par Gilbert Guingant.
Devant un monde bien saccagé, il nous faut comme tout réinvestir. Nous ne pouvons nous priver des moindres opportunités. La culture garde son vital potentiel. C’est que l’écriture, aussi, peut ramener du parfait inconnu, des découvertes vives, des germes d’un meilleur futur. Une des techniques rarement employée afin d’y parvenir ? Aucun concept abstrait, pas d’intellectualités … seulement des sensations, des émotions, et des sentiments afin de brosser et décrire les réalités. Ce qui donne ?
Les déserts
J’enfonçai les pieds dans la peau ensablée. Des dunes à perte de vue, habillant le désert en tournant ses pages de sable au vent crevant, redonnaient l’océan qui avait bien du, un jour, y appuyer son entière cage thoracique à se rouler dans les draps moites de sa nuit. Abandonnant son empreinte au petit jour. Le désert mamelonné à l’infini en ondulations dansées pour l’œil seul est bien l’empreinte la plus nue que nous puissions découvrir de la Terre de nos cerveaux. L’empreinte d’une étreinte si lointaine, si profondément cachée dans le passé, que le vent depuis passe son temps à ranger les feuilles de sable, que nous n’avons plus, depuis, cessé de mouler cette étreinte du ciel de nos palais. À t’en retourner l’agile doigt de la glotte. Tes pieds labourent la chair duveteuse du sable. Pendant que le soleil s’accélérait à boire le bleu sonnant du ciel comme à nos temporelles tempes, d’où un sel de blancheur réussissait à faire des cieux l’ébloui miroir des poussiéreuses marches de la soif, qu’ouvre tout recueil du désert. Des rigoles crayeuses me sillonnaient la gorge, collant les rebords de ces acides canyons entre eux. La salive, telle de farineux buissons, pouvait difficilement s’y frayer, effrayer un passage et rebondissait, sans se badigeonner, sur les sèches parois, en abrupt ravalement. Le ballon ridé de ton palais et tes dents – rivages d’étoiles. La nuit te remonte à la bouche.
Un puits qui tapissait ta glotte de l’innocence d’une oasis ne tarissait plus cette fraîcheur. Ton palais est strié des mêmes ourlets que le désert qui, en écho, se fait écrin de nos chairs aquatiques. Ton corps de vasque claire trempa, ainsi, le papier à cigarette de tes frissons d’une rapide langue. Le haut palmier de ton regard agitait ses fruits lourds dont la courbe gonflait de plénitude lisse l’entrejambe de ton pagne. Bronzé de pépins, tu hérissais ton dos dans l’arc de ton attente. Le désert ne gardant de la forêt qu’un pivotement mécanique. Tournant juste sur leurs gonds ses seins de sable. Aussi les glandes sont retirées de leurs bourses paisibles. Une lumière te jaillit du fond du ventre des temps. Tandis que les grains de la soif se resserrent. Nous hurlons, aplatis, collés à la robe de sable, nous hurlons de silence, la bouche tendue comme une gourde bien ronde au soleil liquide des nuits. Aux heures ensoleillées des nuits qui étancheront la soif de nos repos. Le puits qui, dès que tu le vois, te donne l’impression de te monter à la bouche – courbait le lait serpentant de brouillard nacré, s’emplissait de fraîcheur d’étoiles, irradiait le ronronnement d’un chat, dont le ventre blanc ébourifferait de touffes étouffées le soyeux de tes yeux. Le puits s’amplifiait de multiples ruisselets de pulsations, le globe gonflé de sable se tendant dans l’abondance de ta salive. Les glandes qui de ta torride soif font érection. Les glandes qui rendent nos corps si aquatiques prêts à l’évaporation, avalaient leur liqueur aqueuse. Le bout du puits vibre entre tes lèvres, agace ta langue. Tes caresses continuaient à prendre sur le vent que déployaient les dattiers mousseux. La peau pleine et ferme se treillant d’un filet de petites étoiles sombres nouant les fines mailles du tissu filant. Le sable criblait une chair de poule – apparemment. Les seins de sable se mirent, alors, à frissonner aux effleurements descendus de tes yeux. L’à peine glissé bout de ton doigt pétrissant d’émotion la chair fragile, dont s’extirpait une pointe extensible, érectile, qui bourdonnait aux mouvements de tes doigts. Une flaque brune avec des mottes ondulantes l’enroulait. La soif des yeux est étanchée jusqu’à ce que leurs seules coquilles sèches demeurent, premières aréoles. La tétine du téton se détendit en geyser serein. Les seins sautent maintenant comme cette envie d’être bus. Ils prirent comme leur l’irruption de ton ventre éclatant de fruit tentaculaire, quand tu aspirais la joie de ta bouche à moduler a salive, à découper ta langue de mangue, à vibrer l’ivoire de tes dents de brefs mordillements, à boire le goût de ta respiration mêlée d’un halètement des seins de sable, moulés d’un tapis d’oasis, quand s’y pressaient à plein des battements – que te renvoyait le doigt rapide qui dressait ton ventre, comme à l’intérieur de la sève ruisselante des mamelles de ton repos. Tous les laits giclèrent. C’est pourtant très habituellement ce que l’on sent dans le désert. Au désert déserté.
Les volcans
À ni mal, ni rien de mieux à dire, animal écroulé dans les jambes coulées lointainement, s’allongent étirées vers le bas des reliefs (de son dernier festin), animal effondré dans sa rigidité calcinée, pointant sa croupe crevée aux cieux. La terre s’enjambe et se plie comme un genou dont la rotule aurait dis-parue, béante. Le ciel écrit. Un homme accroupi sur ses talons, tendait une corolle, muqueuse tissée d’une fine dentelle de veinules violettes. Fleur sensible que la fraîche caresse de l’eau fait s’ouvrir et se refermer sur elle-même. Et qu’il reste à analyser. Et en prose pour mieux vous cerner. Afin qu’elle ne croupisse.
La lourde fleur calcinée du volcan oui bellement continue d’aspirer sa lourde S’ève-t-elle ? , s’humecte dans le chemin d’une cheminée – d’alimentation de cet extrême hasArt encore, que croupe soit la juste traduction du latin crater qui a conquis le français cratère.
La terre une fois de plus soulève sa poitrine de sueurs rouges. Sa peau se distend, tuméfiée, bosselée, crevée de flaques de nuit, où émergent des écailles de pierre, qu’épluche ce rauque terrain. L’homme, soufflant de même, se relevait, passant sa paume d’heaume : son toucher tel une éponge aux alvéoles avides, tu le sens tendre ses croupes. S’enfler et se boursoufler de tant d’étés, jusqu’à en émerger un sombre dôme entre les étincelles d’étoffes. Au royaume du roc solide ou fondu et des gaz, se dresse le plus étrange ouvert ouvrage du potier comme une marmite en forme de jarre, dont on ne verrait dépasser que le col : pot de terre cuite, si l’on peut dire, ce cratère se lisse les flancs jusqu’à s’en profiler en silhouette de cône déconné se dresse le plus étrange labeur labial tel un entonnoir habillé d’averses de versants comme d’un lourd manteau au col rehaussé de hautes fourrures qui aurait été expurgé de son cou – ou, encore, tel l’échancré embout de la poche de mayonnaise encochée de tirer les vers du nez des nourritures… Bec écartelé, hurlant sa propre gorge, ce cratère s’accumule de ses propres projections. Projet en cours. Comme quoi un volcan n’est fait que de toute la matière non gazeuse que son cratère vomit. Omis-je d’inciser dans notre histoire sédimentaire que, de l’écorce terrestre, une faille s’était blessée incendiant le cul du chaudron volcanique, du plus profond magma mis soudainement en contact nu avec l’atmosphère. Cette fracture ouverte se fit appeler cratère pour que mieux craque la terre. Et, sous l’épais derme de ta peau, le même magma écorché cherche cette même cassure, dans ton cas, c’est sûr, où s’y engouffrer. Les mots n’arrêtent plus de voyager sous ta peau : n’est-ce pas paradoxale façon de trouver l’air libre que de s’y en-gouffrer. Il doit y avoir un chemin aux cheminées.
Néanmoins, pour que cette fissure fit sûre, un lac y mijotait depuis quelques années dans la coupe du volcan. Néant plus. De cet impassible profil du repos pendouille, tout de même, une pipe sèche dont le culot exhale, de temps à autre, de longs soupirs de soufres. Souffrez donc de me donner une allumette. Le soleil des formes changeait sans cesse, fusant et infusant de milliers de fumerolles, des flammèches fugaces frisaient partout à la surface du lac, apparaissant soudain, et de souder le soudain, d’une fissure, puis d’une petite fontaine, flambant sec d’un seul coup. Sur le mobilier des rochers, qui encerclaient le lac d’un talus circulaire, se lâchent des jets de vapeurs où rêvent des anneaux de fumées. Quel fumet : la cuisine cuit. Le volcan clapote au fond de sa gorge écarquillée. Entonnoir plus fait pour entonner un mélange de vin et d’eau comme chez les anciens, prenant à pleines mains le cratère des beuveries. – que pour éructer ses caillots d’activités. Un volcan n’est qu’une activité : mais quand font éruption les volcans quand ? Ton vol n’est qu’activité : mais quand fait éruption ton interruption ?
Un volcan est une végétation, une cuisine, une parure, tout ce qui peut pré-parer sa réaction. Et quant à toi le même entour rage pour l’anagramme de ta réaction en création… Comme quoi les pentes de cet instrument de cuisson s’allongent telles de pulpeuses robes de laves, comment déjà ? Ah oui, délavées ! Un énorme dôme d’eau se plaça en irruption sous la poussée de gaz, libérant un terrible jaillissement de rocs, de bombes, de scories, de lapilli, qui fusaient pour aller s’écarteler dans le ciel en une gerbe d’offrande. Ça s’appelle l’ex pression. Le lac de toute sa taille soulevait ses jupons en l’air… Il ne resta au fond de l’assiette du volcan attablé qu’une surface de feu, caché encore sous le nocturne derme du pachyderme qui commençait d’admettre de longues craquelures, zigzagantes au travers de son étendue, encore figée, qu’elles découpent en immenses radeaux sur la lave flottante. La peau souple cherche à se cicatriser. Simples ondulations d’abord. Puis de plus en plus lourdes, grommelantes au fond de la gorge volcanique, faisant, tour à tour, gonfler et s’abaisser la peau sombre et plastique qui recouvre le bain en fusion. La lumière entre en baignoire. Des tourbillons s’infiltrent, zébrant, lézardant la surface obscure. Se mettent à converger des courants lents et de plus en plus rapides à mesure qu’ils s’approchent de ces maelströms qui déchirent, de leur violence, la carapace rugueuse, la crèvent et l’engloutissent par lambeaux, par plaques. Ce ciment fait pour durer quelques lustres illustres. Une petite bulle crevait non pas à l’intérieur d’elle-même mais de côté, laissant les gaz s’échapper dans l’espace pour la première fois. Les gaz fouettaient les courants musclés dans la masse entière, couraient, entraînant, de plus en plus vite, des pans de croûte noire, comme si une débâcle printanière s’emparait de la fonte des feux mirés dans la glace, et éclaboussaient dans ce fantastique ressac, les abords du cratère de fouets de bulles grasses, de peupliers de vagues de feu ? Ce serait la moindre des choses que vous pensiez à ce qui se prépare. La surface de la bouche arquée se mit à enfler rapidement, langue pâteuse, qui délaya les couches de rocs. Coup de semonce. Grandement, des grondements, des roulements sourds, sourdaient de la Terre qui frémit sous la ruée des laves qui se pressent, qui sifflent leurs gaz stridents, qui répercutent les coups de béliers du basalte fondu battant les parois du cratère. Ses halètements de locomotive énorme venaient de lieux très souterrains. De violentes bouffées se poussaient entre elles, se chevauchant les unes les autres, et se gonflèrent au-dessus d’un monstrueux nuage éruptif, dans lequel fulgurèrent des éclairs gigantesques. Lançant les craquements secs de la foudre qui déchire le tissu. Le concert se déployait en fracas, comme c’est son cas. L’interrupteur actionna sa lumière et ce fut enfin l’éruption…
Tu te trouves coincé dans la cheminée du cratère au seuil des odeurs fétides de l’hydrogène sulfureux, âcres et piquantes de l’acide chlorhydrique, douceâtres et collantes tout à la foi. Enroulé de longues giclées de gaz primitivement dissous dans le magma, de gaz trop longtemps compressés, comprimés, retenus prisonniers. Et qui viennent percoler le culot du cratère ; Col maté par l’accumulation des bombes jadis retombées. Les gaz se concentrent dans une pipe de lave solidifiée sous le culot de la roche. Propagations d’ondes élastiques descellantes de ce que tu y décèleras bientôt. S’élevant – les gaz se décompriment… Tu es toujours ligoté au magma profond. Traversant les couche successives, cristallines de leur dure transparence ; sédimentaires. De tout ce qui s’est dit dans les âges des âges. Tu es brassé, percuté, bringuebalé, hoché, tourné, poussé, propulsé. Toutes ces pressions comprimantes et primantes se décompressent, moins de presse, circulation plus fluide. Début d’ex-pression. Le jeu des orifices est comme la fission de cet or : quelque chose de séparé pour s’en parer. Bas les pattes. La fixion de la fiction. Sous ta peau roulent des actions sanguines, musculeuses, une même ascendance (sous quel signe déjà ?) roulée de nerfs, un roulement d’os, articulations, qui se re-cueillent toutes en un élan d’explosions…
Alors, tu montes tel un colossal piston. Ex pulsion hors des entrailles de la Terre, de la matière solide et liquide et gaz à très hautes pressions. Et, afin que tout entre et aille dans les entrailles de la Terre – un colossal piston qui creuse son trou, le vrille vers l’extérieur, rejetant sa terre des deux côtés, en talus circulaire, comme des blocs de paille boueuses pétrifié en cendres gluantes. De cette neuve plaie béante une puissante colonne de gaz, avec des débris de rocs et de cendres par dizaine de milliers de tonnes, s’élève des profondeurs qui, comme le nom le trace, sont pour fondre. Les profondeurs sont ce qu’il y a de plus fondu. Et, pluvieux, tu es projeté tel un pin parasol flamboyant, tel un parapluie s’ouvrant de rails d’iridescentes splendeurs, en un champignon de roc… Impétueux talentueux…
Quand un daim dit soudain, de violentes pluies vinrent ruisseler le rimmel du paysage comme de longs cheveux pendants au charbon de l’air. Le volcan explose sa tiare, fiche sa couronne en l’air. Le bouchon de la bouche saute comme une dent arrachée, les racines déchaussées, sous la poussée musculeuse des flots de suie. Se mêlant à une vapeur immaculée, si dense qu’on l’eût dit solide ; qu’elle se tienne comme une onde durcie dans l’air, un écran de gaz et de vapeurs si impénétrable que l’on ne peut apercevoir sa propre main même contre le visage – cachait tout dans une nuit épaisse. Cousue de fantastiques panaches de cendres. Les ténèbres térébrantes. Car naissent déjà de ces rideaux de suie, des points blancs qui dessinent de pures courbes claires, traces de ses déchirures ? Pendant que les minuscules baguettes de tambour des lapilli forment une grêle incroyablement serrée de crépitations. Hallucinante poursuite de fuligineuses trajectoires de sables et de rocs flagellant tout. La suie essuie toute chose…
L’explosion montait, rappelle-toi, tournoyant le plexus, la Thora du thorax s’étoilant du ventre en deux gourdes engourdies et juteuses jusque dans les poumons en fistule (canal accidentel qui amène au dehors les productions de la sécrétion d’une glande). Le chauffage central.
De ton corps mis en déroute, la treille de tes muscles muselée vers une seule offrande, ton sang battant un autre cœur aux choses, tes nerfs agitant l’Énergie, au bracelet de métal fondu, vers la seconde bouche de ton soleil, pour exploser dans la fraise de la gorge. Te tenaillant le ventre, te surchauffant une sueur massive des organes en ébullition, cheveux moites de ton crâne de poulpe, le pouls tout aussi bien en bouilloire, ton éruption te tenaillant l’aine en tentacules de feu, l’abdomen brûlé du désir ramifié dans toutes les portes ouvertes à la chaleur torride du cratère. Insoudable insondable.
La grande lumière faisant naufrage dans le noir où dansaient des fantômes luisants. De gaz flambant au contact de l’air leurs gigantesques chalumeaux rauques et assourdissants, dressant la lampe tendue de leurs flammes bleues, transparentes, violettes. Des gaines de couleurs rugissaient de la gueule et dardaient, vers le ciel, les hautes flammes orangées, liserées de jaunes d’or éblouissant. Partout des flammèches brèves et pétant sec pointaient sur le rouge du magma et le noir de sa peau éphémère. Le ciel sentant le brûlé, une épaisse fumée de sang s’en vaporisait. Brassant la matière d’écarlate et d’or. Phosphorescentes plénitudes. Orge. Fendues d’incisions rouges, poumons bleuis par les aboiements sauvages. Si tu avales ta langue c’est que ton sexe prend feu. Intempéries intempérant. Feux – d’artifices. Longs cheveux lumineux en pleines baguettes entourant le blanc aveuglant du four intérieur, un jaune mousseux et la végétation épineuse des écarts d’écarlates comètes filantes. Une carte veineuse du feu dessinant les cours de feu, les rives d’hier, les fleuves louves, les torrents. Des plumes, des boas, des torsades d’architectures, s’élèvent en bourgeonnant, surgeons surgis, en myriades de monstrueuses circonvolutions. Tourbillons se tordant les uns sur les autres en monstrueuse cervelle libérée de quelque crâne cyclopéen (l’encyclopédie-qui-ne-voit-que-d’un-œil). Le volcan c’est l’esprit même. Le vertical cervical. Le fruit à l’extérieur de soi quand tu l’avais porté à l’intérieur. L’ANALyse a fait traverser à l’esprit un incroyable circuit physique pour en donner l’image de l’éruption. T’en voici le fanatisé à mesure que le gaz se fait gazelle.
Tu es, alors, projeté dans le projet d’un feu liquide entre des cubes de pierres qui flottent et culbutent sur eux-mêmes, entre la pâte de verre vive bientôt torsadée, tirebouchonnée, tordue en spirales, comme la vitesse – et la résistance du ventre de l’air – le provoque, cet espace déroulé tel un flamboyant tapis. Haleur de chaleur. Soufflé, tu tournois sur toi-même dans le vestibule de tourbillons de flammes, de laves et de pierres en fusion. Le corps nu en cornue. Le fond du cratère se vide, alors, comme sous l’effet d’une puissante déglutition, puis, le liquide bouillant reflue, bondit vers le ciel, se disperse en gerbes de bombes de gaz pétaradants et de scories, et retombe en crépitant intensément. Dans le même mouvement, tu es transporté jusqu’au choc du poing de l’air durci qui te fait couler tel une flèche. L’éruption est au comble de l’interruption. Les nuages sont en cendres. Le ciel a basculé en incandescences incantatoires, l’or dégouline sur le sommet du volcan dans l’éventail d’un sauvage pourpre – signé igné.
Un mur de feu courait sur les pentes à vitesse prodigieuse. Alors la langue épaisse comme caramel bouillant, coula, en émulsion de la plaie de son lait. La pierre liquide emportée, malaxée dans un fleuve débordant qui la supprime même, la pierre proférée à bout portant dans cette formidable activité viscérale qui fait que la Terre, ton corps, souffle, crache, pète ou hoquette une diarrhée rougeoyante. Et, si c’est l’abandon le plus total, langue pendante et bavante, yeux enclos, croupe ouverte et déballante, corps en irruption abandonnant toute son interne moelle, le foyer de sa chaleur, la dynamo de ses battements, le radar de ses regards – rien ne se passe, pourtant, de plus ordonné…Comme canalisé dans un invisible couloir d’aspiration… À l’image de ces buissons de feu à la frissonnante crinière en pleine impétuosité d’onctuosité…
Monstres en pleine reptation, colossales langues de matière visqueuse, haussant un front tout hérissé d’une dizaine de haut manteau. Tintinnabulant du mâchefer dont le refroidissement les recouvrait, se regroupant en plusieurs mousses de rocs, d’un aérosol de particules, escarbilles de minéraux liquides et autres laves qui lessivent les pentes. La lave lave. De véritables nappes de roc liquéfié se répandant sur des dizaines de kilomètres à d’étonnantes vitesses. Pendant que des blocs instables dérangés de leur précaire équilibre dégringolent par bonds furibonds, de plus en plus hautes couches de scories se mettent en branle et en avalanche de flûte. Laissant les braises de fraises dans ces masses de cendres et de fragments minuscules, enrobant un bloc comme une cerise confite dans un cake, qui succèderont à leur passage passager. De la nuée ardente s’éteignant…
Et puis, après que le ciel ventru et la peau flambée de la Terre aient été battus, tambourinés de la fuite des orifices – l’espace déployé va ployer au faîte de son arbre de feu, pour retomber en étincelles échaudantes sur le sol roulé en boule. La blessure écartelée va se refermer, lentement, en s’éclaboussant d’arrières-pensées rythmées des derniers clapotis grondants du cratère.
C’était comme un orage à l’intérieur de la Terre. Le bafouillage du fouillage. Tonnent les nerfs de métal fondu, c’est le tonnerre. Les éclairs éclairaient le cratère turgescent comme offert, à la fin de son long travail d’expulsion. La foudre en poudre. Autre accouchement, affleurement des couches métamorphiques qui se tordent, ondulent, se plissent, se rincent de grincer. Et le plasma morcelé en rêves de collines, crêtes, grottes ou fragments femelles, inondent les chemins de parchemins dont le dos de la Terre est tout parcheminé. Il y avait donc bien un chemin aux cheminées. Et ce sera de suivre ta voie en parchemins par chemins retrouvés…
Mais qui, qui donc aurait pu imaginer tant de sortes de puissances sous ta peau, sous celle de la Terre ? Qui aurait pu dire que les mobiles de notre peau coulent sur un tapis roulant, comme sur une pâte épaisse, un gruau de feu ? Et ce travail viscéral où tout est canalisé analysé ? À en pâtir de la pâte ? Quant au but de toute cette cuisine, de ces épanchements, de ces fuseaux de fusées, ne serait-ce pas de la fertiliser, vaporiser, toute haute Terre, lisez donc ? N’en-vous point. Tout comme ces frissons de sons, ces tremblements de Terre ? Grosse pierre jetée dans la mare de nos regards. L’épi centre son feu végétalisé jusqu’aux autres moissons s’élargissant les moussons de la Terre en fusion, dans le magma de ton corps, la pâte se tord sans tort, s’ondule sous des poussées arrachées, jusqu’à trouver la faille dans l’écorce, la faille dans la table de pierre basaltique, dans la pirite du spirite, pour que cette rupture soit éruption ou tremblement des voracités de véracités. L’épi centre la ceinture des reins et tressaute la coquille, coque et quille d’un vaisseau qui se dilate à mesure que la chair est la chance du son. Sautant vos faux fossés, talus t’as lu que l’éruption retrouve son érection ?
Mais quand font irruption les éruptions des orifices. Oui quand font éruption les volcans… quand ?
*
Éclaircir un peu ? Nous sommes de fervents de la « pensée unitaire ». Soit ? Aucune des disciplines intellectuelles n’est séparée, étanche, à part – tout y reste indissolublement lié et relié. Et la vie prend tout ensemble pour nous offrir la signification des choses. Un bref raccourci historique ? Au XIXème siècle, en Europe, les universités – pour de simples motifs de méthodes – distinguèrent des domaines intellectuels différents. À l’expresse condition que, dans la vie sociale, aucune de ces branches intellectuelles ne soit hégémonique. Ne parle pour les autres.
Et qui auront oublié cette fondation même de la pensée, te brandissent « l’économie sait tout et écrase tout le reste ». Or (en abrégé) l’économie n’est Pas… une science et ses nômos ne sont pas des Lois – pas de « lois économiques » (la demande ne croise jamais l’offre, par exemple. Sinon pourquoi la publicité hein ?) … et surtout pas la bêtise crasse des « lois implacables du marché (sic) ». C’est juste un « savoir empiro-pragmatique », de simples observations qui ne se reproduisent pas obligatoirement. Ou bien si elles se reproduisaient, nul ne saurait bien pourquoi. Pas de mécanismes identifiés et mathématisés comme en astronomie !
Sans les autres savoirs la petite enclave économique n’est rien. Ces autres savoirs qui participent tous à la même compréhension du Tout. Puisque unitaires aucun de ces savoirs ne peut faire cavalier seul. En restent une massive preuve : les dégâts gigantesques de l‘arriération néolibérale – ce grand banditisme – viennent de là… Néolibéraux qui n’ont que des trous de mémoires historiques !
Ainsi se profile l’hypothèse La Terre est un corps/ et votre corps est la terre qui économise sa propre théorie (en fait, il y a 7 grandes formes de paysages !). Elle n’y est que dans sa toute pratique écrite ou orale… qui nous dit en direct les sensations, les émotions et les sentiments. Dans un authentique vécu qui, parfois, parvient à transcender toute la littérature !
La vérité ne peut rester qu’inclusive – elle n’exclut jamais rien… surtout pas le meilleur…
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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