
Vendredi dernier, au moment de voir le film de Denis Villeneuve, je ne connaissais encore rien de Dune. Rien. Et une vingtaine de minutes dans l’histoire m’ont vite fait réaliser que Dune n’est pas une saga de science-fiction comme les autres. Fascisme, fanatisme religieux, colonialisme, capitalisme, écologie… l’auteur, Frank Herbert, a créé un univers gigantesque et complexe qui reflète étrangement le nôtre.
Pour cette raison, et parce que Villeneuve prend le temps d’installer cet univers, Dune est fascinant mais aussi par moments épuisant à regarder : ses 155 minutes sont ressenties comme une lente plongée dans ce que notre histoire a connu de plus sombre. Pour cette même raison, je n’enlèverais aucune minute de ce film.
Hollywood rêvait depuis longtemps de mettre à l’écran l’œuvre de Frank Herbert. Deux réalisateurs s’y sont essayés, Alejandro Jodorowsky et David Lynch, mais leurs projets jugés trop extravagants ou ambitieux furent tous deux coupés courts : celui de Jodorowsky ne dépassa pas l’étape du stroyboard
Une histoire de famille
Quête identitaire
Messianisme inversé
Tout en longueur
À l’instar de Christopher Nolan, le réalisateur québécois est connu pour sa capacité à créer des mondes réalistes, tactiles, reposant sur des décors réels et des effets spéciaux mécaniques plutôt que numériques. La bande sonore signée Hans Zimmer est immersive et probablement sa plus innovatrice depuis La Mince Ligne rouge, et en fait tout le montage sonore, imposant et entêtant, aide à donner cette qualité physique au film. Certaines images sont véritablement grandioses, et malgré la longueur du film, j’aurais souhaité par moments que le cinéaste ralentisse encore et étire les plans, à la manière de 2001 : l’Odyssée de l’espace auquel le film fait d’ailleurs un ou deux clins d’œil visuels (comme également à Laurence d’Arabie et Blade Runner).
Allez au désert
Refusant d’utiliser des fonds verts, Villeneuve est allé tourner dans les déserts Rub al-Khali (Émirats arabes) et Wadi Rum (Jordanie), et sur les côtes de Norvège. Aussi, lorsqu’on les voit dans leur entièreté, les planètes de Dune ressemblent étrangement à celles de notre propre système solaire. Le cinéaste crée ainsi des images qui tout en étant d’un autre monde – je pense particulièrement à ces deux lunes d’Arrakis qui surplombent parfois les protagonistes –, créent une impression de familiarité.
Dans cet univers immense et complexe, où l’Épice permet de tracer des chemins entre des systèmes solaires éloignés, Dune ramène notre regard à un monde si proche de nous et pourtant inconnu : le désert. Pas seulement le désert mais celui qui l’habite, l’étranger qui est pourtant mon prochain. Comme si Frank Herbert en tournant son regard vers les étoiles voulait utiliser l’espace comme un miroir, pour nous faire regarder l’humanité et nous demander qui nous sommes.
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- Malgré tout, plusieurs idées de Jodorowski et des images du storyboard furent reprises dans des films tels Alien, Contact, Blader Runner, La Matrice ou Prométhée.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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