« On dit aux malades de rester chez eux, et on leur donne un protocole de soins palliatifs. C’est de l’euthanasie active ! » Voici le cri d’une soignante en Martinique, souhaitant rester anonyme à cause des pressions exercées sur ceux qui contestent les autorités de santé. Aux Antilles, les soignants enragent que le Conseil de l’Ordre des médecins leur demande, selon eux, de « tuer plutôt que de soigner ». « Ça va à l’encontre totale du serment d’Hippocrate ! »
Le 7 septembre, nous avions publié les témoignages de médecins et de collectifs de citoyens aux Antilles ; ils imputaient le nombre de malades au fait que les autorités de santé empêchent les médecins de soigner, notamment par le retrait des traitements précoces des pharmacies. Ils déploraient aussi que les médias oublient de rappeler que les corps des Antillais sont fortement fragilisés par la chlordécone, pesticide ayant fait scandale quand la France avait continué à en envoyer outre-mer, après que le produit a été interdit en métropole.
Le 9 septembre, des soignants de toutes spécialités avaient témoigné dans le quotidien régional France-Antilles Martinique, affirmant que le Conseil de l’Ordre des médecins de Martinique préconisait qu’ils appliquent un protocole de “fin de vie” à des personnes en détresse respiratoire à domicile. Un autre médecin, joint par téléphone, nous explique : « dans l’impréparation, on voit que la version officielle de toutes les autorités de santé, de l’ARS, du Conseil de l’Ordre, c’est : “si vous avez des symptômes du virus, faites-vous tester, et si vous êtes positifs, restez chez vous, et si ça s’aggrave, appelez le 15.” Dans le discours officiel, il n’y a jamais eu “Allez voir votre médecin traitant”. On a dit aux patients de rester chez eux. Et là, quand vous êtes gravement malades, vous allez à l’hôpital, mais si vous avez plus de 47 ans, on vous dit que vous ne pouvez pas aller en réanimation. »
Ceux qui connaissent des complications, interdits d’accès aux services de réanimation, se voient alors administrer un protocole de fin de vie, de soins palliatifs, c’est-à-dire « soulageant définitivement la douleur du patient ». Ce médecin nous a fait part de ce protocole : il reproduit à la fin de cet article.
Préférant rester anonyme, ce soignant nous parle de la lettre d’une « infirmière ou d’une interne, car elle est visiblement très jeune » : cette soignante affirme être effondrée par la perte d’une patiente « à la robe rouge », à qui elle a dû avouer qu’elle ne pourrait pas entrer en réanimation. On lui dit que des gens de 30 ans de moins que cette patiente ne pouvaient pas y accéder non plus. La jeune soignante doit alors lui administrer le produit du protocole. Une heure plus tard, la patiente décède. L’auteur de cette lettre raconte alors : « j’ai compris ce que voulait dire “tri des patients”, “médecine de guerre”. »
Pour le médecin que nous avons joint, ce protocole peut être remis en question dans la situation actuelle :
« Entre utiliser ce protocole pour les patients en fin de vie et l’utiliser pour tous les gens qui ont plus de 47 ans, parce qu’ils encombreraient l’hôpital, bon, il y a quelque chose qui ne va pas. […] Je ne juge pas qu’il y ait eu une volonté de nuire, ce que je juge c’est l’impréparation. […] Le 6 juillet dernier, le Conseil scientifique a exprimé qu’il « serait bon de ne pas envoyer aux Antilles des tonnes de touristes, mais le gouvernement a incité les Français de métropole à aller en Martinique et Guadeloupe, et on a eu un flot de touristes (NDLR : neuf gros porteurs par jour). Ici, on n’avait eu aucune flambée avec les variants, par contre dès juillet, on voit l’épidémie de variant delta arriver. Il a bien fallu que ce variant arrive de quelque part. […] C’est pire que de l’impréparation, c’est soit une incompétence crasse de nos responsables, soit une volonté de diffuser le virus. » […]
« Le professeur André Cabié, qui a mis cette thérapeutique à l’hôpital, est chef de service d’infectiologie du CHU de Martinique, il n’est pas du tout spécialisé en soins palliatifs ! Et comme le Conseil de l’Ordre des médecins n’écoute que ce professeur, et d’ailleurs cette organisation l’a invité à une conférence de presse du 16 août dans lequel on le voit avec les autres membres du Conseil de l’Ordre alors que le professeur André Cabié n’est ni membre du Conseil de l’ordre ni membre du bureau… D’ailleurs le président dit très bien qu’il ne fait que reporter et diffuser les informations de monsieur Cabié auprès des médecins généralistes.
Il y a une omerta, les infirmières, les aides-soignantes et les membres des services ont interdiction de divulguer (cf. article de RCI Martinique) ce qu’il se passe au sein du CHU. Ils s’exposent à des sanctions sévères. Donc on ne peut pas savoir. Il y a des médecins spécialistes retraités qui ont voulu aider mais le directeur de l’hôpital a refusé.
On dit que c’est le secret médical pour protéger ce qu’il se passe à l’hôpital, mais je n’ai jamais vu autant de dysfonctionnements dans un protocole de recherche. […] Les soignants ne veulent pas s’exprimer publiquement, parce qu’il y a une telle pression à tous les niveaux, sur les gens. Que ce soit du préfet, l’État, le président de l’Agence régionale de Santé (ARS), le président de l’Ordre des médecins.
Tous les syndicats de médecins sont favorables à la vaccination.
FranceSoir : La vaccination obligatoire des soignants, c’est aussi un sujet qui vous choque ?
– Ah mais c’est une horreur. On a des cris, des pleurs, on a des gens qui sont obligés de partir, qui ont sauvé des patients lors du premier confinement. Si vous voulez, quand vous avez fait ces études-là, que vous avez passé votre vie à soigner des gens, et surtout qu’on vous a applaudi pendant les confinements, c’est inimaginable d’en arriver là, on vous jette l’opprobre, on vous traite pire qu’un animal. C’est… C’est tortionnaire, on est dans un système tortionnaire, il n’y a pas d’autres mots.
Il faut voir la détresse des soignants.
On est dans des injonctions contradictoires depuis mars 2020, il y a eu des confinements qui ont fait plus de morts que le Covid. Parce que ce virus n’a tué que 0,05% de la population d’âge moyen de 84 ans, comme le dit bien Raoult. Là il y a une statistique qui vient de sortir en Martinique, il y a 360 000 habitants environ, avec 40 000 tests positifs. Y’a 39 000 et quelque personnes qui sont guéris, et seulement 512 morts, cela ne fait que 1,1% de la population.
Cela justifie-t-il d’arrêter complètement l’économie ? On va obliger les soignants à se faire vacciner ? On va obliger tout le monde à avoir un pass sanitaire ? Les gens qui se posent des questions aujourd’hui, se posent des questions en se disant que ce délire n’est plus sanitaire. Les raisons des mesures qui sont prises n’ont plus rien à voir avec un problème sanitaire.
Si vous voulez, dans les études de médecine on nous apprend : le b.a.-ba est que l’on ne vaccine jamais pendant une période épidémique. »
Le 13 septembre, France-Antilles Martinique publie un droit de réponse du CHU de la Martinique, défendant cette institution et défendant les bienfaits de ces protocoles qui permettent de « soulager la souffrance et améliorer le confort des patients ayant de graves problèmes respiratoires ». Le CHU déplore les 335 décès recensés à l’hôpital, regrette une désinformation de la part de ceux critiquant les dysfonctionnements du protocole de soins palliatifs et qualifie même de « calomnieux » les propos des médecins visés.
Une vision ne répondant pas aux questionnements des médecins interrogés ici : le CHU confirme que ces protocoles sont destinés à des patients en fin de vie, et que les décès à l’hôpital se comptent par centaines. Or ce ne sont pas tant les soins prodigués qui sont mis en cause, au mieux des moyens disponibles que l’approche générale qui a conduit à les prodiguer, alors qu’il était possible de procéder autrement. Des témoignages qui rejoignent ceux de “Pièces à conviction“, le magazine de France 3 qui il y a près d’un an avait recueilli les messages de soignants de métropole révoltés par les directives reçues dans les Ehpad.
Sources :
Arrêté du 23 avril 2021 sur les mesures d’organisations face à l’épidémie de Covid-19
Protocole : fiche de prise en charge palliative de la détresse respiratoire asphyxique
Protocole : fiche de prise en charge de la dyspnée
Auteur(s): FranceSoir
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme