Contrairement aux déclarations du président français Emmanuel Macron, l’Algérie existait avant la colonisation française. Son Etat traitait d’égal à égal avec les autres Etats.
Les présidents français de 1958 à ce jour font de l’histoire de l’Algérie qui, en dépit des moyens financiers, humains et matériels déployés durant sept années, est arrivé à arracher son indépendance. Face à la résistance nationale menée notamment par l’Émir Abdelkader et dans le but de maquiller les horreurs commises, durant 132 ans, par leur monstrueuse et inhumaine armée sans aucune morale, les gouvernements successifs français, outre la falsification de l’histoire de l’Algérie, tentent désespérément de s’attaquer à l’identité et au passé de l’Algérie.
Parlant du peuple algérien, De Gaulle déclare avec désinvolture : « Il n’a jamais eu d’unité et à forte raison de souveraineté algérienne ». (1) Il est surprenant de constater, que l’homme de culture qu’il était, ignorait l’histoire de l’Algérie d’autant plus que le président français était passionné d’histoire. Parmi les historiens qui avaient écrit sur lui, figurait le spécialiste de l’histoire contemporaine de la France des XIXe et XXe siècles l’historien français Maurice Agulhon, le spécialiste de l’histoire contemporaine de la France le présentait comme : « De Gaulle était quasiment lui-même un historien. Il était le fils et le disciple d’un professeur d’histoire, il était un grand liseur ». (2) Les relations entre l’Algérie et son pays remontaient au XVIIe siècle. Le premier traité de paix a été signé entre la Régence d’Alger et le royaume de France, représenté par Guillaume Marcel, le 24 septembre 1689, soit cent ans avant la Révolution de 1789. Durant la période du XVIIe au XIXe siècle, de nombreux traités ont été signés par son pays, la France avec la Régence d’Alger d’abord, et ensuite avec l’État, érigé par l’émir Abdelkader, que les autorités françaises avaient reconnu à deux reprises en 1834 et en 1837. Les livres d’histoire français ne pourraient faire l’impasse sur les nombreux traités conclus, en plus de la France, par l’Angleterre, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique…la Hollande en 1726 et la Suède en 1728, avec la Régence d’Alger. Les copies et les originaux de ces actes relatifs sont facilement accessibles dans les bibliothèques de France ou dans les services des archives civils ou militaires publiques. Aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle, avec la France seulement, plus de cinquante traités de paix et de commerce furent signés par la Régence d’Alger. Comme les traités n’étant signés qu’entre États souverains, Rouard de Card qui avait réuni dans un volume le traités signés par la France avec les pays de l’Afrique du Nord confirmaient que « ces traités avaient pour objet de régler les intérêts politiques et économiques des deux pays contractants ». (3) Il s’agit bien de pays ; le pays se définit comme un territoire d’une nation (un peuple) délimité par des frontières reconnues régi par des institutions politiques.
Les traités signés au XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, le royaume de France et la Régence d’Alger entretenait de bonnes relations entre eux avec des relations diplomatiques élevées. Durant la période du 21 mars 1606 au 11 mars 1679, ont été signés :
– Six traités de paix et de commerce ; Ces traités ont été conclus respectivement le 29 septembre 1628, le 7 juillet 1640, le 9 février 1661, le 21 juin 1664, le 24 octobre 1667, le 21 mars 1670, le 11 mars 1679.
– Onze traités de concessions. Ces traités reconnaissaient les privilèges accordés aux compagnies marchandes exploitant la côte du Bastion de France, situé près de la Calle (El Kala) et de ses dépendances pour le négoce des produits du pays et de la pêche du corail et la liberté de circulation des commerçants et le paiement des redevances et des droits de douanes…Deux autres traités des 21 mars 1660 et 23 juillet 1698 confirmaient les traités antérieurs.
Les traités signés au XVIIIe siècle.
Au XVIIIe siècle, ont été signés entre le royaume de France et la Régence d’Alger
– Huit traités de paix et de commerce : Ces traités ont été conclus respectivement le 26 janvier 1718, le 7 décembre 1719, le 20 février 1720, le 16 janvier 1724, février 1766, le 29 mars 1790, le 16 juillet 1791 et le 20 mai 1793. La plupart de ces traités étaient des renouvellements des dispositions des traités antérieurs.
– Dix-neuf traités des concessions.
Les traités signés au XIXe siècle.
Durant la période de 1800 à 1830, période durant laquelle la France préparait l’invasion d’Alger, trois traités des concessions dont le principal était celui du 24 juillet 1824 relatif à la pêche du corail à l’Est du pays et huit traités de paix et de commerces ont été conclus entre les deux États respectivement le 30 septembre 1800, le 28 décembre 1801, le 26 décembre 1805, le 7 novembre 1808, le 12 juillet 1814, le 30 mars 1815, le 16 avril 1815 et le 29 mars 1818.
Selon Rouard de Card, les copies et les originaux de ces actes se trouvent dans les archives suivantes : Archives du ministère des Affaires étrangères, Archives du ministère des colonies, Archives des Anciens consulats généraux de la Barbarie (Afrique du nord), Archives du consulat (actuel) de Tripoli, Archives des la Chambre du commerce de Marseille.
• L’Algérie n’est pas une création française.
Le 14 octobre 1839, le général Scheider, Ministre, Secrétaire d’Etat de la Guerre, dans une lettre adressée au maréchal Valée, gouverneur général à Alger, donnait à l’ancienne Régence d’Alger le nom de l’Algérie. Depuis, tous les historiens Français considèrent que l’Algérie fut une invention française. Admettre une telle aberration serait une méconnaissance de l’histoire de cette région. Un mensonge de plus. Ce qui suit détruira, ce mensonge. Cette région était connue sous l’appellation d’Algérie depuis des siècles.
L’Algérie tire son non de sa capital Alger. Au XIe siècle Alger portait le nom de Djazair signifiant les îles. Le géographe andalou al Bakri évoquait Djazair Béni Mezghena que Bologhine ibn Ziri avait reconstruite en l’an 960. Selon le site touristique et culturelle algérien Nessahra, « l’Émir Abdelkader mentionne dans ses écrits Watan el Djazair (la patrie ou la nation des îles) » L’Algérie n’était que la transcription française du terme en langue arabe Djazair.
En 1575, le géographe et cartographe allemand George Braun et le graveur sur cuivre allemand Frans Hogenber réalisèrent une planche de la ville d’Alger avec un paragraphe descriptif sous le titre Algéria qu’ils publièrent dans le livre Civitates Orbis Terrarum.
En 1680, l’écrivain français Fontenelle dans un opuscule intitulé De l’Algérie et des Algériens écrit : « Si le premier terme est resté relativement rare avant le début de la conquête du pays, le second était d’usage courant durant le XVII siècle ». (4)
Dans son ouvrage intitulé Voyage de Paris à Jérusalem de juillet 1806 à 1807, publié en 1811, Chateaubriand écrit : « Les Tunisiens sont cependant moins cruels et plus civilisés que le peuple d’Alger. Ils ont accueilli les Maures d’Andalousie, qui habitent le village Tub-Urbo, à six lieues de Tunis sur la Medjerda. Le bey actuel est un homme habile : il cherche à se tirer de la dépendance d’Alger, à laquelle Tunis est soumise depuis la conquête que firent les Algériens en 1757 ».
Dans la Chronologie historique, Le Monde Diplomatique de mars-avril 2006, nous lisons : En 1787, l’Algérie devient une régence dépendant de l’empire ottoman.
Quelle est cette ineptie qui avait poussé ce ministre de la Guerre français à prétendre avoir donné le nom d’Algérie à un pays connu sous l’appellation « Djazair Béni Mezghenna » ou « Al Djazair », depuis 960. À cette époque, la France vivait dans l’obscurité du Moyen-âge Ce que le gouvernement français avait fait, le 14 octobre 1839, en officialisant le nom d’Algérie par l’instruction du ministre de la Guerre, Virgile Scheider, n’était qu’une pure traduction du nom Al Djazair. En signant cette lettre, ce ministre de la Guerre n’avait-il pas lu le traité signé, neuf ans plutôt, par le gouvernement français et la régence d’Alger le 30 septembre 1830, qui portait entre autre le paiement des sommes dues aux sujets Français ou Algériens ? Dans ce traité il s’agissait bien de sujets algériens dont le pays ne pourrait être que l’Algérie. Dans ce cadre, nous rappelons que le nom France venait des Francs, un peuple germanique qui conquit la Gaulle au VIe siècle et fonda la Francie, et ce ne qu’en 1214 que le roi Philippe Auguste lui donna le nom France. Il avait signé un texte “ roi de France ” En conséquence, la France est une création du franc Clovis, le premier roi de France.
En 1824, suite à l’attaque de la régence d’Alger par la marine anglaise en 1823, William Shaler, le consul général des États-Unis à Alger, évoquait bien une population algérienne et non algéroise. Il avait écrit le message suivant : « L’indignation de la population algérienne envers les Anglais a été portée au plus haut degré imaginable pendant la bataille. » (5) De ce passage, deux observations font confondre De Gaulle quant à l’existence d’un État algérien ; une représentation diplomatique étasunienne à Alger et une population algérienne avant que la France coloniale conquit l’Algérie. Prétendre que la France avait crée l’Algérie en 1834, était donc une grande allégation que beaucoup d’Algériens nostalgiques de l’Algérie française véhiculent de nos jours. De la pure fabulation que les Algériens doivent effacer de leur mémoire. À travers le titre de son ouvrage, ce diplomate étasunien reconnait qu’à Alger, avant l’arrivée des Français, il y bien un État qui traitait d’égal à égal avec d’autres États. La population de cet État est qualifiée d’algérienne. Ce que le gouvernement français avait fait, le 14 octobre 1839, en officialisant le nom d’Algérie par l’instruction du ministre de la Guerre, Virgile Scheider, n’était qu’une pure traduction du nom Al Djazair.
Dans son ouvrage, publié à Boston en 1826, le consul-général américain William Shaler, donnait des informations précises sur la Régence d’Alger, des statistiques sur ses ressources, ses revenus, ses forces et surtout ses rapports avec le royaume de France et des anciens États d’Europe et la forme du gouvernement. Ce livre, traduit en 1830 par M. X. Blanchi, secrétaire-interprète du roi avant les préparations de l’expédition d’Alger. Dans la préface, le traducteur utilisait bien les termes : « marine algérienne, p. 5, les armements algériens, p. 6, ». Quant à l’auteur, dans sa préface il avait bien utilisé le terme algérien et non turc ou Ottoman : « l’importance politique des pirates algériens.., p. 11. »
De Gaulle, par ignorance ou par malhonnêteté intellectuelle, effaça de l’histoire plus de trois siècles durant lesquels l’État de la Régence d’Alger était reconnu, depuis 1515, par plusieurs pays, dont les principaux sont cités plus haut. La Régence d’Alger avait même apporté son aide en 1794 aux révolutionnaires français en les approvisionnant en blé et offert au Directoire un prêt sans intérêt d’un million-or qui n’a jamais été remboursé. Il y a lieu de préciser que les traités étaient signés avec Al Djazair et non avec la Porte Sublime (Istanbul) dont elle était totalement indépendante. Rien qu’avec la France, l’Algérie avait signé pas moins de 69 traités. Ces traités sont cités aussi bien par des historiens nationaux et étrangers, notamment les historiens suédois Carl Reftelius, étasunien Hubert Wienfield Spencer, les français Alfred Dufour et Léon Galibert entre autres. Tous ces traités parlent de deux États. Sur l’ensemble de ces traités et accords, il n’est fait référence qu’à El Djazaïr comme État signataire et jamais à la Sublime Porte, siège du gouvernement du sultan de l’Empire Ottoman. Où est l’occupation turque monsieur Macron ?
Ce dernier savait parfaitement que les consuls, les vice-consuls de rang d’ambassadeur et les envoyés spéciaux ne sont envoyés pour représenter leur pays que dans les États indépendants et souverains. C’est à ce titre, que la France avait envoyé de 1534 à 1830 :
– Pas moins de 61 consuls et vice-consuls de rang d’ambassadeurs plénipotentiaires et de rang de ministres conseillers, de Bartholie en 1564 à Pierre Duval en 1815-1827.
– Pas moins de 96 commissaires et envoyés spéciaux de la Cour de France et du directoire de la République, de De la Forest en 1534 à Duperré en 1830 en passant par Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon 1er, en 1805 Henri-Delmas Grammont dans son livre Histoire de l’Algérie sous domination turque 1550-1830, affirmait, page 232, que « la rupture entre Alger et Istanbul date de 1711. » Ce général député, connu par la loi portant son nom, votée par l’Assemblée nationale législative le 2 juillet 1850, relative à la protection des animaux, resta insensible aux cris de souffrances physiques et morales des indigènes. Il était infidèle à ses propres principes puisqu’il selon Claude Popelin « l’auteur de la loi de protection des animaux, le duc Grammont, ministre Napoléon III, n’hésitait pas à présider les première corridas de Bayonne au côté de l’impératrice Eugénie de Montijo ». (6) De son côté, le professeur algérien Ammar Bouhouche, le premier algérien titulaire d’un doctorat en sciences politiques, insistait sur l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la Turquie en écrivant : « Il faut que l’on insiste sur une vérité primordiale ; l’Etat algérien, à l’époque des deys, jouissait d’une liberté d’action dans le domaine politique. Il s’est doté d’une armée forte, et avait son propre budget comme n’importe quel Etat puissant de l’époque. Le dey signait les traités au nom de l’Algérie sans avertir la Turquie, déclarait la guerre et utilisait une monnaie propre à l’Algérie. Tous ces aspects montraient l’indépendance de l’Etat algérien. » (7)
Avant 1830, la nation algérienne existait, son Etat entretenait des relations diplomatiques et financières avec des États d’Europe notamment la France. L’État algérien traitait d’égal à égal avec les autres États.
SERAGHNI Laid.
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Mots clés : Algérie, Porte sublime, Traités, Al Djazair, Djazair Béni Mezghena, Bologhine ibn Ziri Maurice Agulhon.
Référence :
1 – Discours radiotélévisé de De Gaulle à l’Élysée le 16 septembre 1959.
2 – Maurice Agulhon, “ De Gaulle et l’histoire de France, Vingtième siècle ”. Revue d’histoire année 1997/53, p 4.
3- Rouard de Card, Traités de la France avec l’Afrique du Nord, Algérie, Tunisie, Métropolitaine Maroc, Paris, Pédone Éditeur, Librairie de la Cour d’appel et de l’ordre des avocat, 13 rue Soufflot, 13, 1906, p 10.
4 – Guy Perville, “ Comment appeler les habitants d’Algérie avant la définition légale d’une nationalité algérienne ” (article).
5 – William Shaler, Esquisse de l’État d’Alger (l’ouvrage a été traduit en français, en 1830 par Bianchi), p 214. p 146.
6 – Claude Popelin, Le taureau et son combat, Éditions de Fallois, Paris 1993, p 17.
7 – Ammar Bouhouche, Atarykh Essayassi lil al djazair min elbydaya wa lighait 1962, Beyrout 1997, Edition Dar el gharb el islami, 1ère édition, p 61.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir