« Alors que nous essayons d’enseigner la vie à nos enfants,
nos enfants nous montrent ce qu’est la vie. »
– Angela Schwindt
À l’aube, un cri retentit. Mon enfant se réveille, déjà vigoureux. Dans un demi-sommeil, je saisis mon téléphone qui m’appelle à son tour. 6 h. Mes doigts glissent sur sa surface lisse éblouissante. C’est le premier réflexe de ma journée qui augure une multitude d’autres clics automatiques et frénétiques. Mais les cris continuent à percer la nuit qui décline, me sortent de ma léthargie. Je retrouve le fil et rejoins mon fils.
Mon bébé a besoin de ma présence, toute présente. Ses yeux curieux, avides d’exemples et de connaissances, exigent déjà à la lueur du jour le meilleur de moi-même. Tous les matins, mon mini homme me place devant le choix de lâcher mon gadget pour le prendre dans mes bras. De mettre hors de sa vue l’outil prisé qu’il tente maladroitement de me dérober. De jouer à la balle plutôt que de siroter tranquillement mon café en lisant l’actualité. De prendre du temps avec lui, même si je n’ai pas encore un vis-à-vis.
La connexion vertueuse
L’éducation à la vertu commence maintenant, pour donner une colonne à mon enfant, avant qu’elle ne se courbe petit à petit. Mais avant, je dois redresser la mienne, instant après instant, devant ces myriades de choix quotidiens à faire pour donner l’exemple admirable que la vie est grandiose et en vaut la peine, qu’elle n’est pas que déconnexion virtuelle.
Devant l’envie de me choisir pour un moment, j’enjambe la paresse de l’écran. Sortir dehors, regarder la neige, prendre une roche, sauter les deux pieds joints dans une flaque d’eau boueuse. La réalité me rattrape, me rappelle la simplicité de ma propre enfance, faite de grenouilles et de plantes aquatiques, de renards et de porcs-épics croisés sur le chemin cahoteux de la forêt des lutins.
Dans leur chambre faite de mobiles et de moutons dodus, les bambins nous rappellent que l’être prime sur le néant. Ils nous font rêver au monde qui va succéder au nôtre, celui qu’on veut leur transmettre sans les causes de nos cassures.
Les tout-petits, sans le savoir, nous pointent le ciel. Et nous, quand nous ne sommes pas absorbés par le digital, regardons souvent leur doigt. Mais pour peu qu’on s’arrête, qu’on cesse de courir vers l’empressement, de chanter le désenchantement, nous pouvons relever la tête avec eux vers ce qui nous dépasse.
Aucune tablette de ce monde n’en sera à la hauteur, mais seulement la réalité concrète d’une relation qui se construit en face à face.
Pour ne pas voler l’enfance des petits bouts qui aspirent eux aussi à toucher le ciel plus encore que l’écran tactile, dès ici-bas.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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