Un camarade nous transmet le lien d’une ITW du patron du GIGN avec le commentaire suivant :
Interview pleine d’informations essentielles du patron du GIGN, Gislain RETY, le parfait serviteur de la Macronie et de l’État profond.
« il faudrait également fusionner les SRPJ et les SR et plus « simplement » fusionner la police et la gendarmerie. »
« Je ne peux que souligner que, hélas, nous avons eu le 13 novembre une intensité qui a été très élevée ». (Sans intervenir bien que prépositionnés à quelques centaines de mètres du Bataclan).
« nous allons déployer 100 militaires du GIGN en Nouvelle-Calédonie dans le cadre du futur référendum, et ce afin de parer à toute éventualité. »
GIGN : il n’est plus utile de dire ce qui se cache derrière ce sigle qui est connu dans le monde entier. Créé officiellement le 1er mars 1974, le groupe a pour devise : « s’engager pour la vie », une devise lourde de sens comme l’explique dans cette interview le Général Ghislain Rety.
Interview du Général Ghislain Rety, commandant du GIGN, réalisée par Jean-Jacques, directeur de la publication du Monde de la Sécurité Publiée le 25 octobre 2021 à 08h00
Les rangs de cette prestigieuse unité sont composés de 1 000 militaires répartis pour 400 d’entre eux au GIGN central et 600 dans les 14 antennes. Qu’ils soient opérationnels au sein de la force intervention, de l’observation-recherche ou de la sécurité-protection ou qu’ils évoluent au sein des différentes cellules de soutien et d’appui, chacune de ces femmes et chacun de ces hommes a un rôle crucial à jouer dans des opérations dont la complexité n’est plus à démontrer. Depuis la création du GIGN, ses opérateurs ont libéré de très nombreux otages dans le respect le plus absolu de la vie humaine.
Derrière leur cagoule se cachent des hommes et des femmes pour qui la vie, toutes les vies ont une réelle importance.
Découvrez l’interview d’un chef pour qui l’engagement, l’excellence et la force du groupe sont des clefs de voûte.
Pourriez-vous me décrire les grandes étapes de votre parcours ?
J’ai démarré par un lycée militaire, car je voulais à tout prix entrer à Saint-Cyr. J’ai même redoublé ma maths spé pour mettre toutes les chances de mon côté. Après Saint-Cyr, j’ai intégré l’école des officiers de la gendarmerie à l’issue de laquelle j’ai eu une fenêtre de tir pour passer les tests du GIGN que j’ai réussis. J’ai donc fait un premier passage au GIGN de 1995 à 2001 dans un groupe qui était très ramassé, à l’époque, et j’ai terminé en qualité de commandant en second en tant que jeune capitaine.
Je suis parti ensuite commander une compagnie de gendarmerie départementale en Guadeloupe. Je suis revenu comme instructeur à l’école des officiers de la gendarmerie nationale où j’ai encadré une promotion d’élèves officiers.
Plus tard, j’ai intégré l’école de guerre et je suis revenu au GIGN en 2007, dans un premier temps comme chargé de projet, puis comme chef des opérations. Entre-temps, le GIGN avait été démultiplié puisque nous avions fusionné toutes les unités telles que le GSPR ou bien encore l’EPIGN. C’est le général Favier – qui à l’époque était colonel – qui est revenu pour commander cette nouvelle structure.
En 2013, j’ai pris le commandement du groupement de gendarmerie départementale de la Gironde pendant 3 ans. En 2016, j’ai été affecté à la DGGN en qualité de chef du bureau Défense et sécurité nationale. C’est au sein de ce bureau que l’on élabore les doctrines d’emploi, notamment celles relatives aux attaques terroristes.
J’ai ensuite suivi une année de formation au Centre des Hautes Études Militaires (CHEM) et à l’IHEDN. Je suis revenu en 2019 comme chargé de mission auprès du directeur des opérations et de l’emploi à la DGGN où j’ai travaillé notamment sur le Livre blanc et la Sécurité intérieure. Puis, du fait des circonstances, j’ai occupé les fonctions de chef d’état-major de la cellule COVID, avec une structure de plus de 100 personnes pour gérer cette crise qui a impacté la gendarmerie, aussi bien en tant qu’institution que sur le plan de ses missions. L’année dernière, je me suis vu confier le commandement du GIGN.
Devenir commandant du GIGN était-il un rêve lorsque vous étiez jeune officier ?
Non, je ne rêvais pas de devenir un jour commandant du GIGN, mon rêve était de pouvoir tout simplement intégrer le GIGN. Fin 80’/début 90’, le GIGN était commandé par un chef d’escadron, voire un lieutenant-colonel. Personne ne pouvait imaginer à cette époque que le GIGN serait un jour placé sous le commandement d’un général et je m’en réjouis. Mais, me concernant, la question n’a jamais été là.
À l’issue de mon cursus à Saint-Cyr, si je n’avais pas obtenu la possibilité d’intégrer la gendarmerie, j’avais un plan B qui consistait à démissionner pour intégrer la gendarmerie comme sous-officier. Mon objectif d’adolescent était d’intégrer la gendarmerie, puis servir au GIGN. Et j’ai tout mis en œuvre pour atteindre ces deux objectifs. Lorsque je reçois des jeunes gens, mon message est invariable : Fixez-vous des objectifs et faites tout votre possible pour les atteindre afin que vous n’ayez jamais à vivre avec des regrets.
Depuis peu, les antennes du GIGN (AGIGN) sont totalement intégrées administrativement et opérationnellement au GIGN. De quelle manière tout cela se matérialise-t-il ?
Effectivement, les 14 antennes du GIGN sont maintenant rattachées administrativement et opérationnellement au GIGN central. Auparavant, nous n’avions qu’un contrôle opérationnel sur les antennes. Organiquement, s’agissant de la gestion des personnels ou des équipements, c’étaient les régions de gendarmerie qui assumaient cette charge. Cette gestion régionale, outre les aspects purement opérationnels, générait des disparités. Ce dont nous avons besoin est, au contraire, d’avoir un maximum d’homogénéité. De fait, le GIGN est donc passé de 400 à 1 000 personnels.
De plus, le directeur général de la gendarmerie a demandé que je devienne le seul décideur pour l’engagement de la quasi-totalité des missions sur le territoire métropolitain alors qu’auparavant ce type de décision remontait à la direction générale. Comme vous l’imaginez, cette nouvelle organisation nous a fait gagner en réactivité et donc en efficience.
Nous sommes en mesure aujourd’hui d’apporter une réponse à n’importe quelle unité de gendarmerie qui nous formule une demande. Si d’aventure, après analyse, l’intervention ne nécessite pas l’intervention du GIGN, nous nous engageons alors à trouver une autre unité de gendarmerie qui effectuera la mission.
Il y a aujourd’hui une véritable interopérabilité entre toutes les antennes du GIGN. D’un côté, le GIGN central prend en charge les missions les plus complexes et dangereuses et, de l’autre, les antennes du GIGN prennent en charge des missions demandant des moyens et une expertise technique qui sont moindres, mais restant extrêmement dangereuses. À titre d’exemple, il y a 15 jours, nous étions à la recherche d’un fugitif du côté de Lyon. Nous avons fait descendre l’antenne de Dijon, et fait monter l’antenne d’Orange et projeté des opérateurs du GIGN central avec des moyens complémentaires. Avec le GIGN central et les antennes, nous sommes en mesure de répondre à des scenarii extrêmement variés, et ce aussi bien en termes de déploiement des effectifs qu’en termes d’intensité de la crise.
Le Canard enchaîné a récemment révélé que l’hélicoptère de la gendarmerie chargé de protéger l’escorte des accusés des attentats du 13 novembre était interdit de survol de la capitale. Le 14 juillet, le GIGN a été empêché de réaliser une démonstration à Paris La Défense. Comment expliquez-vous ce type de situation qui semble totalement surréaliste pour nos concitoyens ? Existe-t-il toujours une guerre des polices ?
S’agissant des hélicoptères, je ne sais pas vous répondre, car les forces aériennes de la gendarmerie ne dépendent pas du GIGN.
En revanche, au sol, j’ai effectivement des hommes qui escortent les protagonistes des attentats du 13 novembre. Je dois vous préciser que notre mission s’intègre dans un dispositif global de sécurisation. S’agissant de cette polémique concernant l’hélico, vous me permettrez de ne pas la commenter.
Sur un plan purement opérationnel, je ne peux que vous affirmer que mes relations avec mes collègues de la BRI de la préfecture de police de Paris et du RAID sont au beau fixe. Nous travaillons en étroite collaboration et en parfaite intelligence et en cas de crise majeure nous savons et saurons travailler ensemble.
Aujourd’hui, nous avons les mêmes moyens de communication et nous travaillons actuellement sur un logiciel de gestion de crise qui sera le même pour tout le monde. De cette façon, nous pouvons être totalement interopérables. Il peut y avoir des interactions, des superpositions, des zones communes. Le schéma national d’intervention qui a été établi après les attentats de 2015 permet de s’affranchir des zones de compétence. Pour mes collègues de la BRI, du RAID ou pour moi c’est une évidence.
Nous travaillons actuellement sur la Coupe du monde de rugby de 2023 et les matchs préparatoires qui débuteront en novembre prochain. Là aussi, nos relations sont extrêmement fluides, étant entendu que pratiquement tous les sites sont en zone police. Les points de blocage ne sont en aucun cas au niveau opérationnel et je me refuse dans tous les cas à toute forme de polémique.
La menace terroriste reste à un niveau très élevé sur notre territoire, avec des menaces répétées de groupes tels qu’Al-Qaïda ou l’État islamique. De quelle manière le GIGN se prépare-t-il à faire face à des attentats dont l’intensité pourrait être potentiellement plus élevée que ceux du 13 novembre 2015 ?
Je ne peux que souligner que, hélas, nous avons eu le 13 novembre une intensité qui a été très élevée. Mais notre mission a toujours été d’essayer d’anticiper la menace. Lorsque nous nous sommes restructurés en 2007, c’est parce que nous avions observé l’émergence des prises d’otages de masse, comme cela a été le cas dans un théâtre de Moscou en 2002 ou dans une école de Beslan en Ossétie du Nord (fédération de Russie) en 2004. La question qui se posait à nous était de savoir comment faire si de telles prises d’otages se matérialisaient en France. Et comme nous le faisons toujours, nous nous sommes adaptés à la menace. Notre réponse a été de dire : il nous faut des dépiégeurs, il nous faut des spécialistes en brouillage et il nous faut surtout 100 opérateurs interopérables avec les mêmes équipements et la même doctrine, capables d’être projetés en moins de 30 minutes sur n’importe quel site.
Le GIGN a été créé en 1974 suite à la prise d’otages durant les Jeux olympiques de Munich en 1972. Depuis, nous n’avons pas cessé d’identifier les risques et menaces qui pourraient nous atteindre et de nous adapter en permanence afin d’offrir une réponse technique et tactique à la hauteur des enjeux.
La restructuration de 2021 est dans cette logique. Nous savons que nous avons à faire face à des menaces qui sont protéiformes et la gendarmerie dans son ensemble doit être capable d’y faire face et de graduer la réponse en fonction de l’intensité. En leur qualité de primo-intervenants, tous les gendarmes ont été formés pour être en mesure de neutraliser et, pour le moins, de fixer la menace en fonction de l’urgence et du rapport de force. L’acte criminel qui prend forme ne peut être dans un premier temps que du ressort des gendarmes déployés sur le territoire, pour la simple raison qu’ils seront toujours sur place bien avant le GIGN. Une fois la situation stabilisée, le GIGN central et/ou ses antennes peuvent être alors déployés si nécessaire. S’agissant des auteurs qui sont en fuite, nous nous déployons systématiquement, comme cela a été le cas pour les frères Kouachi et les différentes traques largement médiatisées au 1er semestre 2021 par exemple. L’objectif est alors d’interpeller le ou les auteurs et éviter qu’ils ne repassent à l’acte.
Enfin, nous ne perdons pas de vue que les nouveaux modus operandi en matière de terrorisme n’annihilent pas pour autant les anciens. C’est pour cette raison que nous continuons à nous entraîner sans relâche sur les prises d’otages, et ce, qu’elles puissent avoir lieu dans des trains, des avions, des bateaux ou dans de grands ensembles de bâtiments.
En cas de crise de très haute intensité, combien d’opérateurs seriez-vous capable de mobiliser dans les quatre premières heures ?
Nous serions en mesure de faire converger immédiatement 2 ou 3 antennes, soit 36 personnels, mais je suis convaincu que nous pourrions en réunir très facilement 50. Ajoutez à cet effectif les 40 personnels du GIGN central qui sont en alerte, soit une section complète, plus tous les moyens complémentaires qui sont mobilisables en moins de 30 minutes. Il y a une deuxième équipe en alerte, comparable en tout point à la première, mobilisable quant à elle en moins de deux heures. Quatre heures est un temps très long pour nous et j’ai donc la certitude que nous pourrions projeter un minimum de 200 personnels dans un tel délai.
Depuis maintenant plusieurs années, les menaces sur le territoire sont protéiformes, notamment en matière de banditisme et terrorisme. La puissance de feu dans certains quartiers sensibles ne pourrait-elle pas entraîner des situations difficilement contrôlables ? Et ne craignez-vous pas que la situation puisse un jour totalement déraper au travers notamment d’assauts contre les forces de l’ordre ?
C’est un scénario qui est envisageable. Tous les ans, nous travaillons sur une thématique que nous approfondissons au maximum sur une période d’un an. L’objectif de ce type de démarche est de tordre le sujet dans tous les sens et sans aucune retenue intellectuelle.
Cette année, nous travaillons sur la thématique du maintien de l’ordre dans un contexte extrêmement dégradé. La question est de savoir comment le GIGN pourrait apporter un soutien par l’intermédiaire de ses capacités, qu’il s’agisse des véhicules blindés, des drones, mais aussi sur un plan tactique en matière d’intervention, d’acquisition du renseignement, de protection ou bien encore en matière de négociation.
À titre d’exemple, nous allons déployer 100 militaires du GIGN en Nouvelle-Calédonie dans le cadre du futur référendum, et ce afin de parer à toute éventualité.
Depuis le début de l’année, le GIGN a été mobilisé à de nombreuses reprises pour faire face à des forcenés ou tueurs en fuite. Comment expliquez-vous que ce type de faits ait augmenté de manière aussi brutale ?
Concernant les forcenés, la situation s’est calmée depuis le mois de juillet. Mais il est vrai qu’au premier semestre, nous avons connu une très forte recrudescence de ce type de situation.
Personnellement, je pense que les confinements successifs et des situations qui ont été très stressantes pour beaucoup ont contribué à faire perdre tout contrôle à certaines personnes. Dans le contexte sanitaire que nous avons connu, il y a aussi tous ceux qui n’ont pu bénéficier d’un encadrement sur un plan médical et social, comme ils pouvaient l’être dans un contexte général moins dégradé. Et de l’autre côté, il y a tous les acteurs malveillants de droit commun.
La gendarmerie a mis en œuvre tous les moyens pour que les drames ne s’enchaînent pas. Dans certains cas, les moyens considérables qui ont été déployés ont attiré les médias et ont ainsi créé une très forte caisse de résonance.
Qu’est-ce qui différencie le GIGN, le RAID et la BRI-BAC ?
C’est une question délicate à laquelle je vais essayer d’apporter quelques éléments d’éclairage.
La différence vient avant tout de la compétence territoriale (zone police nationale pour le RAID, zone préfecture de police de Paris pour la BRIPP et zone gendarmerie nationale pour le GIGN) ou de la saisine des magistrats dans le cas d’une enquête judiciaire.
Concernant le contre-terrorisme impliquant des avions, des bateaux ou des centrales nucléaires, il y a des plans qui positionnent le GIGN comme pilote sur ce type d’évènement.
La sélection des opérateurs du GIGN central est de 3 mois et la formation initiale dure plus de 12 mois. S’agissant de nos antennes, nous sommes sur un schéma comparable au RAID ou à la BRI, à savoir une sélection sur une semaine et une formation initiale de 2 mois.
Lorsque nous comparons le GIGN central avec nos homologues de par le monde, il n’y a aucun groupe qui a une sélection et une formation aussi poussées. De plus, à la caserne Pasquier, nous disposons de moyens uniques en Europe et très certainement au monde.
Nous avons la chance d’être une unité très attractive et d’accueillir dans nos rangs notamment des anciens des forces spéciales. Il faut savoir que de plus en plus de candidats se préparent aux tests de sélection de manière très poussée en faisant appel à des préparateurs physiques et mentaux. Cette attractivité nous permet par conséquent d’être très sélectifs en poussant les sélections à l’extrême. Nous avons des candidats qui passent les tests 2 ou 3 fois. Sur 250 candidats pour le GIGN central qui sont tous convaincus de réussir les tests, nous n’en sélectionnons qu’une quinzaine par an, ce qui nous permet d’être intransigeant sur les qualités physiques, mais surtout psychologiques et intellectuelles des postulants.
Une autre différence est que tous les officiers sont sélectionnés et formés sur le même parcours que les sous-officiers et ceci est unique en Europe. Cette approche est également applicable pour les antennes. Tous les officiers du GIGN arrivent comme lieutenant et grandissent dans la structure. Mes officiers supérieurs ont tous au minimum 10 ans de GIGN derrière eux.
Pensez-vous qu’il serait souhaitable de fusionner le GIGN, le RAID et la BRI-BAC afin de créer un super groupe d’intervention ? Et sinon, pourquoi ?
Nous avons créé une structure de coordination qui s’appelle l’Ucofi (Unité de coordination des forces d’intervention) pour avoir une parfaite coordination des forces d’intervention de la police ou de la gendarmerie. Il faut savoir que 95 % de nos missions sont au profit des unités de recherches de la gendarmerie, des offices des douanes, de la DGSI, etc. Il y a des critères de compétence territoriale et des critères d’attribution police et gendarmerie pour les enquêtes. Les magistrats sont libres de choisir s’ils attribuent tel ou tel dossier à la police ou la gendarmerie.
Nous avons déjà réalisé plus de 800 missions métropolitaines à cette date pour 2021 et il doit en être de même pour le RAID qui a aussi un taux d’emploi exceptionnel. Il y aura toujours autant de missions et donc aucun gain possible sur la masse salariale. De plus, il faudrait également fusionner les SRPJ et les SR et plus « simplement » fusionner la police et la gendarmerie, mais là nous sommes sur un autre modèle.
En matière de terrorisme, que redoutez-vous plus ?
Ce que je redoute le plus, ce sont des attentats à l’aveugle comme ceux que nous avons eu à connaître dans les années 90 et comme l’on voit dans certains pays étrangers. De plus, des attentats qui impliqueraient des substances de type NRBC seraient très impactants et très difficiles à traiter sur de nombreux plans.
Qu’est-ce qui pousse les opérateurs du GIGN à être confrontés à des risques qui sont toujours extrêmement élevés ?
Je pense que c’est le même élan qui pousse des pompiers à pénétrer dans des bâtiments en feu. Il y a cette volonté de sauver des vies, d’être utile, avec une véritable noblesse d’âme. Se surpasser dans tous les domaines fait partie de leur quotidien, aussi bien à l’entraînement qu’en mission. La particularité d’un groupe tel que le GIGN est que tous les personnels savent qu’ils n’arriveront à atteindre leurs objectifs qu’à l’unique condition de travailler ensemble et en prenant le plus grand soin des uns et des autres.
Les personnels ont cette fierté d’appartenir à un groupe d’élite et ils sont conscients, chacun dans leur domaine d’expertise, que seule l’excellence peut leur permettre de remplir leur mission. Le GIGN c’est une grande famille qui est unie pour le meilleur et pour le pire.
Que représente pour vous la devise du GIGN ? S’engager pour la vie ?
Cette devise est lourde de sens. Nous nous engageons pour sauver des vies, qu’il s’agisse de la vie des victimes ou de celle des individus à qui nous faisons face. Notre objectif est de remettre à la justice les auteurs d’actes criminels et donc de les interpeller vivants, et ce quel que soit leur profil.
Notre priorité première est bien entendu de sauver la vie des otages, mais nous mettrons toujours tout en œuvre pour qu’il en soit de même pour le ou les protagonistes. Les trois-quarts des prises d’otages auxquelles nous sommes confrontés se déroulent dans un cadre familial. Nous nous retrouvons face à des personnes qui sont dans une détresse totale du fait de problèmes financiers, de couple, de voisinage, etc. De très nombreuses situations sont circonstancielles et, une fois celles-ci traitées, un grand nombre de ces individus arrivent à retrouver le droit chemin. Nous sommes formés et entraînés pour sauver la vie des otages, pour que les opérateurs se protègent au maximum, mais aussi pour sauver la vie du preneur d’otages et c’est là toute la différence. Contrairement à d’autres pays, nous mettons tout en œuvre afin de reculer au maximum le stade de la légitime défense.
S’engager pour la vie, c’est aussi être prêt, comme l’ont été certains militaires du GIGN, à sacrifier sa vie pour sauver celles des victimes. En 1997 et 2007, deux militaires du GIGN ont fait cet ultime sacrifice. Ils ont tous les deux estimé qu’ils pouvaient reculer l’usage des armes pour sauver les individus qui étaient retranchés. Ces derniers ont d’ailleurs été interpellés vivants par le GIGN.
Tous nos modes opératoires s’articulent autour de cette devise « s’engager pour la vie ». Notre travail n’a jamais été de rechercher la facilité. Je vais vous prendre un exemple récent qui a eu lieu dans le Calvados. Nous avons eu à faire face à un forcené qui a fait usage de ses armes à 140 reprises. Il a touché à de multiples reprises le blindé, le bouclier de protection et les gilets des opérateurs. Pourtant, à aucun moment les opérateurs n’ont fait usage de leurs armes, car ils ont estimé qu’ils pouvaient appréhender vivant l’auteur. Ce qu’ils ont fait.S’engager pour la vie, c’est ne pas perdre son âme en ne faisant pas ce qui aurait pu être fait, à savoir sauver la vie.
Source : Le Monde de la Sécurité
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