Par L’Abbé J.-Réal Bleau — Photo : Unsplash
L’humilité chrétienne revêt plusieurs aspects. Elle brille dans toute sa perfection en Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui, renonçant à la gloire de sa divinité, s’est abaissé d’une façon prodigieuse en se faisant homme. « Il s’est anéanti, dira saint Paul, se faisant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » (Phil. 2. 8), pour réconcilier l’humanité avec Dieu et faire resplendir d’un éclat nouveau l’image de Dieu dans le cœur des hommes. Le plan d’amour surabondant de Jésus-Christ sur l’humanité avilie par le péché n’a pas été seulement de lui rendre sa dignité première, mais de l’élever à une dignité bien supérieure, en la faisant participer réellement à sa divinité.
Le principal obstacle à cette divinisation de l’homme, c’est-à-dire à sa participation personnelle à la nature divine par la grâce du Christ, — on ne le soulignera jamais assez — est l’orgueil.
L’orgueil enferme l’homme en lui-même, dans son « moi » détestable, qui pense et agit comme s’il avait toujours raison, comme s’il était au-dessus de toute autre autorité. Pour l’orgueilleux, et nous le sommes tous à un certain degré, la Parole de Dieu est toujours de quelque manière interprétée d’après des critères subjectifs, ses critères à lui, soit d’ordre intellectuel ou d’ordre affectif. Ainsi, les affections désordonnées de quiconque, parce qu’elles font passer l’objet de ces affections, — comme l’argent, les honneurs, le pouvoir, les plaisirs, — avant Dieu et sa loi d’amour, l’empêchent de discerner la volonté de Dieu, et lui font poursuivre aveuglément, en tout ce qu’il fait, sa propre volonté tout en le laissant dans l’illusion qu’il est en parfait accord avec la volonté de Dieu. D’autre part, par manque d’humilité, la divine doctrine du salut, qu’ont toujours prêchée, à la suite des apôtres, les fidèles serviteurs de Jésus-Christ, est souvent interprétée faussement pour des motifs d’ordre intellectuel, comme l’attachement excessif à des traditions culturelles et religieuses d’origine humaine, mais particulièrement en subordonnant la foi à la science. La science, c’est-à-dire toutes les données des sciences naturelles, est alors érigée en critère supérieur pour juger de la foi. Une autorité absolue est ainsi donnée à la science au détriment de la foi. On ne croit plus réellement à la Parole de Dieu, mais à la Parole « infaillible » et « toute-puissante » de la science.
Certes, il ne s’agit nullement de mépriser tout ce que les sciences humaines peuvent nous apporter de connaissances, toujours précieuses pour notre perfectionnement intégral lorsqu’elles sont certaines, mais plutôt de ne pas leur donner une autorité absolue qui n’appartient qu’à Dieu. L’orgueil « scientifique » est sûrement aujourd’hui l’obstacle majeur à la foi simple et vécue à la Parole de Dieu, qui est nécessaire au salut de tout homme, qu’il soit un très grand savant, un moyen savant ou un tout petit savant. Nous devons tous réapprendre, en notre temps d’apostasie générale, qui est la grande et unique source de la vraie noirceur culturelle et sociale, à redonner à la Parole de Dieu sa primauté absolue, sachant que cette divine Parole s’est faite chair en Jésus-Christ, qui vit toujours parmi nous réellement présent dans sa très sainte Eucharistie. Dans la foi à la Parole de Jésus-Christ, hors de laquelle il n’y a de salut pour personne, il nous faut tomber à genoux devant la Présence de sa Face eucharistique pour être illuminés de la divine Lumière qui seule éclaire la route qui conduit au ciel. C’est dans l’adoration de Jésus-Eucharistie que toutes les âmes, indépendamment de leur science humaine, sont invitées à boire aux eaux vives de la divine sagesse, qui est au-dessus de toutes les sciences, parce qu’elle s’identifie au grand feu d’amour où Dieu habite et se donne aux humbles.
J.-R.B.
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