par Serge H. Moïse.
Nos premiers pas sur terre nous apprennent que la vie est un combat perpétuel. Pas moyen d’y échapper. En conséquence, aussi bien nous y préparer et l’éducation, au sens noble du terme, demeure le maître mot pour l’émancipation individuelle et collective.
La déplorable confusion entre le concept de l’éducation et celui de la scolarisation, en dépit de toute rhétorique contraire, a porté ses fruits amers et hommage soit rendu aux intellectuels de belle eau tels que Dr Edgard Morin, philosophe bien connu et Dr Gaston Marcotte, professeur associé à l’Université Laval de Québec, d’avoir eu l’heureuse initiative de créer le Mouvement Humanisation afin de tenter de freiner cette dérive qui s’apparente à un nivellement par le bas.
En effet, les modes d’apprentissage modernes tendent vers une robotisation à outrance qui inquiète à plus d’un titre. Albert Einstein avait tiré la sonnette d’alarme en prédisant que les percées fulgurantes de la technologie moderne allégeraient la vie de l’homme tout en atténuant ses capacités à réfléchir par et pour lui-même.
Le constat est maintenant général, la course aux diplômes et aux titres ronflants, à l’occasion vide de contenu véritable, menace sérieusement le fondement de la compétence avérée. Ils sont nombreux à user leur fond de culotte sur les bancs de trois ou quatre facultés et qui en retiennent peu ou prou, mais jouent au Pic de la Mirandole en faisant étalage de titres académiques, histoire d’épater les naïfs.
« C’est à ses fruits qu’on reconnaît l’arbre ». Qu’importe, puisqu’un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire nous dit Nicolas Boileau, les bluffeurs n’y vont pas de main morte et vogue la galère!
L’éducation, rappelons-le, commence au berceau et se continue jusqu’au moment de l’ultime saut dans l’ailleurs. C’est donc un processus permanent du commencement à la fin et la meilleure école, c’est encore celle de la vie.
Toute société qui n’en prend pas conscience dès les premiers moments de sa gestation est condamnée à expérimenter les errements, trébuchements et calamités que nous vivons depuis plus de deux cents ans avec les tristes résultats hélas accumulés.
Quand notre éducation/scolarisation se révèle un « dressage » inconscient évidemment, nous ne pouvons être maîtres de notre destin. La main invisible obtient les coudées franches et nous mène par le bout du nez.
Ce sont les femmes et les hommes qui forment une nation et qui préparent la relève à travers les générations montantes. Si les premiers, égarés dans la nébuleuse, n’arrivent pas à établir l’orientation gagnante, c’en est fait généralement des autres, à moins d’un sursaut salvateur qui peut tarder à se concrétiser.
Le socle d’une société c’est d’abord et avant tout son cadre législatif qui en fixe les règles de fonctionnement, communément appelées constitutions et lois, en adéquation avec sa réalité historique et culturelle, tenant compte de ses perspectives d’avenir au sein d’un monde très pragmatique.
On ne naît pas femme ou homme, on le devient nous dit Simone de Beauvoir et pour pratiquer la vertu il faut un minimum de bien être, nous dit St Thomas d’Aquin.
Ce minimum de bien être ne s’acquiert que par le travail. Attendre la manne du ciel à force de bondieuseries n’a pas contribué à diminuer le taux de chômage en Haïti ou ailleurs. Aussi, contrairement aux balivernes de nos intellos légers et superficiels, la « création d’emplois » dans ce pays dévasté demeure la priorité des priorités.
Tant que les parents ne seront pas mis au travail afin de nourrir, loger et habiller leurs enfants, ces derniers ne pourront recevoir le pain quotidien, encore moins l’instruction adéquate.
Nous devons donc apprendre à nous aider par et pour nous-mêmes, avec ouverture sur le monde extérieur, sans mettre de côté nos spécificités propres car le développement passe par les créneaux culturels, principe fondamental découvert et expérimenté par le grand René Dumont et ses disciples.
D’où viendra-t-il ce sursaut salvateur eu égard à notre « singulier petit pays »?
La situation est tellement chaotique qu’aujourd’hui tout le monde admet qu’il faut la participation de tous et chacun pour éviter le terrible gouffre qui nous pend au nez.
Le dialogue franc et sincère, la conférence nationale, le pacte de gouvernabilité, le nom importe peu, car il s’avère incontournable d’avoir enfin un face-à-face ouvert et constructif autrement, attendons-nous à l’inévitable débâcle dont nous aurons été les premiers artisans.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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