par Serge H. Moïse.
Nous n’avons pas encore atteint le fond du gouffre, certes non, autrement nous pourrions avec un ouf de soulagement, nous croiser les bras, attendant la remontée, le retour à notre haïtianité.
La reconstruction et la refondation du pays vont exiger de tous et chacun d’entre nous un sérieux examen de conscience pour comprendre que l’état de déliquescence de notre société résulte de notre laxisme collectif. Ce que nous avons fait, ce que nous n’avons pas fait, ce que nous aurions dû faire et le plus important, ce que nous pouvons faire à partir de maintenant afin de mettre un terme aux inégalités qui nous caractérisent en tant que peuple le plus pauvre du tiers-monde.
Ils sont nombreux à se tromper en affirmant péremptoirement que notre pays est foutu, qu’il n’y a plus rien à faire, d’autres parlent d’incompétence aiguë, de mauvaise foi et même de malédiction. Ils sont dépités découragés, gênés, à bout de souffle et préfèrent ne plus entendre parler de ce train en perte de vitesse, et qui se dirige irrémédiablement vers le point de non retour.
À ceux-là, nous disons, avec toute la force de nos convictions, que tout n’est pas encore perdu. Nous les exhortons à ne pas baisser les bras, car paradoxalement, la solution à nos problèmes est à portée de la main, que dis-je, elle est en nous, enfouie sous le poids des innombrables frustrations et déceptions accumulées au fil de nos deux siècles d’histoire.
En effet, nous sommes douze millions d’âmes, issues de nos vingt sept mille cinq cents kilomètres carrés dont le tiers en diaspora, toutes des créatures divines pour les croyants, dotées d’intelligence, de volonté, d’amour du prochain, de conscience et de dignité humaine. Nous réunissons donc ce qu’il faut pour réaliser notre propre rédemption.
Point n’est besoin d’une longue et fastidieuse dissertation pour faire la démonstration de notre échec collectif, c’est aujourd’hui un fait patent, indéniable et injustifiable puisque l’échec, comme disait l’autre, n’a point d’excuse.
Ceci étant dit, nous savons donc que, ce que nous constatons avec amertume et consternation n’est que notre œuvre à nous tous, sans exception aucune. Toute approche manichéenne pour tenter de se dédouaner personnellement ou en groupe n’est qu’hypocrisie et fumisterie. Notre faillite nationale, qu’on me rende fol ou sage, ne fait que projeter l’image du nous collectif.
En dépit de ceux qui ne savent à quels saints se vouer, il existe encore, et plus nombreux qu’on ne le croirait, les irréductibles qui s’accrochent avec toute l’énergie dont ils sont capables, à l’idée salvatrice qu’Haïti ne peut mourir en aucun cas. Ce sont des rêveurs maintiennent les sceptiques, oubliant qu’il n’y aurait aucun avancement, ni progrès si l’homme avait perdu la faculté de rêver.
Le rêve ou miracle haïtien demeure encore possible, dussé-je me répéter, cela ne dépend que de nous et seulement de nous. Nous ressassons depuis notre plus tendre enfance : l’union fait la force, nous avons eu l’occasion dans le passé, de mettre en pratique cette maxime, nous l’avons traduit dans notre succulent vernaculaire, notre langue maternelle : « men anpil chay pa lou » or, ironie du sort, au moment où même la nature, après le séisme le plus dévastateur que nous ayons connu, nous le commande, nous éprouvons toutes les difficultés du monde à créer cette grande chaîne de solidarité, sans laquelle le sauvetage n’est pas pour demain.
Les beaux discours et les palabres ont déjà prouvé leur inutilité ainsi que leurs effets contre-productifs et nocifs. L’heure est venue de changer radicalement nos habitudes de penser et d’agir « acta non verba » . L’éducation se fait par l’exemple, il appartient donc à notre élite, si tant est qu’il y en ait encore une, d’indiquer la voie à suivre à travers des projets concrets qui tiennent compte des intérêts de tous les groupes sociaux et en particulier des plus démunis de notre société, afin d’éviter une explosion sociale aux conséquences imprévisibles.
Quand nos intellectuels se décideront enfin à élever la barre, afin de planch sérieusement sur les problèmes de la nation à travers de véritables débats d’idées
Quand nous mettrons en place des structures pour une politique de plein emploi, une éducation avec pour objectif de former le nouvel homme haïtien et évidemment la nouvelle femme haïtienne, qui auront à cœur le développement et le rayonnement de la terre natale au lieu de rêver d’un visa de sortie comme unique planche de salut.
Quand la justice et la sécurité ne seront plus qu’un faire semblant, que l’assainissement de l’administration publique ne sera plus un vœu pieux, que nos médecins, agronomes, avocats, infirmières, professeurs, entrepreneurs et autres compétences certaines n’auront plus à s’expatrier pour s’épanouir.
Quand enfin, notre premier ministre et un gouvernement réunissant les meilleurs éléments de notre faune politique, avec un plan de politique générale en adéquation avec les besoins de la république, un parlement en mesure de remplir efficacement la mission à lui dévolue par la constitution, une opposition critique mais constructive; alors commencera à sonner, pour des lendemains qui chantent, l’heure tant attendue, l’heure de la délivrance !
Me Serge H. Moïse av.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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