Système machinique, ébranlements historiques et Crise finale du travail de la valeur…

Système machinique, ébranlements historiques et Crise finale du travail de la valeur…

Les petites conditions font les mesquines conceptions, et il faut beaucoup d’intelligence et d’énergie à celui qui vit en Allemagne pour être capable de voir au-delà du cercle tout à fait immédiat et ne pas perdre de vue l’enchaînement général des événements historiques. Rien n’est plus aisé que d’y tomber dans “l’objectivité” de ceux qui sont satisfaits et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, autrement dit le subjectivisme le plus borné qui soit, même s’il est partagé par des milliers d’individus semblables.

Engels, Lettre à Bernstein du 25 janvier 1882

Réduite à une simple abstraction d’activité, l’activité de l’ouvrier est déterminée et réglée de tous côtés par le mouvement de la machinerie et non l’inverse…
Dans la production mécanisée, l’appropriation du travail vivant par le travail objectivé, – appropriation qui tient au concept même de capital, est posée comme caractère du procès de production lui-même, y compris sous le rapport de ses éléments matériels et de son mouvement matériel. Le procès de production a cessé d’être procès de travail au sens où le travail considéré comme l’unité qui le domine serait le moment qui détermine le reste. Le travail n’apparaît au contraire que comme organe conscient, placé en de nombreux points du système machinique, dans des ouvriers vivants pris un à un ; dispersé, subsumé sous le procès global de la machinerie elle-même, n’étant lui-même qu’une pièce du système, système dont l’unité existe, non dans les ouvriers vivants, mais dans l’activité de la machinerie vivante qui apparaît face à l’activité isolée insignifiante de cet ouvrier comme un organisme lui imposant sa violence.

… Au-delà d’une certaine limite, le développement des forces productives devient un obstacle pour le Capital ; donc le rapport capitaliste devient un obstacle au développement des forces productives du travail. Parvenu à ce niveau, le Capital, autrement dit le travail salarié, entre vis-à-vis du développement de la richesse sociale et des forces productives dans le même rapport que les corporations, le servage, l’esclavage… Il devient un blocage dont, nécessairement on se débarrasse. L’ultime figure servile que prend l’activité humaine, celle du travail salarié d’un côté, du Capital de l’autre, se trouve ainsi dépouillée, et ce dépouillement lui-même est le résultat du mode de production correspondant au Capital ; les conditions matérielles et intellectuelles de la négation du travail salarié et du Capital, qui sont déjà elles-mêmes la négation des formes antérieures de la production sociale non libre, sont elles-mêmes résultats de son procès de production. L’in-adéquation croissante du développement productif de la société aux rapports de production qui étaient les siens jusqu’alors s’exprime ainsi dans des contradictions aiguës, des crises et donc des ébranlements

Marx, Manuscrits de 1857-1858

De nos jours, ces aspirations ont été de beaucoup dépassées, grâce à la concurrence cosmopolite dans laquelle le développement de la production capitaliste a jeté tous les travailleurs du globe. Il ne s’agit plus seulement de réduire les salaires anglais au niveau de ceux de l’Europe continentale, mais de faire descendre, dans un avenir plus ou moins prochain, le niveau européen au niveau des chinois. Voilà la perspective que M. Stapleton, membre du Parlement anglais, est venu dévoiler à ses électeurs dans une adresse sur le prix du travail dans l’avenir. « Si la Chine, dit-il, devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l’Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents ».

Marx, Le Capital, Livre Premier

Comme la baisse du taux de profit correspond à une diminution du travail immédiat par rapport au travail objectivé qu’il reproduit et qu’il crée de nouveau, le Capital met tout en oeuvre pour contrecarrer la baisse du travail par rapport au quantum de capital en général autrement dit, de la plus-value exprimée comme profit par rapport au capital avancé. Il tentera en outre, de diminuer la partie attribuée au travail nécessaire et d’augmenter encore davantage la quantité de surtravail par rapport à l’ensemble du capital employé, en conséquence, le maximum de développement de la puissance productive, ainsi que le maximum d’extension de la richesse existante correspondront avec la dévalorisation du capital, la dégradation de l’ouvrier et un épuisement grandissant de ses forces vitales. Les contradictions provoqueront des explosions, des cataclysmes et des crises au cours desquels les arrêts passagers de travail et la destruction d’une grande partie des capitaux ramèneront, par la violence, le capital à un niveau d’où il pourra reprendre sa marche. Ces contradictions créent des explosions, des crises, au cours desquelles tout travail s’arrête pour un temps, tandis qu’une partie du capital est détruite, ramenant le Capital par la force au point où, sans se suicider, il est à même d’employer de nouveau pleinement sa capacité productive. Cependant ces catastrophes qui le régénèrent régulièrement se répètent à une échelle toujours plus grande et finiront par provoquer son anéantissement violent.

Marx, Grundrisse, Tome IV

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À propos de l'auteur Guerre de Classe

« Nous pensons d’abord qu’il faut changer le monde. Nous voulons le changement le plus libérateur de la société et de la vie où nous sommes enfermés. Nous savons que ce changement est possible par des actions appropriées »

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