Un homme est mort.
Cela n’est pas en soi un motif de réjouissance mais de là à lui rendre hommage…
Que cet hommage vienne de gens comme Macron, Séguéla, Sarkozy ou Hidalgo, cela n’a rien de surprenant puisqu’il a toujours été de leur clan. Celui de l’argent et du pouvoir, du grand patronat insolent et méprisant, au point qu’il a toujours pu compter sur le soutien sans faille de son camp même quand il a été pris la main dans le sac de magouilles les plus sordides.
Mais qu’il se trouve des gens qui se réclament du camp des travailleurs pour rendre hommage au truqueur à l’égo surdimensionné qu’il était, cela laisse pantois.
En ce qui me concerne, j’avais bien plus que des divergences avec ce bateleur qui jouait avec la vie des travailleurs comme d’autres jouent au tiercé et ce sans aucun respect de rien. Capable de dire avec aplomb le contraire de ce qu’il avait dit la veille.
Bien sûr je pense à celles et ceux de Manufrance, de la Vie Claire, de Terraillon, d’Adidas et tant d’autres qui ont fait les frais dans leur chair des mensonges et des tripatouillages de l’illusionniste que le pouvoir mitterrandien encourageait dans ses œuvres.
Je pense aussi particulièrement aux 105 du chantier naval de La Ciotat qui attendaient le 1er septembre 1989 que le patron qui s’était engagé à les embaucher pour construire des bateaux de plaisance vienne le faire. Il n’est jamais venu et sera d’ailleurs condamné aux prud’hommes pour cela.
On saura plus tard que les bateaux qu’il avait soi-disant en commande étaient ceux qui étaient déjà commandés au chantier de Villeneuve-la-Garenne : déshabiller Pierre pour (mal) habiller Paul, il savait faire.
Seule la lutte et le sens de la solidarité des métallos fera échouer la manœuvre.
Mais il y aura pire.
On apprendra plus tard par une lettre officielle de Jean-Pierre Jouyet, chef de cabinet du ministre de l’Industrie d’alors, Roger Fauroux, que le truqueur voulait en fait récupérer l’ensemble des équipements du chantier dont la revente, au seul prix de la ferraille, aurait rapporté des millions de francs…
Et ce dans une ville aux 4000 chômeurs qui avait connu, dans l’année qui a suivi la fermeture, 50 suicides et 500 familles éclatées…Mon deuil est pour ceux-là.
Pour finir quant à ceux qui confondent arrivisme sans scrupules tous azimuts et engagement tenace pour de grandes causes humaines, qui assimilent son entrée dans le sport à une passion digne de Pierre de Coubertin, le marseillais que je suis dira seulement ceci. Il a été avec son homologue d’alors du club de foot de Bordeaux, celui qui a contribué à polluer non seulement le football, mais à sa suite l’ensemble du sport français. Le polluer par l’argent, revendiquant son droit d’acheter et de revendre des hommes pour en faire ses esclaves dorés.
A ce titre s’il fut « un président de club de foot remarquable » c’est pour son affairisme sans scrupules et son sens du truquage qui lui valut une de ses condamnations.
Lui et ceux qui se sont engagés sur ses pas ont donné raison à l’un des plus grands footballeurs de tous les temps, Alfredo Di Stefano qui disait : « Le vrai football s’est arrêté le jour où le premier coiffeur a mis les pieds dans un vestiaire. »
Est bien malade une société qui rend hommage aux licencieurs, truqueurs et truands en col blanc qui ne méritent même pas qu’on les cite nommément.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir