Ça se calme et puis plaf, un jour, ça recommence, la Bête immonde revient là où on ne l’attend pas (elle est maligne, elle évite les pièges grossiers). Si on n’aime pas le sionisme, ce n’est pas une raison pour se moquer d’un film qui retrace les années 40 à Paris.
Nous sommes en 1941, monsieur Haffmann, bijoutier de métier, est hébergé chez son voisin, alors qu’il a laissé sa famille partir en train. On sait ce que ça veut dire… Pas sûr qu’il retrouve les siens, trois ou quatre ans plus tard, dans le mégabordel qu’est la Seconde Guerre mondiale, avec tous ses déplacements de populations, la redéfinition des frontières, les allers et retours des Allemands du Grand Est (pas la région de Jean Rottner), ceux du Gouvernement général (en ex-Pologne), plus les soldats et familles qui pensaient s’installer en Ukraine, ou en Ruthénie.
Des petits plaisantins, sous pseudo généralement – ils n’ont pas le courage d’être siono-critiques ! –, s’amusent à se moquer non pas des juifs, mais du cinéma qui fait la part belle à la souffrance de cette communauté pendant la guerre, en comparaison, par exemple, à la souffrance des Noirs pendant la Traite, ou des Indiens pendant les invasions espagnole et anglo-saxonne. Et on ne parle même pas des Arméniens et des Tutsis, ou des Hutus qui ont payé cher sous Kagamé leurs coups de machettes d’avril à juin 1994.
Des génocides, il y en a eu malheureusement beaucoup dans l’histoire de l’humanité, et encore, on ne sait pas tout. Et il peut y en avoir encore, on pense aux courageux non-vaccinés, qui craignent de devenir de futurs juifs, dénoncés qu’ils sont par toute la population vaccinée (59 % seraient contre eux, selon un sondage BFM), une population sous occupation pfizérienne.
D’accord, il y a peut-être un peu trop de films sur la Shoah (à peine une centaine par an) par rapport aux autres génocides, mais qui sommes-nous pour juger ? Pourquoi les Noirs ne vont-ils pas frapper aux portes du CNC pour proposer des scénarios sur l’esclavage et réclamer des avances sur recettes, des aides à la création et de la promo sur France Télévisions ? Ah, on nous dit dans l’oreillette qu’un certain « Dieudonné » a essayé, avec son Code noir, mais qu’il a été éconduit.
Arrêtons de comparer les souffrances, Caroline Fourest a dit que c’était une arithmétique sans intérêt, ou un truc dans le genre. On va donc se contenter de dénoncer à la nouvelle Kommandantur, en gros les médias de délation, ceux qui rapportent comme des mômes au pouvoir profond, les commentaires les plus désobligeants.
Au début, ça va : ça vole pas haut, mais ça reste respectueux, malgré une syntaxe boiteuse et une orthographe estropiée.
« Gilles lellouche un vrai acteur, y joue importe quel rôle, il est bon, bientôt obelix force à lui »
« Cool un film sur la second guerre mondial ! »
Ensuite, ça se dégrade, progressivement…
« C’est un bon film avec des acteurs impliqués, j’ai bien aimé, meme si j’ai quand meme vu mieux »
On ne peut pas dire que c’est antisémite, disons pré-antisémite. Attendez la suite. Là, on commence à glisser dans la zone interdite, mais pas celle de La Villardière.
« C’est bon ont a compris ils ont souffert plus que les autres »
« Mdr ils osent encore les bougres ! À mon avis les acteurs et le réalisateur sont en manque de reconnaissance, car avec ce genre de film c’est un strike à tout les coups , césars, palme d’or et même Oscars ils vont tout rafler… »
« Ca fait plaisir de voir la France faire de la SF, pour une fois que c’est pas une comédie à la con. »
Ça y est, les moqueries. Il s’agit sûrement des jeunes blancs-becs, mais que voulez-vous, il faut que jeunesse se passe. En grandissant, ils comprendront qu’il vaut mieux s’afficher sioniste, pour être tranquille. Là, ce sont les glandes et la testostérone en effusion qui leur donnent des ailes, de l’audace. De l’inconscience aussi. Malheureusement, parmi ces « critiques », il y en a qui savent écrire, sans fautes, avec un raisonnement. C’est un vrai problème, car si on peut se dire que les idiots sont antisémites, ou plutôt que les antisémites sont idiots, alors quand ils s’agit de personnes sensées, on dit quoi ?
« D’accord, le travail de mémoire, toussa toussa. Mais sérieusement, la seconde guerre mondiale, on voit des films depuis plus de 50 ans sous tous les angles possibles. Il est temps de passer à autre chose et de réaliser que les juifs ne sont pas les seuls à avoir été chassé par les nazis, et ce ne sont certainement pas eux qui souffrent le plus aujourd’hui. »
« Mais vous en avez pas marre de faire des films que sur ça ? Franchement on a une histoire dense, épique et glorieuse mais on se concentre sur ça… »
Soyons positifs : nous dirons que ces jeunes veulent voir des films sur d’autres périodes, ou alors sur d’autres thèmes pendant cette même et éternelle Seconde Guerre mondiale. Peut-être qu’il faudrait leur narrer, en images, la guerre des Six Jours, du Kippour, la Nakba… Non, pas la Nakba !
Décaler progressivement le cœur du sujet vers d’autres guerres, puis d’autres pays, toujours en douceur, pour ne fâcher personne, et finir, par exemple, par parler de l’atroce guerre civile entre Russes blancs et communistes de 1917 à 1920, une saignée de plus de 8 millions d’âmes, jusqu’à 20 en comptant la famine terrible de 1920-1921 (les deux camps se servant allègrement en grain et viande dans tous les villages), l’épidémie de typhus et les massacres divers entre factions et sous-factions, qui changeaient de camp comme de chemise. Là, en ordre de grandeur, on doit être dans une double ou une triple Shoah, à vue de nez.
Mais cette période révolutionnaire et sanglante, qui va marquer la Russie, puis le siècle, n’est pas enseignée dans nos écoles, qui préfèrent un peu toujours les mêmes trucs. Du coup, ça bassine les jeunes, qui aiment bien le changement : tous les parents auront remarqué que plus on serine un truc à un ado, plus il le rejette. Sa chambre reste mal rangée, ses devoirs pas faits, ses habits pas propres. Il faudrait peut-être leur foutre un rat ou deux dans la piaule, pour qu’ils se mettent à réagir. Et encore, ils sont capables de les apprécier.
À la limite, si on arrêtait de leur parler toujours du même truc en Histoire, peut-être que, par curiosité, ou par esprit de contradiction, ils iraient le chercher… Mieux : si on leur interdisait les livres ou les films sur la Shoah, alors là, connaissant ces emmerdeurs, on est certains qu’ils iraient se documenter sur la période.
Ensuite, la docu, c’est un autre problème.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation