par Maryse Laurence Lewis.
Nous pourrions multiplier les articles exposant les injustices dont souffrent les Palestiniens, dénoncer les expropriations illégales, le harcèlement dont ils sont victimes, en plus des assassinats perpétrés contre eux. Cela ne mettra pas fin aux hostilités qui ensanglantent cette « terre promise ».
Une position inattendue des États-Unis
Depuis 1967, des volontaires juifs prennent le risque de s’accaparer des sites illégaux, en Cisjordanie. Et voilà qu’à présent ils projettent d’y établir 1355 nouveaux logements, lesquels s’ajouteront aux 2000 prévus dès le mois d’août. Les responsables attendent sous peu l’autorisation du Ministère de la Défense pour les réaliser. Bien que ce soit tout à fait étonnant, le porte-paroles de la diplomatie états-unienne, Ned Price, proclame : « Nous sommes profondément préoccupés par le projet du gouvernement israélien ». « Nous estimons aussi que tout effort visant à légaliser rétroactivement des colonies illégales est inacceptable ».
Eretz Israël
Selon le Ministre de la Construction, Zeev Elkin, membre du parti de droite Nouvel Espoir et de la coalition dirigée par Naftali Bennett, la formation du Grand Israël n’est pas achevée. En effet, les croyants en une Terre promise, il y a plus de 2000 ans, ne se contenteront pas du territoire qui leur fut accordé au siècle dernier. Les limites de cette terre varient, selon les ouvrages dans lesquels il en est fait mention. Selon la Genèse biblique, elle s’étendrait « du fleuve d’Égypte à l’Euphrate ». D’autres lieux sont inclus dans l’Exode, le Livre des Nombres et celui de Ézéchiel. Cela pourrait englober une partie de la Syrie, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte. Imaginez quels conflits se profileraient, si ce songe se concrétisait. Souvent, un groupe de jeunes fervents se rend sur les lieux, la nuit, et occupent un espace d’où il est ardu de les en chasser le jour, si l’on veut éviter une curée…
Une solution au conflit israélo-arabe
Étant donné que les dirigeants des États-Unis ont appuyé les Israéliens durant des années, en leur fournissant pour des milliards de dollars d’armes et d’équipement militaire, pourquoi ne pas régler ailleurs cette question « d’un seul État ou de deux États » ? Tous les croyants Juifs s’accordent sur le fait que, selon eux, le Messie n’est pas encore venu. Le retour à Sion ne peut donc être réclamé, en se fondant sur des textes inspirés à des privilégiés par leur Dieu. Il est urgent de régler cette situation de conflits permanents, car même lors des trêves de bombardements, ou de prises illégales de territoires par des Israéliens, les Palestiniens sont soumis à des exactions, du chantage, des autorisations acceptées ou refusées.
Je propose donc que les membres du gouvernement des États-Unis aménagent un État israélien sur leur propre territoire. Leur pays est vaste, les Juifs ont l’expérience de l’agriculture en kibboutzim, alors pourquoi ne pas leur offrir un beau site américain, peu peuplé? Les colonisateurs d’Europe n’ont jamais hésité à prendre possession de territoires déjà développés par des nations qui y vivaient depuis des siècles. Y aurait-il une objection de la part des dirigeants? Ou de la population composée majoritairement de descendants d’immigrés? Y parlerait-on d’antisémitisme, si l’on rejetait cette solution?
Un Birobidjan d’Amérique…
Après tout, l’important, en 1948, s’avérait d’attribuer un territoire à un peuple en diaspora. Beaucoup de sang aurait pu sillonner les veines de plusieurs générations, plutôt que de s’en échapper, si l’on avait décidé d’instaurer un État israélien en Amérique, plutôt que de l’imposer, sans leur consentement, aux Palestiniens longtemps soumis à des envahisseurs.
Qui désire vivre en paix sur la terre promise?
Cette solution concernerait, bien entendu, les habitants attirés par la géographie, les valeurs et la politique des États-Unis. Palestiniens et Juifs, heureux du climat et des traditions qui leur sont propres, pourraient demeurer au Moyen-Orient, à condition de respecter l’intégrité complète de chaque citoyen. Étant donné que les Palestiniens vivaient dans la région, l’État se nommerait Palestine et serait gouverné selon des élections libres, par des candidats s’engageant à respecter les conditions de paix et de respect mutuel, et tout manquement à une gouvernance juste serait immédiatement aboli. Les Juifs n’ont-ils pas toujours peuplés des pays dont la majorité de la population n’était pas issue de leur ethnie? Et ceux qui rêvent d’une région bien à eux, gouvernée à leur manière, l’obtiendrait côte à côte avec leurs alliés de toujours, les États-Unis. Ce ne serait pas le premier cas. Le Brunei est bien enclavé entre des territoires malais et indonésien, sur l’île de Bornéo. Le minuscule Lesotho est serti par l’Afrique du Sud.
Mythe ou réalisme?
Ne traitez pas cette suggestion à la légère. Elle n’émane pas d’une conception naïve de la politique. Est-ce plus sérieux d’invoquer une promesse de territoire, faite aux Hébreux fuyant l’Égypte, mentionnée dans des textes écrits il y a plus de 2000 ans? Pourquoi donne-t-on tant d’importance à cette « promesse », alors que les dirigeants juifs, chrétiens et musulmans qui croient tous aux patriarches Abraham et Moïse, ne respectent pas le commandement : « Tu ne tueras point »? On targue le nationalisme de rétrograde, les États-nations de système dépassé par la mondialisation économique. Et on tolère qu’un mythe, rédigé par des inconnus qui prétendent s’exprimer au nom de Dieu, continue de provoquer des tueries, des démolitions de maisons, des fouilles quotidiennes. Et si on dénonce ces crimes, commis par des sémites contre des sémites, on nous accuse d’antisémitisme, alors qu’il s’agit de démontrer l’archaïsme du sionisme. Et lorsqu’on publie une caricature d’un président « aveugle », conduit par un chien à tête de dirigeant politique, ce n’est pas de l’antisémitisme, mais une critique politique. Si Donald Trump s’était mis à interdire toutes les photos de lui en poses de bulldog ou le ridiculisant, les journaux n’auraient pas eu beaucoup d’illustrations de l’élu à la Maison Blanche! (Poussons l’absurdité jusqu’au bout : ce bâtiment n’est-il pas raciste? Peignons-le en blanc, noir, rouge et jaune pour être inclusif!)
Il a fallu des accords de paix, réalisés à huis-clos, au chalet réservé aux présidents des États-Unis, pour amorcer un semblant de solution. Avec toutes les concessions faites en paroles, par Anouar El-Sadate ou Menahem Begin, en 1978, les multiples interprétations des clauses ont mené à peu de résultats. Cependant, des milliers de victimes ont perdu la vie pour l’attrait d’un mythe.
Critiquer les actions du gouvernement israélien n’a rien de commun avec un quelconque préjugé ethnique. Il s’agit d’observations politiques. Ce qui est criminel devrait pouvoir être considéré comme tel. Aucun pays démocratique ne devrait permettre à un régime répressif de crier à la xénophobie, pour refuser les sanctions émises contre lui. En plus d’imposer leur eugénisme de « peuple élu », les sionistes tentent d’obtenir des pays indépendants une loi empêchant toute critique au régime israélien, en le confondant à de l’antisémitisme. C’est d’autant plus absurde que cette élite exerce depuis des décennies un véritable antisémitisme envers les Palestiniens, jugez-en par ces citations :
« Il n’y a pas de semblable chose que les Palestiniens, ils n’ont jamais existé. »
Golda Meir, 15 juin 1969, discours en tant que Première ministre d’Israël.
« Les Palestiniens sont des bêtes qui marchent sur deux pattes. »
Menahem Begin, 25 juin 1982, discours à la Knesset, cité par Amnon Kapeliouk dans Begin et les bêtes, aux Éditions New Stateman.
« Nous devrions tuer tous les Palestiniens à moins qu’ils ne soient résignés à vivre ici comme esclaves. »
Rafaël Eytan, chef de l’État Major des Forces armées israélienne de défense. Déclaration au New York Times, 14 avril 1983.
Si l’on remplaçait le nom « Palestinien » par « Israélien », ce serait un tollé, un scandale. Les auteurs des phrases perdraient leur réputation, leur poste ou se verraient fustigés et, bien sûr, traités d’antisémites. Les Juifs n’ont pas l’exclusivité d’appartenir à une lignée sémite.
Il n’y a aucune justification à ce que l’on permette aux autorités israéliennes de nier les droits des Palestiniens et même leur existence. Tant que l’on ne considèrera pas la nation juive en tant que peuple comme les autres, les hostilités au Moyen-Orient ne pourront cesser.
Exiger, au-dessus de toutes les nations, un statut d’exceptionnalisme, comme les dirigeants des États-Unis et d’Israël le réclament, c’est ce qu’on pourrait nommer du nazionisme.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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