Dans un rapport sur le fonctionnement des soins critiques durant la période de gestion de crise, la Cour des Comptes estime que le chiffre de « taux d’occupation des réanimations » présenté par les autorités est « opaque ».
La pandémie de Covid-19 a augmenté la pression sur les services hospitaliers de soins critiques et a mis leurs insuffisances et difficultés structurelles en lumière. À la demande de la Commission des Affaires sociales du Sénat, la Cour des Comptes a publié le 22 septembre un rapport (remis fin juillet à la commission) dans lequel l’institution dresse un bilan du fonctionnement de ces services durant la période de gestion de crise et formule une série de remarques.
Parmi celles-ci, la cour pointe à la page 58 du rapport que le chiffre de « taux d’occupation des réanimations » présenté par les autorités publiques est « opaque », et ce à trois égards : d’abord, « il ne s’agit pas de réanimations mais de l’ensemble des soins critiques », ensuite, « il s’agit des lits occupés par des patients Covid, à l’exclusion des autres patients ». On ne sait, dès lors, si la référence est celle des « capacités en soins critiques (ou en réanimation ?) d’avant crise ». Enfin, toujours selon la Cour des Comptes, « le nombre de lits de réanimation effectivement autorisés et armés n’est jamais publié ».
Ce que la Cour des Comptes nomme « soins critiques » comprend la réanimation, mais aussi les unités de soins intensifs et les unités de soins continus. « Faire face à une pandémie ne devrait pas s’improviser », commente Véronique Hamayon, conseillère maître à la Cour des Comptes, pour Public Sénat. « La France était très mal préparée à la pandémie, les plans et les outils n’existent plus depuis 2014, les plans sont devenus trop généraux », poursuit-elle.
« Entre juillet et octobre 2020, nous n’avons pas relevé de décisions annonciatrices de modifications structurelles pour les soins critiques. Après la première vague, aucune décision n’a été prise qui pourrait indiquer que les pouvoirs publics envisageaient une évolution », notent les membres de la Cour des Comptes à l’origine de cette analyse. Les autorités ont néanmoins fini par tirer les leçons en termes de gestion « à mesure que la pandémie s’installait », notent les analystes. « Les leçons des deuxième et troisième vagues ont été mieux comprises », affirme ainsi le rapport qui évoque notamment une politique plus régionalisée de déprogrammation des soins pour éviter la déprogrammation généralisée de la première vague.
Déprogrammation des soins non urgents : des conséquences inconnues
À partir de la mi-mars 2020, « une transformation très rapide et à large échelle de lits de soins critiques et la création ex nihilo d’unités de réanimation éphémères ont fait passer le nombre de lits installés de 5 080 en mars à 10 133 le 15 mai, avant de redescendre à 8 320 lits le 15 juin 2020 », note le rapport. Cela s’est accompagné d’une « déprogrammation nationale et durable des soins non urgents dont les conséquences en termes de santé publique restent à évaluer », soulignent les analystes.
La crise sanitaire a mis au jour des difficultés structurelles qui ne datent pas d’hier. « Le nombre de lits de réanimation s’est globalement stabilisé autour de 5 000 depuis 2013 alors même que l’activité n’a cessé de progresser », fait remarquer le texte. Pour conclure, la Cour des Comptes formule 12 recommandations pour tirer les enseignements de la gestion de crise, notamment en « évaluant les conséquences des déprogrammations, des transferts de patients et du renoncement aux soins durant la première vague de Covid-19 ». Elle préconise également d’anticiper les besoins futurs en matière de soins critiques.
source : https://francais.rt.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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