Serge Halimi estime que l’empire étasunien ne désarme pas : »Les États-Unis ne restent jamais humbles longtemps. Un mois après leur déroute afghane, l’ordre impérial est rétabli. La gifle que Washington vient d’infliger à Paris en témoigne. Un mois ? Même pas. À peine les talibans venaient-ils de s’emparer de l’aéroport de Kaboul que les néoconservateurs ressortaient de leurs tanières. L’Occident avait « perdu l’Afghanistan » ? Il fallait donc qu’il réaffirme sa présence partout ailleurs pour faire comprendre à ses rivaux stratégiques, la Chine et la Russie en particulier, qu’il ne reculerait pas devant le prochain combat. « La guerre n’est pas finie, résuma le sénateur Mitt Romney, ancien candidat républicain à l’élection présidentielle. Nous sommes plus en danger qu’avant. Et nous allons devoir investir davantage pour garantir notre sécurité. » Après avoir répandu le chaos au Proche-Orient, les États-Unis tournent donc leur regard vers le Pacifique et dirigent leur marine contre la Chine. Ce sera, on le devine, une toute petite affaire… »
Pour Guillaume Pitron, le numérique détruit la planète : « Longtemps l’idée d’une industrie numérique propre car « immatérielle » a dominé les esprits. Contre les géants du pétrole et de l’automobile, la Silicon Valley semblait l’alliée naturelle des politiques de lutte contre le réchauffement climatique. Cette illusion se dissipe. Une enquête conduite sur plusieurs continents révèle le coût environnemental exorbitant du secteur des hautes technologies. »
Olivier Roy nous fait découvrir Les deux visages du djihadisme : « Des groupes terroristes comme Al-Qaida et l’Organisation de l’État islamique (OEI) ont salué l’action des milices armées au Sahel et la victoire des talibans en Afghanistan. Mais, loin de s’expliquer par une guerre sainte planétaire, ces conflits obéissent à une logique propre, territorialisée. Un recours exclusif à la force n’en viendra donc pas à bout. »
Marie Bénilde pense que la fusion TF1/M6 sert à contrer Netflix : « Le démarrage de la campagne présidentielle française a été dominé par la médiatisation frénétique du journaliste antimusulman Éric Zemmour et par l’activisme idéologique du milliardaire ultraconservateur Vincent Bolloré. Au point qu’une nouvelle aussi essentielle que l’annonce d’une fusion entre les deux principales chaînes de télévision privées, TF1 et M6, est passée presque inaperçue. »
Pierre Daum débusque l’obsession de la Russie en Géorgie : « En Géorgie, l’obsession de la Russie. Depuis un an, deux camps irréconciliables, s’accusant mutuellement de faire le jeu de Moscou, ne siègent plus ensemble au Parlement géorgien. La population espère que les élections locales du 2 octobre, organisées sous l’égide de l’Union européenne, apaiseront la crise. Alors que la question russe hante l’arène politique, la société entretient une relation ambivalente avec son voisin du Nord. »
Pour Tanguy Lepesant, Taïwan est la pièce manquante du « rêve chinois » : « Quel avenir pour Taïwan qui élit son président (en l’occurrence Mme Tsai Ing-wen), qui dispose de sa propre monnaie mais qui n’est pas reconnue internationalement ? Seuls quinze pays considèrent l’île comme l’unique représentante de la Chine. Si Pékin espère la réintégrer dans son giron, les Taïwanais doutent de plus en plus du slogan « un pays, deux systèmes », et Washington joue sur les peurs. »
Anne-Dominique Correa décrit le Combat de l’aigle et du dragon en Amérique latine : « Des navires américains croisent en mer de Chine. Plus silencieusement, Pékin avance ses pions dans une région que la Maison Blanche considère comme son « arrière-cour » : l’Amérique latine. Après avoir tenté de revenir dans le giron de Washington, les gouvernements conservateurs du sous-continent, élus à partir du milieu des années 2010, découvrent que les États-Unis sont un allié exigeant, et peu généreux. »
Silvio Caccia Bava analyse la stratégie de la tension au Brésil : « Tout suggère que M. Jair Bolsonaro sera chassé du pouvoir par les urnes à la fin de son mandat, en 2022. Celui qui promettait d’en finir avec la corruption se trouve désormais empêtré dans les affaires et ses frasques irritent le secteur privé. L’ancien capitaine explore donc d’autres voies, moins démocratiques, pour se maintenir au pouvoir. Au risque de se laisser dépasser par une base radicalisée. »
Alexia Eychenne et Rozenn Le Saint nous mettent en garde : « Les serpents tuent encore. Fléau des pays pauvres, les morsures de serpent constituent l’une des maladies tropicales les plus négligées. En Inde, elles tuent plus que nulle part ailleurs dans le monde. Cobras, vipères et bongares pourraient aussi y avoir le pouvoir de soigner, à condition de lever les obstacles industriels, logistiques et culturels à la production des sérums. »
Mais qui a assassiné Thomas Sankara ?demande Bruno Jaffré : » Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, dirigeant du Burkina Faso et figure du panafricanisme, était assassiné lors d’un coup d’État. Les circonstances de ce crime sont restées obscures jusqu’à la chute du président Blaise Compaoré en 2014. Le procès, qui s’ouvre à Ouagadougou le 11 octobre, devrait lever un coin du voile. Une question reste ouverte : le rôle joué par la France. »
Vincent Liégey fait l’éloge de la décroissance : » Le rebond de l’économie mondiale rassure médias, investisseurs et décideurs. Mais le retour de la croissance d’hier peut-il durablement assurer l’avenir de l’humanité ? Parmi ceux qui refusent ce modèle, certains plaident pour la décroissance. Ils avancent des propositions pour une nouvelle approche des défis environnementaux, sociaux et démocratiques à l’échelle de la planète. »
Marc Billaud oppose football et recherche scientifique : » Quarante millions d’euros par an, soit 110 000 euros par jour ou 4 500 euros par heure, même en dormant : le salaire du footballeur Lionel Messi au Paris-Saint-Germain atteint un niveau si exorbitant qu’il devient difficile de se le représenter. Comparer cette rémunération avec l’argent investi dans la recherche en biologie-santé éclaire les priorités qui structurent la société, en dépit de la pandémie. »
Rick Fantasia explique comment devenir devenir un grand chef. » Jadis cantonnés à leurs fourneaux, les grands chefs occupent désormais la scène publique. Ils apparaissent dans des publicités, ils animent des émissions à succès, les magazines célèbrent leur génie. Mais tout n’est-il qu’une affaire de talent ? Une plongée dans le milieu de la haute gastronomie montre que l’excellence sait fort bien se conjuguer avec l’entre-soi et la cooptation… »
Antoine Calvino décrit les rapports entre les autorités et les fêtes techno : » La musique, quand elle n’est pas « savante », tend à être considérée comme porteuse de risques divers. Elle est donc, à coups de brutaux limiteurs de son et de normes de sécurité draconiennes, encadrée. L’histoire des rapports entre les autorités et les fêtes techno témoigne d’une longue défiance qui se durcit en répression.
Même au Sahara on construit des murs (Rémi Cayrol et Laurent Gagnol) : » Construire des murs ou des clôtures pour protéger un territoire ou garder des frontières est une pratique courante à travers le monde. Elle s’étend désormais au continent africain pour entraver les flux migratoires. En toute discrétion, du Maroc au Niger en passant par l’Algérie, les autorités érigent des parois de sable, lourdement gardées par des policiers et des militaires, et surveillées par des caméras. »
Ariane Bozon décrit les méthodes coercitives et la résistance dans les prisons turques : « Depuis plusieurs décennies, la privation volontaire de nourriture et d’eau constitue une stratégie de revendication politique de détenus de l’extrême gauche turque ou affiliés à l’indépendantisme kurde. Face à ces protestations, parfois fatales pour les premiers, Ankara opte pour la manière forte. De nouveaux établissements pénitentiaires sont construits pour empêcher tout mouvement collectif. »
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir