Mais la puissance combinée de l’autorité impériale et du capitalisme financier britannique, en mère patrie comme en Canada, imposera une confédération de l’ensemble des colonies d’Amérique du Nord – projet contemplé depuis la Conquête. Pour faire rouler les chemins de fer d’un océan à l’autre, rien ne vaut une extension géographique maximum. Le but est également d’accroître l’autoritarisme d’un ministère uniquement redevable à Londres et à la prérogative royale sous toutes ses formes. Le Parlement du nouveau Canada ne sera pas formé de délégués provenant de chacune des provinces, mais il sera un organe législatif à part, élu au suffrage universel mâle.
Louis-Joseph le dira sans ambages : la Confédération de 1867 remplit « des vues toutes plus criminelles les unes que les autres, dans le but de continuer le sanguinaire, ancien système colonial, c’est-à-dire multiplicité d’emplois, de sinécures et de pensions pour les protégés de la pairie, et le monopole du commerce, pour le maintien et l’extension duquel l’Angleterre a fait toutes ses guerres, a fait verser par ses armées, mais bien plus encore par ses subsides, plus de sang humain depuis deux siècles que toutes les autres causes ou prétextes de guerre n’en ont fait verser ».
Le Bas-Canada sera « le plus abject et assujetti des membres de la confédération ». Chose certaine, les évêques tiendront leurs ouailles dans le droit chemin. Cinq évêques, ceux d’un archidiocèse et de quatre diocèses, se prononceront : résister à l’œuvre de l’autorité, « ce serait marcher à l’anarchie, à la trahison, à la révolte et à tous les maux qui en sont la suite ». Les sociétés religieuse et civile sont tenues de se soutenir et de se défendre réciproquement pour le bonheur des peuples. Tous les enfants de l’Église doivent respecter un fait constitutionnellement et légitimement accompli. Passée à l’état de loi, la confédération est « chose jugée et obligatoire ». Dieu a établi toutes les puissances supérieures sur Terre, ce dont il faudra se souvenir aux prochaines élections. « Le Bon Dieu bénira votre choix et vous donnera des représentants selon son coeur. »
Anne-Marie Sicotte, Papineau, par amour avant tout, Carte blanche et Société historique Louis-Joseph Papineau, 2021.
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