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par Alexandre Lemoine.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron se sont entretenus par téléphone, lundi 11 octobre, d’abord avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis avec le président russe Vladimir Poutine. Pour résumer le résultat de ces entretiens, une nouvelle fois les dirigeants « se sont entendus de s’entendre ». Cependant, il est à noter la divergence entre les informations rapportées par les parties.
Le communiqué ukrainien stipule que les interlocuteurs ont évoqué les démarches pour organiser un nouveau sommet du format Normandie. Alors que le site du président russe indique que compte tenu de la situation actuelle difficile dans le règlement du conflit dans le sud-est de l’Ukraine, les dirigeants ont ordonné à leurs conseillers politiques et aux ministères des Affaires étrangères d’intensifier les contacts et le travail au niveau du quartet de Normandie. Il est ajouté que les ministres des Affaires étrangères commenceront la préparation pour organiser ce format à leur niveau.
Le fait qu’il s’agit d’une éventuelle réunion au niveau des ministres est également confirmé par le communiqué de la chancellerie allemande. Il indique que les interlocuteurs sont convenus de demander aux ministres des Affaires étrangères de se réunir au plus vite. Le service de presse de l’Élysée a annoncé qu’il était convenu d’organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères au format Normandie dans les semaines à venir.
Toutes les parties présentent les informations différemment. Kiev ne le mentionne pas du tout. Il fait allusion à un sommet. Moscou parle des pourparlers au niveau des ministères des Affaires étrangères comme d’une éventualité. Berlin utilise la formulation rusée « convenu de demander », c’est-à-dire une allusion au fait que la question est pratiquement réglée. Et seul Paris parle de l’événement imminent comme d’une décision prise. Cela montre qu’il n’existe pas d’entente définitive.
Mais comment Angela Merkel et Emmanuel Macron ont pu accepter de jouer le rôle de « diplomates de la navette » entre Moscou et Kiev ? Il existe plusieurs facteurs. Premièrement, la visite internationale de la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland. Le dossier ukrainien est probablement le thème principal qui a été évoqué à Moscou. Moscou et Washington pourraient probablement relancer des rencontres régulières sur le Donbass, comme c’était le cas avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Si le Kremlin et la Maison Blanche réglaient bilatéralement le problème du Donbass, cela dévaluerait le format Normandie, dont l’activité n’apporte déjà pas un résultat palpable.
Angela Merkel, qui prend sa retraite, n’a pas besoin d’un tel « cadeau » pour finir. Comme tout politicien, elle voudrait partir sur un succès ou du moins sans défaite flagrante. Emmanuel Macron, qui espère, après la démission de Mme Merkel, devenir le roi sans couronne de l’Europe, a besoin au moins d’un semblant de fonctionnement du format Normandie en tant qu’instrument pour renforcer son image internationale. C’est pourquoi ils ont besoin de montrer que le format quadrilatéral existe encore.
Le 11 octobre l’ancien président russe Dmitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil russe de sécurité et de défense, a publié un article, où il parle de dirigeants ukrainiens actuels. La conclusion principale : la Russie n’a aucun intérêt à mener des négociations avec le gouvernement ukrainien, car ce ne sont pas des gens autonomes, et il faut parler directement à l’allié de l’Ukraine, aux États-Unis.
Étant donné que M. Medvedev a été président et premier ministre de la Russie, et même maintenant il se trouve à un poste haut placé, son article ne pouvait pas être ignoré par l’Occident. La cessation de tout contact entre Moscou et Kiev signifierait la mort du format de Minsk. Or, comme cela a été dit plus tôt, ce n’est pas dans l’intérêt de Paris ou de Berlin.
Angela Merkel et Emmanuel Macron devaient-ils être les principaux destinataires du message de l’article de Dmitri Medvedev ? Probablement pas. Le destinataire était avant tout la Maison Blanche, à laquelle il a été clairement expliqué avant la visite de Mme Nuland que la Russie évoquerait les questions les plus sérieuses sur l’Ukraine avec les Américains, et pas avec les Européens ou qui plus est avec les politiques du Maïdan.
Ce qui sera un problème pour Zelensky, car il doit constamment prouver son importance en tant qu’homme politique, notamment sur la scène internationale. C’est pourquoi il a besoin d’un sommet au format Normandie : par pour s’entendre, mais pour une campagne de com’. Après quoi, Kiev pourrait dire que Zelensky est un acteur important de la géopolitique mondiale qui fait tout pour instaurer la paix.
Quant au court terme, les pourparlers entre les représentants des États-Unis et de la Russie deviendront manifestement une plateforme centrale où seront traitées les questions ukrainiennes. Alors que les formats Normandie et Minsk perdront leur importance, mais continueront de fonctionner pour la forme. Même s’il n’est pas prouvé que la Maison Blanche et le Kremlin trouveront un consensus sur le dossier ukrainien et le Donbass.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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