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Le Maghreb se désarticule et se disloque sous les yeux de ses populations. L’Algérie et le Maroc au bord d’une confrontation armée, influence et lobbying israélien de plus en plus puissant au Maroc et de plus en plus sournois en Mauritanie, une Libye entièrement divisée en deux parties par la Turquie et la Russie d’un côté, l’Egypte, les Émirats Arabes-Unis et le Qatar de l’autre. Une Tunisie au bord de la faillite et en proie à des tentations totalitaires encouragées par Abu Dhabi et Riyad, le Maghreb n’a jamais connu une situation aussi complexe et dangereuse concernant son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale.
Les récents évènements qui ont ébranlé la région démontrent la véracité de cette alarmante lecture : le Maghreb s’entre-déchire au grand bonheur des puissances étrangères qui s’implantent vigoureusement sur son territoire pour planter leurs intérêts et une influence malsaine sur la gestion des affaires internes des pays maghrébins. La Tunisie est devenue, à ce titre, un champ d’affrontement entre l’axe Abu Dhabi-Riayd et Anakara-Doha. Et cette confrontation depuis au moins depuis 2018.
Le Qatar et la Turquie proches des Frères musulmans et de nombreux courants révolutionnaires arabes étaient aussi dans cette optique. L’Arabie Saoudite et les EAU ont, quant à eux, choisi la voie adverse. Et la Tunisie est devenue le premier laboratoire de cette confrontation qui ébranle tout le Monde arabe en général et le Maghreb en particulier.
Dix ans après le printemps arabe qui a porté au pouvoir le parti islamo-conservateur tunisien et proche des Frères musulmans Ennahda, le Qatar et la Turquie ont plus que jamais les yeux rivés sur Tunis depuis le coup de force amorcé fin juillet dernier par Kaïs Saïed. Le président tunisien avait gelé les activités du Parlement au sein duquel Ennahda est la principale formation, avant de démettre ensuite le chef du gouvernement et le ministre de la Défense de leurs fonctions et de s’arroger le pouvoir exécutif. Si elle porte un coup à l’ordre institutionnel établi dans le sillage de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011 qui a été suivi d’une transition démocratique, cette décision a aussi renversé les pions stratégiquement placés par l’axe turco-qatari en Tunisie en vue d’élargir son influence au Maghreb.
Prônant une vision régionale basée sur l’islam politique – bête noire de Riyad et Abou Dhabi –, Doha et Ankara se sont employés à renforcer leurs liens avec Tunis au cours de ces dix dernières années, notamment à la faveur de la présence d’Ennahda au sein du gouvernement tunisien entre 2011 et 2013. « Les relations du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avec la Tunisie peuvent être vues sous le prisme de la compétition régionale pour l’influence et le pouvoir », a fait observer récemment Dania Thafer, directrice exécutive de l’institut Gulf International Forum (GIF) basé à Washington. « La Tunisie représente un champ de bataille stratégique pour les alignements géopolitiques des pays du CCG en Méditerranée », avait-elle poursuivi dans une déclaration dans les colonnes du quotidien libanais L’Orient le Jour.
Pour l’heure, face à cette confrontation qui se déroule en Tunisie, l’Algérie et le Maroc n’ont strictement aucune influence. L’Algérie, le grand voisin de la Tunisie, est elle-même passive et se contente d’observer le coup de force de Kais Saied qui marque la victoire des Émirats Arabes-Unis et de l’Arabie Saoudite. Pis encore, Alger a accepté de négocier avec Abu Dhabi une certaine complicité avec ce coup d’État déguisé du président tunisien en attendant de voir ce que réserveront à la Tunisie les prochaines évolutions de cette crise politique interne. Et si Alger négocie seulement avec une monarchie du Golfe, c’est parce qu’elle n’a pas les moyens d’influencer outre mesure la situation tunisienne étant donnée que l’Algérie est totalement obsédée par le contrôle de « son front politique interne » et de sa Guerre froide ouverte contre le Maroc.
Justement, c’est cette maudite guerre opposant Alger à Rabat qui affaiblit tout le Maghreb et ouvre un boulevard royal aux puissances étrangères désireuses d’asservir le Maghreb. Après de longues années de tensions vivaces, le Maroc s’est jeté dans les bras du lobby israélien à la fin de l’année 2020 officialisant ainsi son alignement sur l’agenda et intérêts régionaux de Tel-Aviv.
Les tensions algéro-marocaines ont permis ainsi à Israël de s’engouffrer dans une brèche inespérée et les israéliens disposeront de plusieurs opportunités pour imposer une présence économique et surtout militaire au Maroc. En effet, Israël et le Maroc collaborent dans le domaine du renseignement et du commerce d’armes
Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz se rendra au Maroc dans les prochains mois, dans le contexte de reprise des relations entre les deux pays annoncée en décembre dernier, selon certaines sources étrangères. D’après les médias Defence News et Africa Intelligence, le ministre devrait y signer un certain nombre d’accords de coopération en matière de défense, visant notamment à développer une industrie nationale de production de drones censés renforcer la puissance aérienne du Maroc.
Le rapport d’Africa Intelligence indique que BlueBird Aerosystems, filiale du géant de la défense Israel Aerospace Industries (IAI), négocie depuis plusieurs mois avec des équipes marocaines pour développer une pépinière d’entreprises capables de fabriquer de tels appareils. Rabat, note le rapport, s’est intéressé à l’utilisation de drones après que l’IAI a « mis en évidence » dans un argumentaire de vente l’utilisation intensive des drones suicides Harop de sa fabrication par l’Azerbaïdjan, durant la guerre de deux mois qui l’a opposé à l’Arménie l’année dernière.
Face à la militarisation israélienne du Maroc, l’Algérie panique et sollicite une alliance renforcée avec Moscou. La coopération militaire entre l’Algérie et la Russie se renforce drastiquement en 2021. L’Armée nationale populaire (ANP) a multiplié les exercices militaires. Moins d’une semaine après avoir mené avec succès des manœuvres militaires à la base navale de Mers el Kebir (Oran) les 29 et 30 septembre, elle a participé à un exercice militaire avec l’armée russe en Russie. Les armées algérienne et russe ont effectué pour la première fois des exercices militaires conjoints en Ossétie du sud au sud-ouest de la Russie, avait rapporté au début de ce mois d’octobre l’agence de presse russe Sputnik, citant le service de presse du district militaire Sud.
Il s’agit d’un exercice qui a duré jusqu’au 11 octobre avec la participation de 80 militaires de chaque armée, le premier du genre entre les armées des deux pays. Cet exercice a eu lieu sur le terrain d’entraînement de Tsarskoïe en Ossétie du Nord (Caucase), avait précisé le porte-parole du district militaire Sud Vadim Astafiev, selon Sputnik.
Ce rapprochement militaire accentué entre Alger et Moscou a fortement déplu au Maroc qui s’est embrouillé officiellement avec la Russie. Le 5 octobre 2021, « sur décision des autorités marocaines compétentes, les vols directs entre la Russie et le Maroc ont été suspendus », s’est exclamé l’ambassadeur de Moscou à Rabat, Valerian Vladimirovich Shuvaev, sur son compte Twitter.
Une semaine après la décision des autorités marocaines, l’ambassade de Moscou au Caire s’est manifestée pour annoncer avoir saisi le secrétaire général de la Ligue des États arabes afin de demander le report de la 6ème édition du Forum de Coopération russo-arabe prévu, figurez-vous, le 28 octobre au Maroc. Le motif invoqué par la chancellerie russe est peu convaincant : « Un changement dans l’agenda du ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov ».
La Russie profite également des hostilités opposant l’Algérie au Maroc pour préparer son implantation au Mali avec le soutien financier et politique de l’Algérie qui est prête à tout pour s’offrir une protection de Vladimir Poutine. Depuis la fin de l’été dernier, la junte malienne négocie avec la Russie l’envoi de mercenaires du groupe privé Wagner pour combattre les groupes armés du nord du Mali et supplanter ainsi la présence militaire française qui sera réduite dans les années à venir. Au sud du Maghreb, la rivalité Paris-Moscou ne manquera de modifier brutalement les rapports de force et aggraver les clivages politiques des pays maghrébins.
La Turquie profite aussi de cette conjoncture et se rapproche du Maroc pour lui fournir des armes qu’il pourrait utiliser éventuellement contre le voisin algérien. Et les tensions algéro-marocaines permettent à Ankara de renforcer sa présence en Libye notamment à Tripoli où elle s’est imposée comme le premier protecteur du gouvernement libyen « officiellement légitime » aux yeux de la communauté internationale.
Le jeu des grandes puissances est clair : profiter des divisions des Maghrébins pour les asservir petit à petit et se partager ce vaste territoire aux multiples richesses et jouissant d’un positionnement géographique hyper-stratégique. Et c’est ainsi que les maghrébins deviennent petit à petit les « valets » des russes, turcs, émiratis ou saoudiens. Triste déchéance pour des pays qui rêvaient de construire l’un des blocs régionaux les plus prometteurs durant les années 80.
source : https://www.algeriepartplus.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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