par Christelle Néant.
Le 17 novembre 2021, après des semaines d’hypocrisie et de mensonges publics de la part des garants occidentaux des accords de Minsk, la Russie a publié les câbles diplomatiques qu’elle a échangés avec la France et l’Allemagne concernant l’organisation de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères du Format Normandie, ce qui a déclenché un scandale diplomatique entre les trois pays.
Depuis des semaines, la France, l’Allemagne, l’Ukraine et la Russie se livrent une véritable bataille informationnelle à coup de communiqués publics qui divergent sur les raisons de l’échec de l’organisation de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères au Format Normandie.
Lassée de lire des mensonges éhontés de la part des garants occidentaux des accords de Minsk, Moscou a décidé d’utiliser une méthode « extrême » pour remettre l’église au milieu du village : publier les câbles diplomatiques des discussions entre la Russie, l’Allemagne et la France concernant cette future réunion au Format Normandie, déclenchant ainsi un scandale diplomatique.
Les échanges originaux étant en russe, allemand et anglais, j’ai décidé, contrairement aux autres médias, de ne pas me contenter de quelques courtes citations, mais de vous traduire intégralement en français les lettres et projets de communiqué commun de la Russie, de l’Allemagne et de la France, avec mes commentaires.
Le 29 octobre 2021, la Russie, via son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, envoie une lettre et une proposition de communiqué commun devant être adopté à l’issue de la future réunion au Format Normandie, tant réclamée par l’Ukraine, la France et l’Allemagne.
Lettre de la Russie du 29 octobre :
Proposition de communiqué commun de la Russie du 29 octobre 2021 :
La proposition de communiqué commun faite par la Russie est très détaillée, et concrète. Le document souligne que les dispositions du Paquet de mesures, ainsi que les propositions de la dernière réunion au Format Normandie n’ont pas été mis en œuvre, rappelle officiellement que le conflit du Donbass est un « conflit interne ukrainien », et qu’afin de le résoudre il faut soutenir « l‘établissement d’un dialogue direct entre Kiev, Donetsk et Lougansk dès que possible ».
Afin d’arrêter de raconter n’importe quoi sur les devoirs et responsabilités de chacun (et entre autre sur les obligations de la Russie), le document souligne que conformément au Paquet de mesures de Minsk « la responsabilité, les droits et les obligations de convenir et de mettre en œuvre des mesures pour résoudre le conflit incombent aux autorités de l’État ukrainien et aux autorités de facto de l’ORDLO [RPD et RPL – NDLR] ».
Ce document pointe aussi le problème que représentent un certain nombre de lois votées par le parlement ukrainien ces dernières années, qui contreviennent totalement aux accords de Minsk.
« Nous pensons que, dans l’intérêt d’un règlement, il est nécessaire de mettre fin aux activités législatives qui sont en violation du paquet de mesures de Minsk, y compris les lois ukrainiennes adoptées sur la langue d’État, l’éducation et les droits des peuples autochtones, ainsi que le projet de loi « sur les principes de la politique de transition de l’État » soumis à la Verkhovna Rada d’Ukraine le 9 août 2021, dont l’adoption rendrait juridiquement impossible la mise en œuvre des accords de Minsk par l’Ukraine et équivaudrait à un retrait de ceux-ci », peut-on lire dans la proposition russe.
Ce projet de communiqué n’oublie pas de rappeler aussi les devoirs de l’OSCE, dont le travail est devenu pour le dire diplomatiquement, de plus en plus décevant.
« Nous exprimons notre soutien aux efforts de la Mission Spéciale de Surveillance de l’OSCE en Ukraine et appelons cette Mission à adhérer strictement aux principes d’impartialité et de transparence, en assurant une surveillance et une vérification efficaces des violations du cessez-le-feu, en menant des enquêtes objectives sur les violations pertinentes, et en reflétant dans les rapports de la Mission des informations exactes et véridiques sur ces violations, y compris les parties au conflit responsables de chacune de ces violations, et les conséquences de ces violations pour l’autre partie au conflit », est-il écrit dans la proposition russe.
Enfin la proposition russe rappelle que le Format Normandie est là « pour soutenir le processus de négociation entre Kiev, Donetsk et Lougansk au sein du Groupe de contact trilatéral », qui est la principale plateforme de négociation, et appelle à « préparer des propositions concertées pour le prochain sommet afin de discuter des conditions politiques et de sécurité, y compris pour l’organisation des élections locales ».
En bref, on a là une proposition de communiqué commun précise, claire, concrète, sans blabla inutile ni formules creuses, avec des rappels sur les devoirs de chacun, et l’énonciation limpide des parties au conflit, de façon conforme aux accords de Minsk.
Quelques jours plus tard, le 4 novembre 2021, la France et l’Allemagne envoient une réponse conjointe signée par leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, à la Russie, accompagnée d’une contre-proposition de communiqué commun.
Réponse conjointe de la France et de l’Allemagne du 4 novembre 2021 :
Proposition de communiqué commun de la France et de l’Allemagne du 4 novembre 2021 :
Et là dès la lettre de réponse conjointe, on tombe des nues. Répétant dans ce courrier diplomatique et confidentiel, ce que la France et l’Allemagne serinent à longueur de conférence de presse depuis des années, Paris et Berlin refusent dans cette lettre la qualification de « conflit interne ukrainien » pour décrire la guerre du Donbass, mais aussi de considérer la Russie comme un simple médiateur au sein du Groupe de Contact Trilatéral ! Pire encore, la lettre franco-allemande déclare que celle envoyée par la Russie « comporte également des dispositions qui ne seront certainement pas acceptées par les États du Format Normandie », notamment « l’établissement d’un dialogue direct entre Kiev, Donetsk et Lougansk » !!!
En clair, la France et l’Allemagne refusent d’obliger publiquement l’Ukraine à négocier directement avec la RPD et la RPL, comme le prévoient pourtant les accords de Minsk que ces deux pays ont signés au titre de garants, comme la Russie d’ailleurs !
En effet, je rappelle à la bande d’amnésiques des chancelleries française et allemande, que les points 9, 11 et 12 des accords de Minsk (voir ma traduction complète de ces derniers) précisent de manière claire que les points politiques de ces accords doivent être réglés par l’Ukraine « en consultation et en accord avec les représentants de certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk au sein du Groupe de Contact Trilatéral », c’est-à-dire avec les représentants de la RPD et de la RPL (Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk).
Comment l’Allemagne et la France, peuvent-elles inscrire à la fin de leur lettre qu’il faut que « les parties au conflit » mettent « pleinement en œuvre les accords de Minsk », tout en refusant d’obliger l’Ukraine à appliquer ce qui est précisément inscrit dans ces mêmes accords, à savoir l’obligation d’une négociation de Kiev avec la RPD et la RPL au sein du Groupe de Contact Trilatéral ! Cela revient à exiger de nager 50 m à la nage sans nager ! Bienvenue en Absurdistan !
Nous revoilà avec le même genre d’aberrations que celles des autorités ukrainiennes qui disent vouloir appliquer les accords de Minsk, tout en les réécrivant (c’est-à-dire en fait signer de nouveaux accords et pas du tout appliquer ceux existants). Les accords de Minsk à la sauce chat de Schrödinger, que l’on demande d’appliquer sans vraiment les appliquer ! Il faut croire que la folie qui règne à Kiev a fini par contaminer Paris et Berlin, pour qu’on en arrive à des déclarations aussi délirantes.
Quant à la proposition de communiqué commun, nul besoin de s’étaler dessus. Le texte est volontairement flou, les parties au conflit ne sont pas précisées, permettant ainsi à la France, à l’Allemagne et à l’Ukraine de continuer à prétendre que la Russie doit appliquer les accords de Minsk (alors que ce n’est pas le cas, allez lire l’intégralité de ces accords, et vous verrez qu’il n’y a pas la moindre mention de la Russie ou de Moscou dedans), et le texte n’est qu’une paraphrase de ces mêmes accords, avec juste de nouvelles dates, dont la plupart sont tout simplement irréalistes.
Par exemple la mise en œuvre du désengagement dans quatre zones pilotes additionnelles à commencer le 1er décembre et à terminer le 31 décembre 2021, alors que l’Ukraine, la RPD et la RPL n’ont toujours pas pu se mettre d’accord sur les quatre zones pilotes concernées depuis maintenant deux ans, c’est de la science-fiction pure.
Tout comme la demande de « continuer à travailler à la mise en place d’un mécanisme de coordination et de vérification efficace pour faire face aux violations du cessez-le-feu », alors que cela fait un an que la RPD et la RPL attendent une réponse concrète de l’Ukraine à leur proposition de mécanisme de coordination, que Kiev refuse toute interaction directe avec les républiques à ce sujet, et que la délégation ukrainienne sabote systématiquement les réunion du groupe de contact depuis lors pour ne pas avoir à en discuter, sans que Paris ni Berlin ne s’en émeuvent !
Le plus surréaliste de mon point de vue a été la demande d’organiser un nouvel échange de prisonniers d’ici le 30 novembre 2021, alors que l’Ukraine refuse toujours d’effectuer l’apurement judiciaire des prisonniers qu’elle nous a déjà rendus !
La conclusion de cette proposition de communiqué commun appelle à organiser un nouveau sommet des dirigeants du Format Normandie pour « procéder à un échange de vues » sur en fait la totalité des points des accords de Minsk, et de se revoir dans six mois « pour faire le point ». Sauf qu’il n’y a pas de points de vue à échanger sur la liste de points énoncés dans ce communiqué. Tout a déjà été discuté, écrit puis signé, et ça s’appelle le Paquet de mesures de Minsk !!! Il n’y a qu’à appliquer ce qui est signé.
On a vraiment la sensation en lisant la proposition franco-allemande, que Paris et Berlin veulent une réunion juste pour le plaisir de se réunir. Il faut croire que contrairement à Sergueï Lavrov et Vladimir Poutine, les dirigeants français et allemands ont du temps à perdre en bavasseries inutiles.
Face à ce délire franco-allemand, la réponse de Sergueï Lavrov, deux jours plus tard, a été cinglante.
Réponse de la Russie du 6 novembre 2021 :
Dans sa lettre, le ministre russe des Affaires étrangères tacle la déclaration de ses homologues français et allemand selon laquelle l’organisation d’un dialogue direct entre l’Ukraine, la RPD et la RPL ne pourrait pas être acceptée par le Format Normandie. Pour lui, cette déclaration discrédite totalement la signature de la France et de l’Allemagne en bas des accords de Minsk.
« Je tiens à vous rappeler une fois de plus que les conditions requises pour un accord avec Donetsk et Lougansk sur l’ensemble des questions liées au statut spécial de ces territoires, à la réforme constitutionnelle en Ukraine (avec la décentralisation comme élément clé) et à la préparation des élections locales sont directement énoncées aux paragraphes 9, 11 et 12 du paquet de mesures de Minsk. En outre, le paragraphe 13 fait explicitement référence à la nécessité de créer des groupes de travail au sein du groupe de contact trilatéral pour mettre en œuvre les aspects pertinents des accords de Minsk. Votre déclaration sur le rejet du dialogue direct entre Kiev, Donetsk et Lougansk discrédite donc la signature conjointe des dirigeants allemands et français sur le document du 12 février 2015 [accords de Minsk 2 – NDLR] », écrit Sergueï Lavrov, qui écrit plus loin espérer que cette déclaration franco-allemande ne signifie pas que les deux pays souhaitent « réécrire les accords de Minsk ».
Plus loin, il souligne la nécessité d’un « réaffirmation claire de l’essence » des accords de Minsk (qui se trouve dans la proposition russe du 29 octobre), « pour surmonter les obstacles artificiels créés en cours de route », car « il n’y a aucune ambiguïté, tout est écrit noir sur blanc, surtout l’exigence d’un dialogue direct entre les parties nommées dans son texte ».
Le ministre russe a aussi taclé l’exigence de laisser la MSS de l’OSCE circuler partout, en rappelant que si la Mission a des droits, elle a aussi des devoirs, et que pour accomplir sa mission elle doit dialoguer et se mettre d’accord avec les autorités de la RPD et de la RPL sur un certain nombre de points. Il souligne aussi que le travail de l’OSCE est décevant, surtout concernant la défense des droits de l’Homme, et ce partout en Ukraine.
Le diplomate en chef de la Russie s’attaque ensuite à l’agenda en quatre points proposé par la France et l’Allemagne pour cette réunion des ministres du Format Normandie. Il souligne ainsi que concernant le cessez-le-feu, la RPD et la RPL l’ont appliqué de manière stricte, pendant que l’Ukraine se dérobait, et n’a fini par appliquer les mesures additionnelles visant à renforcer le cessez-le-feu que de manière très temporaire avant de reprendre ses mauvaises habitudes.
Il a d’ailleurs rappelé que « le mois dernier, le commandement des forces armées ukrainiennes a officiellement désavoué cette décision », qu’il « a été annoncé publiquement que les commandants sur le terrain (parmi lesquels, comme vous le comprenez, il y a pas mal d’ultra-radicaux des bataillons dits volontaires) peuvent décider eux-mêmes quand et comment ouvrir le feu ». Comme le conclut si bien Sergueï Lavrov, « il vous suffit d’obliger Kiev à mettre en œuvre les « mesures additionnelles » du 22 juillet 2020 afin de réaliser la tâche que vous vous êtes fixée ».
Le ministre russe des Affaires étrangères souligne que le deuxième point de l’ordre du jour n’a même pas besoin d’être discuté puisque « la seule chose requise est que Berlin et Paris forcent leurs protégés à Kiev à mettre en œuvre ce à quoi nos dirigeants ont souscrit le 9 décembre 2019 », lors de la dernière réunion au Format Normandie.
« Au demeurant, un rappel de ces accords figure dans notre projet de document final de l’éventuelle réunion ministérielle du Format Normandie du 29 octobre 2021 – mais pas comme un sujet de discussion, mais comme la nécessité pour Kiev de les mettre en œuvre de bonne foi et sans délai », ajoute Sergueï Lavrov.
Il ajoute qu’il ne voit pas l’intérêt de se réunir pour échanger leurs points de vue sur ce qui a déjà été discuté, approuvé et signé en 2015, juste pour le plaisir de se réunir. Il tacle aussi la date annoncée publiquement, en soulignant qu’il avait indiqué qu’il n’était pas disponible le 11 novembre 2021.
« Nous avons expliqué à plusieurs reprises à nos partenaires allemands et français que ce qui nous importe le plus, c’est le contenu des discussions éventuelles et l’état de la mise en œuvre des décisions des sommets précédents. Sinon, les contacts et les accords de nos dirigeants seront discrédités, comme c’est d’ailleurs le cas avec les résultats du sommet au Format Normandie du 9 décembre 2019 à Paris. Mais même en faisant abstraction de votre volonté de substituer la substance aux événements protocolaires pour le plaisir d’organiser ces événements, je ne peux m’empêcher d’exprimer ma perplexité face à la date proposée. Le 11 novembre a été mentionné par Jean-Yves Le Drian lors d’un entretien avec moi à Rome en marge du sommet du G20 le 30 octobre dernier. J’ai répondu en reprenant l’argument ci-dessus sur la priorité inconditionnelle de l’aspect substantiel des contacts et en ajoutant que, de toute façon, j’ai un programme chargé pour le 11 novembre à Moscou, y compris des entretiens avec le ministre des affaires étrangères d’un pays ami. Par conséquent, les déclarations publiques qui ont suivi notre conversation à Rome, selon lesquelles la France avait proposé le 11 novembre pour une réunion ministérielle et attendait la réaction de Moscou, pour ne pas dire plus, ne semblent pas tout à fait correctes », rappelle Sergueï Lavrov dans sa lettre.
Contrairement à ce qu’a écrit Le Monde dans son article sur la publication par la Russie de ses échanges diplomatiques avec la France et l’Allemagne, non, Sergueï Lavrov n’a pas déclaré « avoir été disponible pour croiser ses homologues à la date prévue », puisqu’il dit lui-même le 30 octobre à Jean-Yves Le Drian qu’il a un programme chargé le 11 novembre y compris des entretiens avec un homologue. Il faut croire que le journaliste a fait traduire les câbles diplomatiques par un stagiaire pour avoir à ce point compris de travers ce qui est dit dans la lettre du ministre russe des Affaires étrangères !
Le Drian sachant dès le 30 octobre que Lavrov ne serait pas disponible pour une réunion le 11 novembre, il est clair qu’en voyant de nouveau cette date dans la proposition franco-allemande, et dans les déclarations publiques de la France et de l’Allemagne, Moscou a eu la sensation que Paris et Berlin ont cherché à obtenir un échec concernant l’organisation de cette réunion au Format Normandie, pour ensuite en blâmer la Russie.
Ce qui s’est confirmé par la déclaration commune de la France et de l’Allemagne faite à Bruxelles le 15 novembre, où les deux pays ont menacé la Russie et accusé cette dernière d’avoir refusé « de participer à la réunion ministérielle du Format Normandie ».
Cette déclaration inepte et mensongère a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la patience russe, poussant Moscou à réagir en prenant « une mesure non conventionnelle », à savoir rendre publique la correspondance diplomatique entre les trois pays.
Lettre de la Russie du 16 novembre 2021 :
Cette volonté de la Russie de montrer la vérité, s’est accompagné d’une accusation franche contre la France et l’Allemagne, d’avoir protégé l’Ukraine et d’être allé toujours plus loin dans son sens, alors qu’elle a saboté la mise en œuvre des accords de Minsk.
En exigeant l’application des accords de Minsk tout en violant l’essence même de ce texte, façon chat de Schrödinger, et en mentant éhontément sur les raisons de l’échec de l’organisation d’une nouvelle réunion des ministres du Format Normandie, la France et l’Allemagne viennent d’aggraver sérieusement les tensions diplomatiques avec la Russie.
Au lieu de pousser des cris d’orfraie suite à la publication par Moscou des câbles diplomatiques, Paris et Berlin feraient mieux de se remettre en question, et de corriger leurs erreurs lamentables qui ont amené la Russie à prendre des mesures aussi extrêmes. La patience de la Russie s’érode désormais à grande vitesse, et en provoquant l’ours russe pour plaire à leurs patrons américains, la France et l’Allemagne jouent avec le feu. Comme le dit le dicton, il faut se méfier de ce qu’on demande, car il se pourrait qu’on l’obtienne.
source:https://www.donbass-insider.com/fr/
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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