Toxicologie du langage : abus et malformations (1/3)
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par Ludovic Joubert.
Plus grave que le mensonge, la falsification du langage opère un sabotage de la langue de l’intérieur. Elle peut nous amener à mentir à notre insu, puisque le premier devoir de toute langue devrait être de nommer le réel (voir par exemple la richesse des jargons de métiers). À cet égard, la novlangue inventée par George Orwell dans 1984 était de l’artisanat en comparaison avec les inventions de l’ingénierie de ces dernières années. La falsification du langage requiert qu’on traduise le français… en français. C’est l’objet de cette revue.
FACHOSPHÈRE
Voici pour s’amuser, la définition du Larousse. Fachosphère : Ensemble des partis politiques de la mouvance fasciste et, plus largement, d’extrême droite. Par extension. Ensemble des sites Internet, blogs, réseaux sociaux, etc., liés à l’extrême droite ou défendant ses idées.
Le Larousse, qui ne s’embarrasse pas de scrupules, devrait préciser avant tout que le vocable “fachosphère” est employé comme invective par la gauche radicale, pour qui le terme fasciste ou “facho” sont des insultes archétypales. Les insultes n’étant pas des arguments, l’emploi contemporain de ces noms d’oiseaux n’a pas tant une définition qu’une fonction : celle de repoussoir. Précisons que le “gauchiste” (c’est-à-dire l’extrémiste de gauche, qui ne poussera jamais le devoir de mémoire jusqu’aux crimes innombrables du communisme) est beaucoup plus facile à identifier objectivement que le “fasciste” puisqu’il s’inscrit dans la continuité révolutionnaire depuis au moins 1789 et qu’il a été conceptualisé dans les années soixante par Herbert Marcuse et l’école de Francfort, comme ennemi de l’occident et de son héritage.
Les “fascistes” sont essentiellement ceux qui sont désignés ainsi par le pouvoir mondialiste.
Du terme fasciste, le Petit Robert, plus scrupuleux que le Larousse, nous apprend qu’il « se dit aussi, dans les polémiques, d’un adversaire de droite considéré comme partisan d’un régime autoritaire. “Les communistes disent toujours de leurs ennemis qu’ils sont des fascistes.” »
Cela soulève deux questions. La première : faut-il considérer que les régimes de Lénine, de Staline, de Pol Pot et de Mao n’étaient pas autoritaires ? La seconde : sans vouloir faire de peine à personne : que dire du fait que le Troisième Reich allemand était dirigé par un parti qui s’appelait national-socialiste ?
Aussi peu avare de néologismes que de contradictions, la gauche radicale crée les amusants : complosphère et cathosphère (Le Monde), allusion à atmosphère et à la nauséabondance de tous ceux qui ne pensent pas comme il faut. Qui pensent, donc.
Pour y remettre un peu d’ordre, rappelons que l’appellation de fasciste (mais aussi populiste, complotiste, etc.) sert à discréditer les personnes et les mouvements qui prétendent s’opposer à l’idéologie mondialiste, ou simplement en critiquer les innombrables manifestations (tous les pseudo-mouvements de « défense des minorités » qui sont en fait des officines de destruction et de division).
FÉMINISME (radical)
Idéologie revendiquée par une catégorie de femmes autrefois désignées à la sagesse populaire sous le vocable de mégères ou harpies ; le terme est devenu désuet, les mégères n’ont pas disparu pour autant. Comme tous les mouvements radicaux de contestation (on pourrait dire : fondamentalistes), antiracistes, environnementaux, et cætera, ce ne sont plus des mouvements de défense mais d’agression et de destruction.
GENRE (et “transgenre”)
Une des innombrables opérations de prestidigitation et de castration mentale menées par la gauche radicale consistant à faire disparaître la notion de sexe biologique en décrétant que ce serait une “construction sociale”, en le remplaçant par le mot “genre”, qui en biologie ne veut pas dire grand-chose. Nos pérégrinations sur Youtube nous auront permis de tomber sur la réflexion de la transsexuelle canadienne Ella Grant, (uniquement en anglais malheureusement) en porte-à-faux avec le mouvement LGBT, etc. qui leur dame le pion en répliquant que la transsexualité n’est pas à promouvoir car d’une part ce n’est ni un choix ni l’expression d’une liberté car c’est une grande source de souffrance pour les personnes qu’elle touche (avec un taux de dépression et de tentatives de suicide largement supérieur à la moyenne). Les fanatiques de la “non-binarité” et de la “transidentité” (sic) prétendent que le sexe (qu’ils appellent, donc systématiquement genre) est une construction sociale et qu’il est assigné à la naissance par une société autoritaire. Ella Grant leur répond que ce n’est pas le sexe (même si Ella Grant emploie le mot “gender”) mais la notion de “non-binarité” qui est une construction sociale.
La notion de sexe biologique en tant que fait scientifique (rappelons que la sexualité, en biologie, n’est qu’un des modes de reproduction du vivant) est une des nombreuses cibles de la gauche radicale (et mondialiste, même si dans le meilleur des cas elle se réclame de l’alter-mondialisme), qui va jusqu’à s’attaquer, au nom de la “liberté”, à l’enfance, en lui inventant de prétendus “droits sexuels”…
GOUVERNEMENT MONDIAL
Cette notion peut sembler désirable a priori puisque c’est ainsi que ses publicistes (Jacques Attali en premier) veulent nous la présenter (en nous faisant croire, ce qui n’est jamais bon signe, que nous n’avons pas le choix). Pour commencer à y réfléchir, il suffit de commencer à s’imaginer ce que ce gouvernement mondial suppose d’uniformisation, ce qu’on appelle un projet communiste, avec son ingénierie du nouvel homme, sous la forme du transhumanisme. Nous n’employons pas le mot communiste à la légère puisque dans son film promotionnel de la grande réinitialisation, on nous annonce un monde « où vous ne posséderez rien et où vous serez heureux, où tout vous sera livré par drone ». C’est-à-dire un monde où vous ne pourrez rien léguer à vos enfants.
À ce sujet, on relira avec profit Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley.
HAINE (et “contenus haineux”)
Il est assez étrange de vivre dans une société qui nomme à votre place ce que vous êtes censé ressentir, et qui légifère sur ces sentiments. Rappelons que la loi est censé réprimer des actes (avec les nuances que sont le crime passionnel qui est une circonstance atténuante, et la préméditation, qui est une circonstance aggravante). C’est peut peut-être moins étrange si l’on rapproche cette dérive des périodes de Terreurs révolutionnaire et stalinienne, où la preuve de votre culpabilité de conspiration contre le régime résidait dans l’accusation même.
Le concept de haine semble englober, pour les disqualifier, toute tentative de discours critique sur certains groupes ethniques raciaux ou religieux, d’ailleurs inégaux sur le plan du droit puisque la haine de l’Occident est partout encouragée (voir le phénomène BLM).
Quant à la notion de “contenus haineux”, elle sert à empêcher qu’ait lieu un débat, voire la simple publicité de certaines hypothèses : toutes celles qui vont à l’encontre du politiquement correct et de l’idéologie mondialiste.
Loin de nous l’idée de nier que la haine ne puisse pas mener au crime mais dans ce cas, elle est loin de se limiter au crime racial.
En réalité, sous prétexte de lutter contre la haine, la “justice des démocraties libérales transforme en sentiment l’expression de certains faits de manière à en dissuader l’expression.
INCLUSION (écriture inclusiv.e)
Rappelons que là où la convention rassemble (c’est son rôle et presque une lapalissade), l’écriture inclusive, naturellement laide et illisible, divise (à commencer par ses partisans, qui ne se mettent pas d’accord sur la manière dont elle doit être marquée). Notons que la division est l’étymologie de “diable”.
“LIBÉRATION” (de la parole)
C’est ainsi qu’on a parlé de mai 68. Cinquante ans plus tard, ceux qui se réjouissaient de cette libération ne parlent plus de celle qui a lieu aujourd’hui que pour la déplorer. Ce n’est d’ailleurs pas tant une libération qu’un échec de l’incarcération totale de toute parole dissidente, “complotiste”.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
Toxique car frauduleux. C’est aussi et d’abord la devise de la franc-maçonnerie. Elle est affichée dans toutes les loges.
Quand on voit l’état de la justice en France, on se demande qui cette belle devise concerne et protège réellement. Sur le plan strictement logique, si nous sommes libres, nous ne pouvons être égaux. Le principe d’égalité est celui au nom duquel la Révolution française a fait abolir les privilèges ; l’école de la République nous somme de nous réjouir de cette abolition, en prenant la précaution de faire oublier ce qu’ils étaient réellement : les droits particuliers (et non les privilèges des aristocrates), c’est-à-dire locaux, qui avaient une justification historique, culturelle, géographique, passés au rouleau compresseur de la centralisation du pouvoir, (qu’on appelle Révolution française) qui nous enlève toute prise sur notre environnement immédiat.
Quant à la fraternité, elle fait une belle jambe à des “citoyens”à qui on peut retirer tous leurs droits de la manière la plus arbitraire, comme on le constate depuis mars 2020 et le seul pouvoir de payer des impôts, d’en subir les conséquences et de se consoler en croyant à la démocratie “représentative”. La question reste de savoir : qui cette démocratie représente-t-elle vraiment ?
À propos de la franc-maçonnerie, François Hollande déclarait en 2017 (avec la syntaxe approximative qui est sa signature) : « En voulant s’attaquer à la franc-maçonnerie, c’est la République qui était visée. » Tandis que Vincent Peillon nous explique ici que la franc-maçonnerie est « la religion de la République », par quoi il veut dire qu’elle est la religion de ceux qui se font appeler “l’élite”, tandis que le peuple en est réduit à adorer de force la laïcité.
-PHOBE (suffixe)
La phobie, peur irrationnelle est systématiquement amalgamée à la haine par un vocabulaire stratégiquement approximatif ; notons au passage que les anti-amalgames sont contre les amalgames qu’ils attribuent aux autres. Si la peur et la haine étaient la même chose, on n’aurait pas besoin de deux mots pour les nommer.
Ainsi il était “homophobe” d’exprimer des réserves sur le nébuleux “mariage pour tous”, imposé sans consultation populaire (je précise que l’auteur de ces lignes était potentiellement bénéficiaire de ce projet mais qu’il trouvait un peu fort de café que cette “proposition” ne fasse pas l’objet d’une consultation populaire, vu sa nature propre à bouleverser la société, ce qui était d’ailleurs son but).
POPULISME
A remplacé “démagogie”. Pourtant si la démocratie représentative n’est pas un mensonge, elle est populiste en tant qu’elle serait censée représenter le peuple. Si c’est un mensonge… Dans les deux cas, il serait urgent de savoir qui elle représente.
En France, la démagogie est le fondement de l’illusion démocratique puisque le président est élu sur des promesses que rien ne l’oblige à tenir (selon la Constitution de la Ve république)
Pour revenir au populisme, il est clair depuis très longtemps, au moins depuis la naissance de l’antiracisme, que s’il est une catégorie de personnes qu’il est permis de mépriser et d’insulter, c’est bien le peuple, à partir du moment* où il est blanc.
- cette conjonction est à comprendre dans le sens de la condition et non de la temporalité.
POST (préfixe de postmoderne) :
La modernité est l’ère que nous faisons remonter à la Révolution et à la révolution industrielle, donc matérialiste, histoire d’idéaliser cette modernité qui tourne le dos à la spiritualité et au christianisme.
Postmoderne était déjà démodé, comme tout ce qui avait court avant 2020. Les définitions d’un concept aussi fumeux ne manquent pas et le fait qu’il soit fumeux ne l’a pas empêché de donner lieu à toute une littérature pédante. Les ères ont toujours été définies a posteriori ; le terme « Moyen Âge » a été inventé en 1688 par un protestant allemand, Christophe Keller, et sert à faire croire que mille ans de catholicisme ne sont qu’une transition anecdotique et longuette entre l’Antiquité et la Renaissance – les prémisses de la modernité. Avec le qualificatif postmoderne, déterminer l’époque dans laquelle nous sommes immergés comme si nous avions le recul nécessaire pour la comprendre peut sembler présomptueux mais a une fonction : faire croire que l’homme est en avance sur lui-même.
POST-VÉRITÉ (et “fake news”) :
L’expression de Fake news aurait été popularisée par Donald Trump répondant à ses critiques. En fait, c’est plutôt la presse internationale qui s’est précipitée sur l’aubaine : le président qu’elle dénigrait systématiquement venait d’employer l’expression de Fake news (fausse nouvelle), ce qui était censé suffire à prouver que la falsification était obligatoirement dans le camp de Donald Trump (raisonnement sectaire).
Les médias anti-complotistes, par le fait d’une admirable unanimité, ne voient de vérité ni de complots nulle part. Leur rôle est d’entretenir une amnésie collective : ils ont promptement fait croire que les “fake news” étaient un phénomène inventé par le président américain en fonction pour faire taire ses critiques. En France, il s’agirait de faire croire que “fake news” n’avait rien à voir avec “fausses nouvelles” (déjà interdites par la loi), puisque le gouvernement allait juger nécessaire d’inventer une loi contre cet anglicisme.
Dans un pays où le pouvoir ne sait plus ce que c’est que d’avoir honte de quoi que ce soit, le journal Le Monde (partiellement financé par la Fondation Bill and Melinda Gates en 2019 et 2020) a créé le Décodex.
Incidemment, le terme “post-vérité” est pris très au sérieux sur France Culture, qui tend volontiers un micro aux inventeurs d’eau tiède, comme un certain Sébastien Diéguez, qui pérore sur le “bullshit” pendant une heure sans s’apercevoir que cette notion existe depuis longtemps en français sous le nom de baratin. Il est plus important de maîtriser la pratique que la théorie.
Illustrations : Alex Eckman-Lawn (détails)
source:https://xyloglosse.net/
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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