’il le fait plutôt en fonction des modèles que nous avons nous-mêmes développés pour cartographier le monde. Autrement dit, notre expérience réelle du monde et les modèles ou cartes que nous créons sur la base de cette expérience sont différents pour chacun des individus. Dans The Structure of Magic, les auteurs utilisent l’exemple d’une carte réelle, qui n’est pas le territoire réel, mais seulement une représentation de celui-ci. La carte est utile dans la mesure où elle ressemble au territoire réel, mais elle n’est pas le territoire. À partir de là, les auteurs énumèrent trois façons fondamentales dont les gens peuvent déformer leurs propres cartes de la réalité : les suppressions, les déformations et les généralisations.
En aidant le patient à modifier sa carte — formée de manière linguistique — un praticien PNL peut contribuer à modifier la manière dont une personne réagit et se comporte dans diverses circonstances.
Pour donner un premier exemple pratique des effets potentiels, on peut changer le cadre de référence par rapport au temps : une personne à qui l’on dit qu’elle a une heure pour rédiger un document aura probablement une réponse très différente de celle qu’elle aurait si on lui dit qu’elle a une semaine pour rédiger le même document. Le temps devient un cadre de référence critique.
John Grinder donne l’exemple d’une séance avec une patiente qui se plaint : « Mon fils me met tellement en colère quand il rentre tard à la maison. » La mère est toujours contrariée lorsque son fils rentre tard à la maison. Apparemment, aucune option ne peut lui éviter un état de détresse. Le thérapeute peut donc demander : « Y a-t-il un moment où votre fils est rentré à la maison et où vous n’étiez pas en colère ? ». En demandant à la patiente d’identifier un moment où elle n’a pas eu la même réaction, il la met au défi de récupérer de nouvelles informations dans sa « structure profonde » et de les intégrer dans un nouveau modèle élargi. La patiente crée un choix là où il n’existait pas auparavant.
En termes de PNL, la « structure de surface » — « Mon fils me met tellement en colère lorsqu’il rentre tard » — suggère que le fait que son fils rentre tard, indépendamment de tout contexte, est la cause de sa colère et de sa détresse. Dans cette structure de surface limitée, il n’existe pas de choix ou de réponse alternative lorsque son fils rentre tard à la maison. Cependant, à l’aide d’une série de questions, le thérapeute peut inciter la patiente à affiner son propre modèle afin d’en créer un plus adapté. Ainsi, les cas inclus dans la « structure profonde » de la patiente sont ramenés à la surface, c’est-à-dire que le fait de rentrer tard à la maison n’était peut-être pas le vrai problème : peut-être était-ce la peur que son enfant reste dehors tard le soir, ou un sentiment de manque de respect, un refus d’accepter que son enfant devienne plus adulte, ou un sentiment de négligence ? Autrement dit : la patiente est mise au défi de créer des phrases « bien formées » qui incluent les suppressions ou rejettent les généralisations, les distorsions. En un mot : l’expert en PNL peut aider la patiente à réévaluer sa carte linguistique, ce qui permet de modifier sa réponse ou son choix potentiel dans diverses situations.
Grâce à ces techniques ou « incantations » de base de la PNL, les patients acquièrent de nouvelles possibilités leur permettant de recadrer leur expérience. Cependant, ce « recadrage » du monde selon des modèles linguistiques alternatifs signifie également que leurs pensées et leurs comportements peuvent être modifiés, pour le meilleur ou pour le pire. La nature intrinsèquement neutre des techniques de « recadrage » peut s’avérer plus ou moins exacte, voire complètement fausse, selon la façon dont on « recadre » leur perception de la réalité.
Un exemple pertinent serait les récents slogans relatifs au Covid-19 comme « Restez chez vous. Sauvez des vies. ». Bien qu’il s’agisse d’un message apparemment simple et direct, après un examen plus approfondi, la structure de surface apparemment simple « Restez chez vous. Sauvez des vies. » comporte une « structure profonde » très spécifique. L’énoncé présente ce qui, en termes de PNL, pourrait être considéré comme des « suppressions » ou simplement des « généralisations ». Par exemple, si l’on essaie d’inverser ou d’explorer l’affirmation « Restez chez vous. Sauvez des vies. » et toutes ses possibilités, on découvre que le slogan n’a qu’une seule alternative : « Quittez votre domicile et vous tuerez des gens. ».
Le modèle linguistique présente la réalité comme un ensemble qui comporte deux choix : prendre la décision consciente de sauver des vies ou celle de prendre des vies. Il n’y a pas de nuance, pas d’exception pour les personnes jeunes et en bonne santé, ni de spécifications pour les personnes présentant un risque élevé de tomber malade. Selon le modèle « Rester à la maison. Sauver des vies. », on peut effectivement tuer des personnes simplement en choisissant de quitter son domicile.
Recadrer tous les jours des scénarios de base afin de susciter une réaction de peur maximale avec une précision quasi scientifique n’est en rien le fruit du hasard. Les ingénieurs sociaux savent qu’en formulant les questions d’une certaine manière, de façon à cibler directement les « motivations automatiques », les mécanismes évolutifs de base peuvent être activés et utilisés comme des armes.
En fait, comme l’indique le compte-rendu de la réunion du conseil d’administration du 22 mars 2020 du Scientific Advisory Group for Emergencies (SAGE) britannique, la perception de la menace et du danger personnels liés au Covid-19 devait être augmentée afin d’accroître le niveau de conformité aux mesures de distanciation sociale qui lui sont associées. Le point 2, sous l’option « Persuasion » du compte-rendu de la réunion du SAGE se lit comme suit :
« Perception de la menace : Un nombre important de personnes ne se sentent toujours pas suffisamment menacées personnellement ; il se peut qu’elles soient rassurées par le faible taux de mortalité dans leur groupe démographique (8), bien que les niveaux d’inquiétude puissent augmenter. À Hong Kong, on a constaté qu’une bonne compréhension du risque était positivement associée à l’adoption de mesures de distanciation sociale anti-Covid-19 (10). Il faut augmenter le niveau perçu de menace personnelle chez ceux qui ne se sentent pas concernés, en utilisant des messages émotionnels percutants. Pour être efficace, ce message doit également responsabiliser les gens en leur indiquant clairement les actions qu’ils peuvent entreprendre pour réduire la menace.
Note du traducteur : Voir Des scientifiques qui avaient encouragé l’utilisation de la peur pour contrôler les comportements lors de la crise du Covid reconnaissent que cette tactique était totalitaire
Bien que le conseil d’administration de SAGE soit une organisation gouvernementale britannique, plusieurs autres agences et organismes britanniques se trouvent au cœur des campagnes de communication liées au Covid-19 dans l’ensemble du Five Eyes, c’est-à-dire en Australie, en Grande-Bretagne, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Plus précisément, le Behavioural Insights Team (BIT) semble être l’une des structures les plus importantes et les plus efficaces de ce réseau dédié à la guerre psychologique ; sous couvert d’élaborer des messages efficaces en rapport avec le Covid-19, il œuvre en fait à façonner les politiques publiques en utilisant les « connaissances comportementales » issues de MindSpace.
Note du traducteur : À noter que ces mêmes pays formant les Five Eyes instituent des politiques de confinement insensées, notamment le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Le succès relatif dans l’acceptation populaire de ces politiques peut être partiellement attribué aux principes énoncés par le Behavioural Insights Team.
Plongée dans MindSpace
Forts désormais d’une certaine connaissance de l’application des dernières recherches en psychologie sociale et en science comportementale, voyons de plus près en quoi une connaissance spécifique de MindSpace et de ses singulières « réflexions sur le comportement » peut considérablement transformer notre propre capacité non seulement à vaincre les opérations de guerre psychologique actuelles, mais aussi à prévenir celles qui suivront.
Comme nous l’avons mentionné, l’objectif principal de MindSpace est centré sur la distinction cruciale entre les « processus réflectifs » et les « processus automatiques » :
Les deux systèmes ont des capacités différentes : l’esprit de réflexion possède une capacité limitée, mais offre une analyse plus systématique et plus « profonde ». L’esprit automatique traite de nombreuses choses séparément, simultanément et souvent inconsciemment, mais il est plus « superficiel » : il prend des raccourcis et possède des préjugés bien ancrés. Comme l’explique une source universitaire,
« une fois déclenchés par des éléments de l’environnement, [ces] processus automatiques préconscients se déroulent jusqu’à leur terme sans aucun contrôle conscient. »
« Sans aucun contrôle conscient » signifie que si certains messages sont formulés de telle sorte qu’ils contournent les processus conscients et s’adressent directement aux processus automatiques, alors, et de par la nature des mécanismes évolutifs qui nous sont propres — par exemple, les réactions de lutte ou de fuite — les humains sont câblés pour répondre sans avoir à recourir à une prise de décision consciente. L’apparition soudaine d’un danger existentiel ou le fait que quelqu’un menace nos enfants sont des exemples de déclencheurs de nos processus automatiques et de nos motivations : notre corps et notre esprit sont câblés pour réagir ; notre adrénaline monte en flèche ; les réactions de lutte ou de fuite se déclenchent, que nous le voulions ou pas. En outre, que la menace perçue soit réelle ou pas, la perception d’une telle menace a essentiellement le même effet sur nos mécanismes intégrés et nos « processus automatiques ».
Dans cette optique, considérez le fait que Mindspace est essentiellement un document qui aborde la vaste gamme de techniques permettant de déclencher et de diriger nos motivations automatiques avec une précision scientifique et avec le moins d’intervention possible de nos « processus de réflexion ».
La page 18 de la section « Guide de l’utilisateur » présente une checklist des influences sur notre comportement :
Ainsi, aujourd’hui, on pense qu’en « recadrant » la réalité et les récits par lesquels les gens vivent leur vie, c’est-à-dire le « modèle contextuel », et en « poussant » les gens du point de vue de diverses idées comportementales trouvées dans MindSpace, y compris les naturels « défaillances », « normes », « signaux », « amorçages » — qui ciblent tous les processus automatiques — on peut « pousser » les gens à faire des choix qu’ils ne feraient pas autrement. De plus, comme les comportements et les pensées seront modifiés « de manière subreptice », c’est-à-dire en utilisant des motivations automatiques, on pense que même si les gens savent que leurs idées ont changé, ils ne seront pas nécessairement capables de savoir comment ou pourquoi.
En un mot, tout l’art de « pousser les gens à » et de les « recadrer » consiste à élaborer des messages qui s’adressent directement à nos processus automatiques tout en limitant l’intervention de nos « processus de réflexion ». En effet, ces derniers ralentissent instantanément la tendance des processus automatiques à agir sur la base d’informations très limitées et conduisent à se poser un plus grand nombre de questions.
Bien sûr, MindSpace utilise des exemples bénins pour démontrer comment ses influences « non coercitives » fonctionnent, qu’il s’agisse de proposer en priorité une option de légumes dans les cafétérias scolaires afin d’améliorer le régime alimentaire des enfants, ou de créer davantage de zones non-fumeurs en utilisant le principe de distanciation. Toutefois, si l’on y regarde de plus près, ce sont précisément les « motivations automatiques » qui sont susceptibles d’être déclenchées et utilisées comme des armes dans divers contextes, notamment en cas de crise ou de menace perçue.
Maintenant que nous avons abordé les grandes lignes et les intentions qui fondent MindSpace, nous pouvons nous pencher sur l’application de ces techniques au cours des deux dernières années. C’est le cas de la Behavioural Insights Team (BIT) [l’équipe en charge des connaissances comportementales – NdT], également connue sous le nom de « Unité nudge ».
La Behavioural Insights Team : « pousser les populations » vers un nouveau monde meilleur
Selon son site Internet, la Behavioural Insights Team est détenue conjointement par « le Bureau du cabinet britannique, l’organisme caritatif d’innovation Nesta et les employés de la Behavioural Insights ». Il n’est pas surprenant que le Bureau du cabinet britannique soit la même institution qui a commandé MindSpace plusieurs années auparavant.
La Behavioural Insights Team semble être l’un des maillons les plus efficaces de ce réseau de guerre psychologique. Son site Internet indique qu’elle dispose de bureaux dans l’ensemble des pays du Five Eyes, ainsi qu’en France.
Connu sous le nom de « Unité nudge », elle a ouvert la voie à la « théorie du coup de pouce » comme moyen de modifier le comportement des citoyens afin de mettre en œuvre des politiques économiques, publiques, environnementales et sanitaires. Comme nous l’avons vu, le nudging consiste à reconnaître certaines dispositions « défaillantes » chez les citoyens et, en fonction de diverses spécifications, à « recadrer » le contexte des choix qui sont perçus par ces mêmes citoyens. De par leur nature même, ces techniques font appel à la programmation neurolinguistique, qui utilise des « ancrages » et des « signaux », des « amorçages » et des « recadrages ». Ces techniques ont toutes été affinées après des décennies de recherche, de sorte qu’un citoyen ignorant, bombardé d’une panoplie de techniques destinées à déclencher ses motivations automatiques, devrait à peine être capable de reconnaître comment ces opérations sont déployées dans de vastes régions du monde. Et pourtant, c’est exactement ce à quoi s’emploient des équipes comme la Behavioural Insights Team.
Comme le rapporte The UK Column, deux équipes ont été identifiées comme étant la tête de pont dans les mesures prises [soi-disant – NdT] contre le Covid-19 en Grande-Bretagne :
La première est l’équipe du London Imperial College dirigée par Neil Ferguson, qui prétend être capable d’utiliser ses modèles informatiques pour prévoir la propagation et l’impact de la maladie. La seconde est l’armée de « scientifiques » comportementaux qui nous incitent à chaque occasion à prendre des décisions en faveur des options privilégiées par les décideurs mondiaux.
Bien que le rôle du London Imperial College dans la production de modèles apocalyptiques justifiant le confinement complet du monde occidental dépasse le cadre de cet essai, il convient de souligner que le London Imperial College a joué un rôle très similaire à celui de l’université britannique East Anglia dans la gestion des données statistiques utilisées pour générer des modèles apocalyptiques sur le « changement climatique », qui sont ensuite cités par l’Onu et autres organismes gouvernementaux dans le monde entier. Ce qui nous intéresse ici, c’est justement cette « armée » de scientifiques comportementaux — dont la Behavioural Insights Team semble être une division de haut niveau.
Prenons par exemple l’étude de la Behavioural Insights Team intitulée « Quatre messages qui peuvent accroître l’adoption des vaccins Covid-19 » publiée le 15 mars 2021. Le message le plus efficace pour augmenter l’adoption de la vaccination était « protéger les êtres chers » :
Traduction : 1 — Aider les êtres qui vous sont chers a fait appel au désir des gens de protéger et de soutenir leurs amis et leur famille. Il a fait comprendre que le fait de se vacciner soi-même peut aider ses proches, tout en veillant à ne pas exagérer le pouvoir du vaccin de réduire ou d’éliminer la transmission.
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Les êtres qui vous sont chers ont besoin de vous.
Faites-vous vacciner contre le Covid-19 pour être sûr d’être là pour eux.
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Après avoir étudié les conclusions de MindSpace sur les « motivations automatiques », le message le plus important n’est pas surprenant : si une personne est confrontée au choix de « protéger ses proches » d’une menace existentielle — qu’elle soit réelle ou perçue — la décision est automatique. En outre, du point de vue des « défaillances » (les pertes sont plus importantes que les gains), la plupart des êtres humains empathiques ne voudront pas risquer de perdre des êtres chers — une perte majeure — pour pouvoir participer à une quelconque activité sociale — un gain mineur. De plus, ils seront prêts à faire de grands sacrifices afin d’éviter des pertes encore plus importantes, qu’elles soient potentiellement réelles ou simplement perçues.
En examinant chacun des quatre messages, le lecteur doit tenir compte du fait qu’aucun d’entre eux ne nécessite un processus de réflexion sérieux ou une évaluation consciente. Même l’utilisation de formulations telles que « selon la plupart des experts » ou « la recherche montre » ne sont pas des déclarations scientifiques, mais des appels à la pensée collective.
En réalité, aucun scientifique honnête ne discute de la validité de son travail ou de ses recherches en disant « la plupart des scientifiques sont d’accord ». La vérité et les faits scientifiques ne sont jamais le produit d’un consensus. Et pourtant, nous avons assisté à une très forte augmentation de l’utilisation d’arguments de pensée collective pour promouvoir les politiques publiques, de l’idée que « 97 % des scientifiques sont d’accord sur le réchauffement climatique » à « des milliers de travailleurs de la santé se font vacciner ». Pratiquement tous les messages publics conçus dans le cadre du Covid-19 sont précisément construits pour faire appel à la tendance humaine à la pensée collective et à l’adhésion aux « normes ».
Considérez les trois messages suivants parmi la liste des messages les plus efficaces.
Le message qui arrive en deuxième position stipulait que les programmes de vaccination [soi-disant – NdT] contre le Covid-19 ont « l’approbation » des professionnels de la santé.
Traduction : 2 — Approuvé par les professionnels de la santé utilise la crédibilité et l’autorité des professionnels de la santé en tant que messagers de confiance. Le message insistait sur le fait que la plupart des gens ont démontré leur confiance dans le vaccin en le prenant eux-mêmes.
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Les médecins et les infirmières ont décidé de se faire vacciner contre le Covid-19.
Ils vous recommandent maintenant d’en faire autant.
Parlez avec votre médecin pour mieux comprendre en quoi ce vaccin est bon pour vous.
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Le message qui arrive en troisième position est intitulé « Revenir à la vie d’avant », mais il recommande expressément de ne pas promettre que la vie reviendra un jour à la « normale ».
Le quatrième et dernier message le plus efficace est un appel simple et direct à la pensée collective, c’est-à-dire à la « preuve sociale ».
Traduction : 4 — Testé sur des milliers de personnes a permis d’instaurer la confiance dans le processus de développement du vaccin, sans s’embarrasser de détails trop techniques ou de jargon médical. Le message intègre des aspects de « preuve sociale » en indiquant que des millions de personnes ont déjà pris le vaccin en toute sécurité.
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Le vaccin Covid-19 a été testé auprès de 70 000 personnes.
Aujourd’hui, plus de 14 millions de personnes l’ont reçu.
Lorsque ce sera votre tour, vous serez certain qu’il est sans danger et efficace.
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Aucun de ces messages ne fait appel à l’esprit critique. En fait, ils les découragent. Ils sont spécifiquement conçus pour contourner les processus conscients et s’adresser directement aux « processus automatiques ».
Conclusion
Comme nous l’avons mentionné au début de cet article, ces derniers développements en matière de guerre psychologique représentent l’aboutissement d’un siècle d’efforts qui, dans le monde occidental, a permis de perfectionner l’ingénierie sociale. Bien que nous ayons discuté de l’application de ces techniques en ce qui concerne les messages [de propagande – NdT] liés au Covid-19, ces techniques peuvent être observées dans les communiqués des politiques publiques et ce dans pratiquement tous les secteurs de la société, notamment en ce qui concerne l’environnement et la politique économique.
Note du traducteur : En effet, et voici l’organigramme du Partenariat public-privé mondial et un extrait de l’article dans lequel il est mentionné :
« Indépendamment de ce que chacun pense des menaces mondiales auxquelles nous pouvons être confrontés ou pas, les origines et la filière de distribution des politiques qui en résulte sont manifestes. Un groupe de réflexion mondialiste financé par des fonds privés a piloté un programme politique ayant abouti à la création d’un cadre politique mondial — adopté par les gouvernements du monde entier — qui a eu un impact sur les communautés aux quatre coins de la planète, à peu de choses près. »
Lorsque l’on considère l’utilisation actuelle et future de ce type de techniques pour le « changement de comportement », rappelons-nous les mots d’un enthousiaste de l’ingénierie sociale et descendant de l’une des plus anciennes lignées impériales d’Angleterre, Lord Bertrand Russell. Il y a plus d’un demi-siècle, il avait fait la remarque suivante :
« Les psychologues sociaux de l’avenir disposeront d’un certain nombre de classes d’écoliers sur lesquelles ils essaieront différentes méthodes pour produire une conviction inébranlable selon laquelle la neige est noire. Plusieurs résultats seront bientôt obtenus. Premièrement, que l’influence du domicile familial est obstructive. Deuxièmement, que les résultats sont limités si l’endoctrinement ne commence pas avant l’âge de dix ans. Troisièmement, que les versets mis en musique et entonnés de façon répétée sont très efficaces. Quatrièmement, que l’opinion que la neige est blanche doit être considérée comme la preuve d’un goût morbide pour l’excentricité. Mais j’anticipe. C’est aux scientifiques de demain de préciser ces maximes et de découvrir avec précision combien il en coûte par tête pour faire croire aux enfants que la neige est noire, et de combien ce coût serait inférieur pour leur faire croire qu’elle est gris foncé. »
En conclusion de ses réflexions optimistes sur l’avenir des techniques d’ingénierie sociale, Russell écrit :
« Bien que cette science soit étudiée avec diligence, elle sera strictement réservée à la classe dirigeante. La populace ne sera pas autorisée à savoir de quelle manière ses convictions ont été générées. Lorsque la technique aura été perfectionnée, chaque gouvernement qui aura été en charge de l’éducation pendant une génération sera en mesure de contrôler ses sujets en toute sécurité sans avoir besoin d’armées ou de policiers. »
~ Bertrand Russell — The Impact of Science on Society (1951) [Traduit en français sous le titre Science, puissance, violence (1954) – NdT]
Alors qu’une grande partie de la recherche appliquée dans les domaines de la psychologie sociale et des sciences du comportement semble avoir permis aux ingénieurs sociaux d’imprégner leurs messages d’une qualité presque magique — comme l’ont même décrit les fondateurs de la PNL dans The Structure of Magic — ces « incantations » et « nudges » ont une structure bien définie. Ils sont formulés et donc facilement identifiables une fois qu’ils sont nommés pour ce qu’ils sont.
Étant donné que les apprentis sorciers d’aujourd’hui ne semblent pas avoir l’intention de renoncer à appliquer ces techniques dans pratiquement tous les domaines de la pensée et de l’action, le simple fait de les nommer pour ce qu’elles sont peut constituer l’étape essentielle à même de « lever l’emprise du sortilège ». En effet, l’acte lui-même neutralise essentiellement les « nudges » et leur confère le statut d’objets conscients. Soudain, « la populace » est « autorisée à savoir de quelle manière ses convictions ont été générées ».
Comme l’ont mentionné les auteurs de MindSpace, les processus automatiques peuvent continuer à fonctionner sans entrave et sans aucune surveillance de la part du moi conscient, et ce jusqu’à complète assimilation. Dans le cas d’une gestion de crise en constante évolution et de l’organisation de la société autour de la « pandénomique », ceux qui se contentent d’attendre que le sortilège se dissipe risquent d’être déçus et de s’enfoncer dans des crises bien au-delà du contrôle d’un apprenti sorcier du XXIe siècle. La clé pour rompre le sortilège est de le nommer. Une fois qu’un nom est mis sur ces « structures », elles sont contraintes de quitter les processus automatiques et de pénétrer dans les processus conscients, ce qui affaiblit de manière intrinsèque la vitesse à laquelle les programmes nous font agir sur la base d’informations très limitées. Les pensées inconscientes — les « structures profondes » — sont mises en évidence par d’autres processus analytiques — ce qui a pour effet d’enrayer le processus. Soudain, la « magie » n’opère plus. Le processus de pilotage automatique, lisse et bien huilé, sans réflexion, s’arrête net.
Le sortilège est rompu.
Citations
- Richard Bandler and John Grinder, The Structure of Magic
- David Halpern et al. MindSpace. Institute for Government. UK Cabinet Office (2010)
- Bertrand Russell, The Impact of Science on Society
À propos de l’auteur
David B. Gosselin est un poète, traducteur et linguiste basé à Montréal. Il est le fondateur du site de poésie The Chained Muse et du podcast New Lyre. Son nouveau recueil de poèmes s’intitule Modern Dreams.
Note du traducteur : Voir aussi :
Source de l’article initialement publié en anglais le 19 novembre 2021 : The Canadian Patriot
Traduction et emphases : Sott.net
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)