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par Fiodor Loukianov.
Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État américaine pour l’Europe et l’Eurasie, s’est rendue en visite à Moscou.
La diplomate américaine est une figure presque légendaire. Grâce aux images où elle distribuait des biscuits sur le Maïdan de Kiev, elle est devenue l’incarnation de toute la politique ukrainienne de Washington. Il ne fait aucun doute que Mme Nuland, la femme de l’un des plus éminents idéologues néoconservateurs Bob Kagan, possède une position très claire et elle est de tout cœur pour la promotion de la démocratie et contre l’impérialisme russe. Mais avant tout, c’est une haute fonctionnaire expérimentée et disciplinée, qui suit la ligne générale. Apparemment, la ligne est actuellement professionnelle et pragmatique. Et cette visite est liée à des objectifs tout à fait concrets formulés par la Maison Blanche.
L’obstination avec laquelle la diplomate cherchait à se rendre à Moscou est probablement due à la volonté de l’administration Biden de découvrir quelles sont les perspectives réelles de l’aggravation des relations russo-ukrainiennes. La Maison Blanche n’a absolument pas besoin d’une escalade, car toute l’activité des mois précédents a montré que l’administration avait clairement déterminé ses priorités.
La priorité numéro 1, avant tout le reste, est l’endiguement de la Chine. Les relations américano-chinoises se détériorent constamment, la tension, du moins l’intensité de conflit augmente. Le dossier taïwanais revient sous le feu des projecteurs, sachant que c’est le thème le plus explosif et probablement le seul de tout l’éventail des contradictions entre les États-Unis et la Chine qui soit capable de déclencher une guerre. Aucun règlement rapide n’est à prévoir, plutôt le contraire. En fait, toute la stratégie découle de ce thème à présent.
Cela ne signifie pas que le dossier russe soit passé au second plan. Le Pentagone rappelle constamment la puissance militaire de Moscou comme étant une source d’extrême inquiétude. D’où l’intérêt pour les consultations stratégiques à Genève, qui ont commencé après la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Mais sur de nombreux sujets la Russie est tout de même perçue à travers le prisme de la confrontation entre les États-Unis et la Chine. Notamment là où il est question de facteurs susceptibles de détourner Washington de l’axe principal de la confrontation.
Autant qu’on puisse en juger, Joe Biden et son équipe souhaitent que la situation entre la Russie et l’Ukraine, notamment autour du Donbass, reste stable, sans escalades. Peut-être même que de son côté Washington est prêt à influencer Kiev, d’autant que la dynamique politique de Volodymyr Zelensky est assez étonnante même pour les Américains. Les processus politiques se sont intensifiés à Kiev, le président cherche à renforcer son propre pouvoir. Il ne dispose pas d’un appui solide, c’est pourquoi M. Zelensky tente d’impliquer l’Occident (pour intimider ses propres oligarques) et la Russie (pour attirer le soutien de l’Occident). C’est une position risquée, notamment à cause du risque d’aggravation de la situation autour du Donbass. Cela énerve Washington, sans parler du fait que sa fatigue de l’Ukraine s’accumule depuis des années. Et Victoria Nuland est bien placée pour connaître tous les dessous de la politique ukrainienne et la qualité de la classe dirigeante locale.
En dix mois de présence à la Maison Blanche, l’administration Biden a montré qu’elle était capable de mener une ligne cohérente quand elle le voulait, et que les aspects idéologiques pouvaient être ignorés si besoin. Plus exactement, mis de côté. La détermination des paramètres de l’endiguement réciproque sur le dossier ukrainien est probablement la raison de la visite actuelle. Il ne s’agit pas d’accords ou d’ententes à long terme. Premièrement, la politique contemporaine n’implique aucun long terme. Deuxièmement, il n’existe même pas de solutions réalistes (les accords de Minsk sont un cadre au contenu duquel plus personne ne croit). Troisièmement, l’intérêt mutuel de la Russie et des États-Unis se limite, comme l’a souligné Mme Nuland, à la nécessité de la prévisibilité, rien d’autre. Mais en comparaison avec ce que nous avons été habitués dans les relations avec les États-Unis, ce n’est pas rien.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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