La mère de Maeva se désespère de ne pas avoir de nouvelles de sa fille depuis plus de 4 mois. / DDM. Lucas Serdic
Plus de 4 mois après la disparition de Maeva, 13 ans, ses parents sont toujours plongés dans un océan d’incertitudes et d’interrogations. Qu’est-il arrivé à leur fille ? Est-ce qu’elle va bien ? Plus que tout, ils veulent la retrouver.
Perchée en haut de son échafaudage, Fatima s’attache à faire son travail du mieux qu’elle peut. À coups de karcher, elle nettoie la façade de la grande bâtisse plantée devant la mairie de Graulhet, à deux pas de chez elle. Quand la pause déjeuner sonne et qu’il est temps de descendre, elle est d’abord décontenancée de voir un journaliste l’aborder, mais elle se ressaisit immédiatement : “Vous venez pour ma fille c’est ça, pour Maeva ?”
Très vite, la discussion s’enclenche, sans tabou. Rapidement, les larmes coulent sur son visage masqué. “Vous savez, c’est très dur. Elle est ma seule famille ici, c’est ma fille et elle ne donne aucune nouvelle, je ne sais pas où elle est, si elle est en danger… Il faut la retrouver !” “Heureusement, j’ai le travail qui m’aide à tenir, enchaîne cette mère courage. Ça fait 14 ans que je suis en France, tout le reste de ma famille est au Maroc, j’ai beaucoup travaillé pour m’insérer et vivre correctement ici. J’ai ce travail dans le bâtiment depuis cinq ans et ça se passe très bien.”
“On ne peut pas s’empêcher de s’imaginer les pires choses”
“Si elle n’avait pas le travail, elle ne tiendrait pas, confirme son entourage que nous avons également rencontré à Graulhet. Dont son ancien mari, Francis Antolin, le père de Maeva. Séparés depuis bientôt dix ans, les deux parents ont gardé de bons rapports. “Elle a la garde de Maeva, ce que je trouve tout à fait normal, mais on partageait nos temps de garde sans aucun souci”, précise le père de la jeune fille.
Pour ces deux parents, l’attente devient insupportable. “Vous savez, tant qu’on est au travail, on prend l’air… Mais dès qu’on se retrouve à la maison, seul le soir, là ça devient très difficile, on ne peut pas s’empêcher de réfléchir, de s’imaginer les pires choses”, souffle avec peine le père de la jeune fille. “Ça me fait vraiment mal de ne plus la voir”, appuie sa mère.
L’origine du départ de leur fille ne fait guère de doute dans leur esprit. Elle avait déjà fui vers Toulouse la semaine précédente, le temps d’un gros week-end. C’est la police toulousaine qui avait mis la main dessus à la faveur d’un contrôle d’identité un peu chahuté. Maeva avait été ramenée à ses parents, puis à l’internat où elle avait été placée, à Albi, pour tenter de retrouver le chemin des études.
Outrage
Mais une semaine plus tard, l’adolesecente a de nouveau disparu. Le 14 juin dernier. “Elle avait prévu son coup de toute évidence, puisqu’elle a échangé des habits avec une copine au moment où elle devait prendre le bus”, croit savoir Francis Antolin. Et depuis, plus rien. “Elle m’a bloquée sur tous les réseaux sociaux”, regrette son père, qui n’a eu de nouvelles que par certaines “amies” de sa fille, sans savoir à quoi vraiment s’en tenir. “Et les gendarmes ne me tiennent pas vraiment informé. J’ai même ‘pris’ un outrage pour avoir été un peu trop véhément à leur encontre. Je veux juste qu’ils me disent s’ils savent quelque chose.”
Ce qui est sûr, c’est que “contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, on ne fait pas rien depuis quatre mois. On ne vient pas de se réveiller. Je ne sais pas pourquoi cela prend autant de temps.” Les fréquentations récentes de la jeune fille sont sans doute au cœur de son départ. “Quand elle n’allait pas en classe, je sais qu’elle traînait avec des jeunes pas trop fréquentables. Je la retrouvais, je pouvais lui courir après, mais qu’est-ce que je pouvais faire de plus ?”, se désole la mère de Maeva, suspendue, comme son ancien compagnon, à la moindre nouvelle de Maeva.Lucas Serdic
Source : La Dépêche
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme