Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2021, le satellite militaire russe non-opérationnel Kosmos-1408, d’un poids de 2200 kgs et en orbite basse (entre 645 et 675 km d’altitude) depuis le 16 septembre 1982 a subitement disparu. Ce satellite déclassé spécialisé ELINT (renseignement électronique) de l’ère soviétique a probablement été détruit en orbite.
Le commandement des forces spatiales des États-Unis a promptement accusé Moscou d’avoir procédé à un essai d’une arme antisatellite “ascensionnelle”, comme le Nudol (A-235) avant de condamner la mise en danger des astronautes de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), un astronaute Allemand de l’ESA (European Space Agency) et les cosmonautes russes de ROSCOSMOS se trouvant à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS).
Le 15 novembre 2021, la station de contrôle de l’ISS à Houston au Texas avisa l’équipage embarqué de la Station qu’une zone de débris a été générée près d’une portion de la trajectoire orbitale de l’ISS. Les astronautes et les cosmonautes ont été instruits de se mettre à l’abri: les Américains et l’Allemand à bord d’une capsule SpaceX (Dragon) et les Russes avec un Américain à bord d’un module Soyouz, tous deux rattachés à la Station. L’ISS traverse le champ de débris toutes les 90 minutes.
Aucune information n’a filtré jusqu’ici sur la réaction chinoise et les mesures prises pour la protection des Taïkonautes actuellement à bord de la Station spatiale chinoise, face au risque des débris orbitaux.
Les milliers de débris générés par la destruction d’un objet spatial demeurent une redoutable menace, même fragmentés en une nébuleuses de petits objets dont le poids ne dépasse guère quelques grammes. Un objet d’à peine quelques grammes lancé à une vitesse de 26 000 km/heure est un projectile dont l’impact peut être plus dévastateur qu’un obus d’artillerie lourde de gros calibre tiré à bout portant et à très courte portée sur terre.
Mais était-ce une arme antisatellite balistique? Rien n’est moins sûr. En dépit de l’engagement de tous les pays disposant d’un programme spatial avancé à œuvrer pour la non militarisation de l’espace extra-atmosphérique, la panoplie des armes antisatellite ne cesse de croître depuis les années 2010 et elles sont loin de se limiter à des ASAT ou à des vecteurs ascensionnels lancés à partir du sol ou d’un aéronef volant en stratosphère. La panoplie actuelle inclut des satellites tueurs de satellite, des vecteurs à impulsion EM (électromagnétique), de nouveaux types de laser, des techniques de sabotage mécaniques et chimiques ainsi que des vecteurs balistiques embarqués en orbite.
Les débris humains en orbite existent depuis 1957, date du lancement du Spoutnik, premier satellite inaugural de l’ère spatiale. Depuis lors, le nombre de débris ne cesse d’augmenter, mettant en danger les activités humaines en orbite et en endommageant parfois des dispositifs. Les boucliers de l’ISS peuvent supporter les impacts d’objets jusqu’à un 10 mm de diamètre mais ne peuvent garantir une sécurité optimale. Toutes les stations orbitales, du SkyLab à l’ISS, en passant par MIR, ont subi des dommages mineurs causés par des débris en orbite.
Nota: le ministre russe de la défense a officiellement reconnu, le 16 novembre 2021, l’essai d’une arme antisatellite au potentiel prometteur contre un satellite non opérationnel (Tselina-D/Kosmos 1408).
Le Département d’Etat US condamné un acte irresponsable et risqué de la Russie remettant en cause l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Pour rappel, le États-Unis disposent d’une branche des forces armées spécialement dédiée à l’espace et ce pays est considéré comme l’un des plus avancés dans la militarisation de l’espace aux côtés de la Chine et de la Russie.
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