L’auteur est l’ex-recteur et ministre, professeur invité à l’École nationale d’administration publique, membre et co-porte-parole du Regroupement Des Universitaires pour la lutte aux changements climatiques
DES UNIVERSITAIRES – Le dernier rapport du GIEC et la rencontre de la COP26 à Glasgow en Écosse ne laissent plus de doute maintenant. Le décompte pour l’Humanité est bel et bien amorcé, et le tic-tac de l’horloge égrène inéluctablement, mais assurément, le temps qu’il nous reste pour intervenir et changer le cours de l’Histoire.
Les leaders des grandes puissances n’en finissent plus de promettre des changements qui n’adviennent jamais en pliant devant une économie de marché dont la « main invisible » dicte la conduite des affaires et de la consommation comme maîtresse du jeu de la réalité.
Pour l’heure, la plus puissante voix pouvant changer l’ordre des choses, c’est celle de la parole publique fondée sur des données probantes et vérifiées. Allo? Allo? La Terre appelle les universitaires et les professeur.e.s pour sonner le tocsin et utiliser la plus puissante des armes contre la bêtise environnementale. La parole est à ceux et celles qui, dans le quotidien, entrent en communication avec des auditoires qui vont de la classe d’une trentaine d’étudiant.e.s à l’école publique jusqu’aux auditoriums bondés de collégien.ne.s ou universitaires de l’enseignement supérieur.
La parole des universitaires, en particulier du corps professoral, est devenue une exigence de la fonction dans la lutte aux changements climatiques. Et de ses effets désastreux. Il ne s’agit pas ici de faire appel seulement aux chercheuses et chercheurs qui travaillent sur ces questions de changements du climat dans diverses disciplines avec une ardeur qui est limitée uniquement par les fonds qui sont alloués par les grands organismes subventionnaires au Canada et au Québec. Il s’agit plutôt d’un appel pressant de la Terre pour que les universitaires de toutes disciplines, des sciences humaines jusqu’aux sciences exactes, de prendre la parole en vertu du rôle que leurs compétences leur ont conféré dans notre société.
La parole des universitaires est un puissant instrument pour sonner les alertes, sur la base des faits bien entendu, pour placer les questions les plus urgentes sur le tableau des décideurs qui finiront bien par donner suite à ces signaux multipliés par la voix de ceux et celles qui sont des porte-voix à effets multiplicateurs incomparables.
Devant l’urgence, déjà des voix s’élèvent. Des Universitaires (DU) est une initiative lancée par des universitaires de l’Université Laval qui regroupe actuellement 570 membres mobilisé.e.s dans la lutte aux changements climatiques et la protection de l’environnement et de la biodiversité. L’initiative a produit un effet d’entraînement, et des représentant.e.s de la quasi-totalité des universités québécoises ont joint le mouvement. L’invitation à prendre la parole se fait de plus en plus insistante. L’espoir, tant pour les professeur.e.s que pour les directions, c’est maintenant l’urgence de prendre la parole en utilisant leur capital de compétences pour répondre à l’appel de la Terre.
Allo? Allo? La Terre appelle. Y a-t-il un.e universitaire, un.e professeur.e au bout du fil?
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Lancement du Tome 2 de la Collection Des Universitaires
Thierry Lefèvre et Patrick Provost, membres et cofondateurs du Regroupement Des Universitaires
Le Regroupement Des Universitaires (DU) est très fier de lancer le Tome 2 de sa Collection annuelle, qui peut être téléchargée gratuitement. Ce recueil contient l’ensemble des articles que les membres ont publiés entre septembre 2020 et août 2021. Il s’agit d’un ouvrage collectif d’universitaires engagé.e.s dans une volonté d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre à partir de connaissances, de réflexions et de faits scientifiques.
On y aborde les thèmes spécifiques du regroupement, soit les changements climatiques, la préservation de l’environnement et de la biodiversité, ainsi que d’autres enjeux qui y sont reliés, comme la transition socioécologique, l’économie et la fiscalité, l’aménagement du territoire, le rôle de science dans la société, l’implication sociale des scientifiques, la santé, la pandémie de la COVID-19, sans oublier certains projets nuisibles pour le bien commun et l’avenir du Québec.
Ce recueil est destiné principalement à trois types de publics.
Premièrement et avant tout, il a été pensé pour le monde de l’éducation. Une section est ainsi spécifiquement dédiée aux intervenant.e.s du milieu de l’éducation leur présentant les manières d’utiliser le recueil en contexte éducatif. Notre vœu le plus cher est que le corps professoral et enseignant s’approprie et s’inspire de cet ensemble de textes et des thèmes qui y sont traités, et les soumettent à leurs élèves et étudiant.e.s afin qu’ils et elles réfléchissent, discutent, analysent et commentent les arguments que l’on y retrouve.
S’il est important de s’informer pour être en mesure de poser une réflexion éclairée, il l’est tout autant d’être capable de comprendre les faits et les arguments, de prendre du recul et de les analyser selon son propre vécu et ses propres convictions.
Deuxièmement, ce recueil s’adresse à la classe politique afin de conscientiser davantage les personnes élues et les hauts fonctionnaires à la crise globale qui nous menace, et leur proposer des pistes de solution pouvant guider l’action gouvernementale, quel que soit le palier. Certaines idées véhiculées par nos élu.e.s, leurs convictions ou leurs postures actuelles laissent à penser qu’il leur manque certaines notions ou connaissances scientifiques relatives à la crise écologique, aux iniquités sociales et à la manière d’y faire face. Leur manque d’ambition, leur manque de volonté et leur inaction illustrent également un degré de conscientisation nettement insuffisant vis-à-vis les menaces imminentes qui pèsent contre nous, autant individuellement que collectivement.
Finalement, les textes rassemblés visent à diffuser auprès du grand public des connaissances qui, si elles restent cohérentes avec les grandes tendances déjà établies, évoluent néanmoins rapidement. Il nous semble important de sensibiliser et d’informer aux mieux les citoyen.ne.s par la méthode scientifique, autant que possible avec des lectures différentes et complémentaires.
Nous espérons que le Tome 2 de la Collection DU contribuera à enrichir les débats publics concernant les plus grands enjeux de notre époque. Ceux-ci sont complexes et menaçants, et seront difficiles à surmonter. La contribution de la société dans son ensemble sera nécessaire pour y pallier, de la classe politique aux entreprises en passant par la population, et ce, toutes générations confondues.
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