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par Panagiotis Grigoriou.
La Grèce vit sa quatrième journée de fête nationale, intentionnellement neutralisée ou sinon minimisée par le Régime, sous le prétexte COVIDiste. Depuis 2020, les deux grandes journées commémoratives au pays des Hellènes contemporains, à savoir, celle du 25 mars qui célèbre le début de la Guerre d’Indépendance grecque de 1821 contre l’empire Ottoman, puis, celle du 28 octobre, « Le Jour du Non » qui marque le rejet de l’ultimatum de Mussolini du 28 octobre 1940 par Ioánnis Metaxás et sitôt par le peuple grec, subissent toutes deux une forme de suppression larvée et pour tout dire, sournoise.
Le comble, c’est que dans la soirée de ce 28 octobre 2021, Angela Merkel, représentant le dernier nazisme européiste reconverti à l’euthanasie… la plus largement travestie que jamais, est de retour à Athènes. Mitsotákis, sa clique des parasites, ainsi que le reste du prétendu système politique l’accueillent comme prévu les bras ouverts. « La Grèce a mûri grâce aux mémorandums – Angela Merkel, c’est la voix de la logique, et Athènes vous attend toujours en tant qu’amie ». Ainsi va la vie et la Collaboration… historique, de génération en génération.
Pourtant, ce qui en teste du pays réel voudra toujours célébrer sa mémoire du ‘NON’, cette première victoire grecque contre les forces de l’Axe. Une commémoration cependant, que les « dirigeants » actuels font désormais et décidément tout, pour faire oublier. Histoire pourtant connue et d’ailleurs tragique.
Au petit matin du 28 octobre 1940, Emanuele Grazzi, ambassadeur de l’Italie Mussolinienne se rend au domicile privé du Général Ioánnis Metaxás. La Grèce est gouvernée sous sa dictature depuis 1936, mais en réalité, il s’agit d’une autocratie initiée par le Palais et par le chef des Armées le Général Papágos.
La scène se déroule dans le quartier bourgeois de Kifissiá, au nord d’Athènes. Grazzi est porteur de l’ultimatum, exigeant la liberté de passage pour l’Armée italienne en Grèce, ainsi que l’occupation de nombreux lieux et infrastructures stratégiques du pays. Metaxás, d’ailleurs ému, s’y oppose catégoriquement ayant notamment prononcé cette phrase en français : « Alors c’est la guerre », suivie d’un : « Non, c’est impossible », lorsque l’ambassadeur Grazzi insiste, en arguant que « la guerre aurait pu être évitée par l’acceptation bien entendu de l’invasion et de l’occupation » de la Grèce.
Dans les faits, avant même l’expiration de l’ultimatum à 6h00 du matin, l’Armée italienne pénètre le territoire grec par la frontière albanaise, puisque l’Albanie était déjà un protectorat de l’Italie de Mussolini. « Ce fut le moment le plus douloureux et le plus ignoble de toute ma carrière de diplomate », écrira Grazzi dans son journal personnel, publié en 1945. « J’avais devant moi le vieux dirigeant d’un petit pays qui n’a pas cédé, dans toute sa dignité. Sa voix était visiblement émue et en même temps ferme » ~ Emanuele Grazzi, « Il principio della fine – l’impresa di Grecia », Faro 1945.
Metaxás, avait d’ailleurs prévu le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, comme il avait également attendu l’attaque de Mussolini. Il avait d’abord et surtout pris sa décision, celle qui s’imposait en pareilles conditions, à ne pas céder, tout en préparant la Grèce et son armée devant le conflit qui se profilait.
« Ma décision est terrible au cas où l’Italie nous menacerait. J’annonce à Waterlow et Hopkinson les nouvelles depuis Rome, je leur annonce, ainsi qu’à Asimakópoulos, ma décision de résister jusqu’au bout », Sir Sydney Philip Perigal Waterlow était l’ambassadeur britannique à Athènes, Henry Hopkinson, le premier secrétaire de l’Ambassade et Aléxandros Asimakópoulos l’attaché militaire de l’Ambassade grecque à Rome, voilà ce que Metaxás écrivait dans son « Journal personnel », aux dates du 17 mars et du 9 avril 1939, publié à Athènes en 1960.
Le 15 août 1940, le sous-marin italien DELFINO, coule le croiseur grec ELLI… en temps de paix. Le croiseur, alors ancré dans le port de Tinos, escorte un bateau de pèlerins qui participent à la fête de la Dormition de la Vierge. Lors de l’explosion du navire, neuf marins et officiers sont tués et 24 autres sont blessés.
Cependant, le gouvernement grec, désireux d’éviter, ou plus exactement de retarder la confrontation avec l’Italie, annonce que « la nationalité de l’attaquant est inconnue ». Notons qu’après la guerre, l’Italie remet à la Grèce le croiseur EUGENIO DI SAVOIA en guise de compensation pour la destruction de l’ELLI. Le navire italien est alors renommé ELLI, et il sert la Marine de guerre hellénique jusqu’en 1973.
La présence traditionnelle et d’ailleurs officielle du croiseur lors de la grande fête de la Dormition que constitue pour les Orthodoxes le 15 août, puis, sa perte, devient l’élément catalyseur qui par la suite, fera souder le pays lors de l’effort de guerre.
Emanuele Grazzi de son côté, avait pourtant et clairement averti ses supérieurs. Les tensions entre son pays et la Grèce avaient renforcé le sentiment patriotique de la population et finalement, en cas d’attaque, les Grecs allaient opposer une véritable résistance armée. Mais ce point de vue était en contraste frappant avec les vues de Mussolini, et en particulier avec celles de Ciano dont les liens… avec les Anglais ont été par la suite plutôt avérés.
Le poète Yórgos Séféris, lequel n’a jamais apprécié le caractère dictatorial et encore moins l’idéologie du régime de Metaxás, jeune diplomate à l’époque rattaché à l’administration de son ministère à Athènes recevant les correspondant de la Presse étrangère, écrivait dans son journal personnel à la date du 12 août 1940 : « Metaxás est d’une attitude décisive. – Si on m’agresse, alors je mets le feu aux canons ».
La mobilisation générale et autant mobilisation populaire du 28 octobre 1940, ont quasiment surpris. Certains germanophiles qui servaient au régime de Metaxás ne savaient plus comment réagir. Yórgos Séféris nous a encore laissé un texte édifiant et de l’intérieur sur cette période, sous le titre : « Manuscrit – Septembre 1941 » :
« Je n’avais pas de parti, ni chef, ni camarades. Je lisais les journaux grecs seulement par l’obligation qui m’était faite par mon service. Je me souvenais de cette phrase lue dans un roman, prononcée par un soldat de la Guerre de 1914. – Le garde-à-vous est une attitude distante. Par la soumission, j’exécutais alors ma tâche donnée par l’État. Je n’avais aucune préférence politique, je les voyais tous pareils à eux-mêmes, vides, insignifiants, nuisibles ».
« Un monde étranger, un monde qui m’est vraiment extérieur. Ni ceux du gouvernement, ni ceux de l’opposition à la dictature, ne m’étaient sympathiques. Je ne voudrais voir aucun des chefs politiques commander notre navire, ni Metaxás d’ailleurs. Le seul appui populaire de Metaxás fut la lassitude des gens, il n’avait pas le peuple de son côté. Les réactions psychologiques les plus profondes chez ceux du régime, étaient ainsi standardisées par les hommes de la police des renseignements, sur les murs de leurs bureaux ces gens avaient parfois suspendu les photos des dignitaires de la Gestapo. Metaxás en tant que personnalité, était je crois le plus fort de l’ensemble de notre personnel politique restant. Il était certes autoritaire, egocentrique, fanatique et insistant, sauf qu’il avait en même temps plus d’esprit et de carrure que les tous autres ».
« La période de la neutralité, 1939-1940, avait été éprouvante, et pour moi, elle fut même bien lourde. Les instructions étaient : Attitude exemplaire envers tous les belligérants. J’étais d’accord avec cette politique. Nous ne pouvions guère faire autre chose. Lorsque l’Italie est entrée officiellement dans la guerre ; car Mussolini déclare la guerre à l’Angleterre et à la France le 10 juin 1940 à la veille de l’entrée des Allemands dans Paris, notre situation est devenue insupportable. Les officiels Italiens donnaient volontairement l’impression que nous étions leurs asservis. Le correspondant de l’Agence de presse Stefani, un certain Ceresole se comportait envers nous à la manière d’un chef. Je tentais à le maintenir si possible ».
« Deux à trois jours après la déclaration de guerre de Mussolini en juin 1940, on me communique un télégramme, une dépêche italienne alors invraisemblable. Il présentait le peuple grec comme étant soi-disant, très remonté contre l’Angleterre. Plus tard, j’ai réalisé qu’ils voulaient ainsi plutôt préparer l’opinion publique en Italie, en l’habituant à l’idée d’un prétendu courant pro-italien chez les Grecs, et conséquemment, l’invasion qu’ils étaient en train de préparer elle ne pouvait être aux yeux des Italiens qu’une simple promenade ».
« Ce mensonge était si grossier que je l’ai censuré. Aussitôt, je reçois un coup de téléphone, directement d’Emanuele Grazzi. – Bonsoir cher collègue – me dit-il sèchement – J’apprends que vous avez censuré un télégramme de M. Ceresole. Eh bien, je vous avertis que, si vous ne laissez pas passer, je l’enverrai signé par moi-même. Nous verrons si vous oserez l’arrêter de nouveau. Jamais dans toute ma carrière je n’avais tant fait l’effort de rester calme. Je me sentais comme après avoir reçu une gifle. J’ai répondu : – Les télégrammes signés par vous Monsieur le Ministre, ne sont pas de ma compétence. Et j’ai raccroché ».
« Je me suis rendu au bureau de Theológos Nikoloúdis – proche de Metaxás, Ministre de la Presse, service auquel Séféris était rattaché à l’époque – je lui ai tout raconté en ajoutant : Si ces gens continuent à nous humilier de la sorte… alors Monsieur le ministre, nous devrions renter chez nous, vous et moi d’ailleurs. Il était quelqu’un de très susceptible. Il n’a rien dit. Il a rougi, il a réclamé sa voiture et il s’est rendu chez Metaxás. Il en est revenu sous peu, visiblement il transpirait. – Monsieur le président nous prie, m’a-t-il dit, de rester patients, patience. Les moments sont très graves. Nous devons alors faire semblant, reculer ».
« En ces durs moments, Metaxás avait raison. Nous devrions reculer et subir, jusqu’au jour où nous serions attaqués ouvertement pour alors seulement, nous défendre par tous les moyens. C’était aussi mon opinion. Je voudrais préciser qu’à l’époque, personne, ni même les plus fous parmi nous, ne s’attendaient à cette explosion miraculeuse de l’âme du peuple grec et encore moins aux victoires de l’armée grecque sur le front de l’Albanie contre l’armée italienne ».
« Depuis, je me suis forgé cette certitude alors profonde : Cette Grèce ayant engendré le 28 octobre 1940 était une autre Grèce, distincte et étrangère à tous ces Messieurs du personnel politique, appartenant ou pas, au régime de Metaxás. Et lorsque la guerre a éclaté, je pensais souvent à toutes ces phases et basculements psychologiques du destin de cet homme ayant dit NON à 3h du matin à l’Ambassadeur d’Italie » ~ Yórgos Séféris, « Manuscrit – Septembre 1941 ».
Pour les Grecs, le 28 octobre 1940, sa commémoration, sa fête nationale, sont donc synonymes du NON, celui de la dignité, de la résistance et de la liberté. Sa mémoire immédiate a d’ailleurs été célébrée pour la première fois sous l’Occupation. Car l’Allemagne intervint en avril 1941 et depuis, l’Occupation allemande, italienne et bulgare du pays, très dure, durera jusqu’en octobre 1944. Plus précisément, c’est au sein du bâtiment principal et dans la cour de l’Université d’Athènes qu’a eu lieu cette première célébration le 28 octobre 1941. D’autres célébrations et autant actions de Résistance ont été initiées par les organisations de gauche, tel l’EAM, proches du parti communiste KKE.
De nombreux étudiants ont d’abord pris la parole en ce 28 octobre 1941, ensuite, leur professeur Konstantínos Tsátsos, lequel avait épousé Ioánna, la sœur de Yórgos Séféris, a volontairement converti ses cours de la journée en un discours patriotique, quand il a notamment invité ses étudiants à célébrer la mémoire du NON sur la Place de la Constitution, devant la tombe du Soldat inconnu. Les forces occupantes ont cependant bloqué la place, et Tsátsos a été sitôt renvoyé de l’université.
Pour le deuxième anniversaire, le 28 octobre 1942, la célébration s’est tenue sur la place de la Constitution, à l’initiative des organisations EPON des jeunes résistants de gauche, et de PEAN des jeunes résistants de droite. Enfin, pour la première fois, cette journée désormais historique a été célébrée officiellement le 28 octobre 1944, par un défilé devant le premier ministre Yórgos Papandréou.
Le paradoxe en somme apparent, de la Grèce contemporaine, c’est qu’elle célèbre, non pas la fin de la guerre du 8 mai 1945, mais ses débuts, du 28 octobre 1940. Ce n’est pourtant guère une attitude surprenante, quand on considère l’histoire des années 1940 dans les Balkans.
La Grèce, libérée entre septembre et octobre 1944, aura sitôt ressenti le goût très amer de la terrible Bataille d’Athènes entre décembre 1944 et janvier 1945, autrement-dit, la phase II de la Guerre civile, opposant la gauche à la droite ; le tout, dans un climat de longue guerre civile allant de 1944 à 1949. Et c’est ainsi qu’au pays meurtri ayant déjà perdu près de 10% de sa population entre 1940 et 1944, on ne pouvait pas, comme on ne voulait guère célébrer d’autres événements que le NON, au risque sinon de sombrer dans le terrible gouffre de la division, voire, de la haine.
En 2021, l’automne généralisé est désormais européen, pour ne pas dire occidental et dans un sens mondial. La commémoration du 28 octobre est derrière nous, sauf pour ce qui est des agissements des politiciens robotisés. Un monde étranger, un monde qui nous est vraiment extérieur. Ni ceux du gouvernement, ni ceux de l’opposition ne nous sont sympathiques comme dirait notre poète Yórgos Séféris. C’est même plus franc de nos jours, « nos » gouvernants sont nos ennemis.
En ville de Tríkala, en cette Thessalie bien profonde, la commémoration officielle fut un ersatz de plus et de trop. La fanfare municipale était de la partie, de même que le Maire, un grand adepte du nouvel ordre métastasé. Enfin, un pauvre détachement des élèves de l’École des sous-officiers de l’Armée grecque qui est basée à Tríkala, présentait… les honneurs. Durant la messe célébrée à la manière d’une besogne dans une Cathédrale avec si peu de monde, tout était à l’image de son prélat, c’est-à-dire à la hauteur… du satanisme ambiant sous le linceul COVIDiste du Grand Reset. Depuis le Péloponnèse, le chef de l’Eglise locale de Messénie déclare même « que l’équivalent du souffle de la Liberté de 1940, c’est aujourd’hui le vaccin ». Le meilleur des mondes de la culture de l’annulation.
Et quant aux défilés, celui des écoliers comme celui des militaires, ils ont été interdits en Thessalie sous le prétexte COVIDien, pendant que toutes les manifestations à la mode du totalitarisme minoritaire sont largement admises, y compris cette même semaine et comme par hasard, celles des Pakistanais et des Gitans.
Thessalie occidentale, pays aux montagnes escarpées, aux rares animaux parfois encore sauvages, aux belles églises, autrefois offrant refuge aux Résistants, aux villes et aux bourgades enfin endormies sous la fraîcheur du soir ou du petit matin. Comme de coutume, les habitants de Tríkala ont été de sortie, surtout que les cafés et les bistrots avaient déjà installé partout leurs chauffages au gaz dans les espaces ouverts, pour les… sujets non-vaccinés.
Les sujets vaccinés quant à eux, ils s’entassaient sans masque ni distances à l’intérieur, et l’on nous dit que le COVID galope de nouveau et que les hôpitaux de la Thessalie sont débordés, sachant qu’il y a moins de lits disponibles… après avoir expulsé les hospitaliers non-vaccinés. En même temps, entre janvier et septembre 2021, le pays connait une vraie surmortalité de plus 10 000 décès, en comparaison à la période équivalente de 2020 et qui reste à interpréter, voire, à expliquer. Mais enfin, en ce 28 octobre, ce n’est pas le sujet du jour.
Reste aussi le cas des amis Italiens, en dépit des événements des années 1940. Certains se sont installés à Trikala depuis ces années de guerre, et d’autres, sont par exemple venus ouvrir une boutique ces dernières années. Il faut dire que la mémoire collective grecque ne conservera pas grand-chose… de très actualisable en ce qui concerne la figure ennemie de l’italien de 1940, contrairement, il faut dire, à la figure analogue de l’occupant allemand et ceci, en dépit des efforts sans cesse réactualisées de l’Ambassade allemande comme de ses gouvernements à Athènes.
Disons que l’actuelle hégémonie néocoloniale allemande au moyen des piètres euphémismes de ladite Union européenne, n’arrange vraiment rien. Et à l’époque, au moment du revirement italien de 1943, faisant suite à la Proclamation de Badoglio du 8 septembre 1943, certaines unités de l’armée italienne livrèrent leurs armes aux partisans communistes grecs ; notamment, la Division Pinerolo en Thessalie.
Le récit de Romolo Galimberti « Scarpe rotte » – Les godasses trouées – raconte très précisément son passage entre les deux camps, ainsi que son engagement auprès des Résistants en Grèce, son livre a été d’ailleurs traduit en grec.
Il faut dire que le sort des Italiens en Grèce entre 1943 et 1944 a été terrible. De nombreux combattants Italiens se rangent alors du côté des Résistants, mais les pertes italiennes ont été énormes, l’épisode tragique le mieux connu est celui de la division Acqui en Céphalonie. Après s’être vaillamment battu contre les forces allemandes, elle est anéantie, ses hommes ont été exécutés par les Allemands, plusieurs milliers de morts… tout de même.
Pays montagneux aux faits bien rudes. Sur ces lieux, on commémore autant le sacrifice des soldats et cadres de l’Armée italienne, toujours ceux de la Division Pinerolo, passés aux côtés de l’ELAS, ayant refusé de rejoindre les Allemands après l’armistice, la Proclamation du Général Badoglio le 8 septembre 1943.
Désarmés et livrés à leur sort suite au retrait de l’ELAS, l’armée des Résistants procommunistes, vers des positions plus sûres, ils ont été décimés par la famine et par les maladies. Plus deux mille Italiens ont tragiquement péri, ils ont été enterrés dans la région. Leurs dépouilles ont été finalement rapatriées par les autorités italiennes en 1956. Ils ne sont pourtant pas oubliés ; à part leur monument près du lac Plastíra, tous les ans, les communes de la région ainsi que l’Ambassade de l’Italie organisent leurs journées de la mémoire, émouvantes et nécessaires.
Pays montagneux aux faits rudes et ainsi accomplis. Après le revirement italien, la Thessalie fut par la suite… gardée par une Division SS augmentée « pour des opérations de sécurité », la 4ème SS Panzer Division Polizei. Et la région, a sitôt vu pratiquement tous ses villages de montagne anéantis par ces… guerriers d’un bien autre niveau. C’est enfin tout le sens de la visite Merkel à Athènes en ce moment, « nous sommes toujours là ».
Et pour ne guère oublier… le détail en histoire, lors de l’Opération « Panthère » sur les montagnes du Pinde en cette Thessalie occidentale, opération d’envergure durant laquelle, plusieurs villages ont été brûlés par les Allemands, y participait également le Bataillon 842 de la Légion musulmane caucasienne, le Kaukasisch -Mohammedanische Legion, cette unité de volontaires de l’armée allemande de 1942 à 1945 pendant la Seconde Guerre mondiale, composée de nord-caucasiens, d’Azerbaïdjanais, de Tchétchènes, de prisonniers de guerre, de défections, et d’autres éléments… tellement « incontrôlables ».
On trouvera d’ailleurs dans les archives du Foreign Office, une note datant du 24 avril 1944 au sujet du Bataillon 842. « Depuis Kalambáka sous les Météores, cette unité de deux cent hommes, est prête à passer du côté britannique, sauf que ces soldats ne veulent pas tomber dans les mains des partisans communistes de l’ELAS » ~ Chrístos Tsiólas, « Les visages de la Peur. Les forces de l’Occupation en Thessalie et leurs Collabos », Athènes 2018.
Ainsi, près de 4000 habitations et 20 églises ont été détruites durant le terrible automne 1943, lors de l’Opération « Panthère ». Le Pinde, sa population et leur culture ne se sont plus jamais remis depuis, en dépit des apparences. Mais alors en 2021 et en ville de Tríkala, en cette Thessalie bien profonde, la commémoration officielle fut encore un ersatz comme partout ailleurs du côté de la Grèce des notables xénocrates, fanfare alors comprise.
Notons enfin qu’au-delà de Metaxás du 28 octobre 1940, la Grèce très officielle du Palais et de son état-major étaient plutôt défaitistes. Car l’Armée d’en haut était contrôlée par le Roi Georges II, c’est-à-dire par Londres, et non pas par Metaxás. Et sur le terrain, tandis que les plans italiens étaient suffisamment connus suite à un crypto de l’Ambassadeur de la Grèce en poste à Rome Ioánnis Polítis, le Palais et son chef d’État-Major Aléxandros Papágos avaient préparé un plan de repli, offrant d’emblée la région de l’Épire à l’Armée de Mussolini.
Papágos et ses estafettes, devaient se rendre compte que les Italiens étaient au courant du plan secret grec, et que leur objectif était d’occuper rapidement l’Épire, ce que le plan « grec » concédait. L’ambassadeur britannique d’alors à Athènes, Sir Michael Palairet, dans son télégramme d’Athènes du 28 septembre 1940, publié dans les archives du Foreign Office, informa son gouvernement « que le chef d’État-Major général, le général Papágos, était disposé, si cela était jugé nécessaire, céder l’Épire aux Italiens ». Par conséquent, lorsque Papágos a ordonné aux unités grecques sur le terrain à se contracter, il servait les plans italiens… ou plutôt anglais.
Sauf que sur le terrain, se trouvait également le Général Charálambos Katsimítros, commandant la 8e Division d’infanterie de Épire, basée à Ioannina. Et ce général issu du « bas peuple », avait pris la décision d’organiser la défense avancée et surtout, de tenir Elaia ou Kalpáki malgré les instructions contraires de l’État-Major, et ainsi, il a réussi à le défendre contre des attaques répétées jusqu’au 9 novembre. De cette manière, il parvint à contenir l’offensive italienne dans le secteur de l’Épire et gagna un temps précieux jusqu’à l’arrivée des renforts grecs.
La comparaison entre Katsimítros et Papágos n’est pas seulement une question historique. Elle relève de l’essentiel, quant à la différence entre le patriotisme des Grecs du terrain, et la trahison cette fois historique des oligarchies dominantes.
Car d’abord, Papágos fut un enfant de la ploutocratie et de la xénocratie. Né à Athènes en 1883, il a grandi au sein d’une famille aisée qui entretenait des relations étroites avec la famille royale. Sur le papier, son père était le chef d’État-Major du Ministère de la Défense, le lieutenant-général Leonídas Papágos. Mais on suppose du côté des historiens… qu’il pourrait être plutôt le fils non-reconnu officiellement du Roi Georges Ier.
Papágos a donc étudié pendant deux ans, de 1902 à 1904 à l’école militaire de Bruxelles et entre 1904 et 1906, à l’École de cavalerie du Ministère de la Défense à Ypres. Militaire exclusif des bureaux, il a été nommé par George-II chef d’État-Major général de l’armée le 1er août 1936.
Au contraire, Charálambos Katsimítros est né dans un village de montagne d’Evritanía en Grèce Centrale, à Klítsos près de Fourná en 1886, et alors enfant d’une famille pauvre, il s’engagea dans l’armée en tant que volontaire. Ensuite, après être passé par l’École des sous-officiers en 1911, car Katsimítros ne fréquenta pas les écoles étrangères et ne fut pas promu par les… « spécialistes » initiés, il devient général sur le champ de bataille, toujours en première ligne entre 1912 et 1940. Promu déjà colonel en 1930 et lieutenant général en 1937 par Metaxás, ce dernier le nomme enfin en 1938, commandant de la VIIIe division d’infanterie en Épire.
Au contraire et même malgré Papágos, Katsimítros dans son « Ordre du Jour » au 30 octobre 1940 soulignait ceci : « C’est à partir d’aujourd’hui que notre Division doit tenir ses positions organisées par toutes ses forces. Ainsi, à tout endroit, le combat décisif contre l’ennemi sera notre unique but. Et s’il le faut, nous tomberons tous ». Telle fut la doctrine Katsimítros, en antithèse complète avec les chefs défaitistes de l’État-Major général, installé déjà à l’Hôtel Grande-Bretagne à Athènes.
De ce fait, le soldat de terrain Katsimítros savait que comme depuis toujours en ce pays, il devait se défendre sur les détroits. Cela a également été d’ailleurs parfaitement compris par le lieutenant de réserve d’Albanie, Odysséas Alepoudélis, le poète Prix Nobel de Littérature en 1979, Odysséas Elýtis de son nom de plume, lequel a écrit : « C’est à ces détroits que j’ai ouvert les mains – C’est à ces détroits que j’ai vidé mes mains ».
Elýtis est à l’époque rattaché, avec le grade de sous-lieutenant, à l’État-Major du 1er Corps d’Armée, puis incorporé au 24e Régiment d’Infanterie. Il est transféré sur la zone des combats le 13 décembre 1940, au moment où le froid s’abat sur l’ensemble du front. Sous le feu des batteries d’artillerie italiennes qui pilonnent les positions grecques, Elýtis reste d’abord cloué au sol, blessé au dos par des éclats d’obus. Puis, dans les conditions d’hygiène lamentables, il est autant victime d’un cas sévère de typhus. Évacué sur l’hôpital de Ioannina le 26 février 1941, il lutte durant plus d’un mois contre la mort ; et il a témoigné lui-même de cet épisode dramatique.
Faute d’antibiotiques à cette époque, la seule chance de salut contre le typhus résidait dans la résistance de l’organisme. Il fallait patienter, immobile, avec de la glace sur le ventre et quelques cuillerées de lait ou de jus d’orange pour toute nourriture, pendant les jours interminables où durait une fièvre de 40° qui ne baissait pas. Après une phase d’inconscience et d’hallucination, où les médecins l’ont cru perdu, Elýtis miraculeusement se rétablit.
Lors de son discours de Stockholm en décembre 1979, le poète est revenu sur l’importance, si ce n’est que de certains mots, venus de bien loin.
« Et me voici, aujourd’hui, à l’escale de Stockholm avec pour seul capital, dans mes mains, quelques mots helléniques. Ils sont modestes, mais vivants puisqu’ils se trouvent sur les lèvres de tout un peuple. Ils sont âgés de trois mille ans, mais aussi frais que si l’on venait de les tirer de la mer. Parmi les galets et les algues des rives de l’Égée. Dans les bleus vifs et l’absolue transparence de l’éther. C’est le mot ciel, c’est le mot mer, c’est le mot soleil, c’est le mot liberté ».
Liberté, comme en ce 28 octobre 2021.
source : http://www.greekcrisis.fr
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