Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ)
Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ)
Éric Cyr, président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ)
Vincent Beaucher, président de la Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ)
Samuel Vaillancourt, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)
Samuel Poitras, président de l’Union étudiante du Québec (UEQ)
Ça y est, les étudiantes et les étudiants ainsi que l’ensemble du personnel sont de retour dans nos cégeps et universités. Une bonne nouvelle qui réjouit tout le monde, mais est-ce vraiment un retour à la normale dans nos campus?
Non. Loin de là.
Après un an et demi d’une crise sanitaire qui n’est toujours pas terminée, le personnel et la communauté étudiante répondent présents, mais plusieurs demeurent fortement fragilisés et ressentent toujours les dommages collatéraux d’une pandémie qui a bouleversé nos vies.
Un plan trop timide
C’est dans ce contexte que survient l’annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur, Madame Danielle McCann, quant à la mise en œuvre d’un plan d’action sur la santé mentale dans les réseaux collégial et universitaire. Malheureusement, s’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, il s’avère être trop timide pour répondre aux nombreux besoins actuels.
En effet, l’investissement prévu de 60 millions de dollars sur cinq ans à être réparti, selon différents paramètres, au sein de 87 établissements (cégeps, collèges privés subventionnés et universités) est nettement insuffisant. Avec 12 millions par année sur un budget annuel de 6,7 milliards de dollars en enseignement supérieur, on ne pourra pas accuser la ministre McCann de pécher par excès d’ambition. Bien au contraire. Il est clair que le gouvernement sous-évalue grandement l’importance de cet enjeu sur nos campus.
La pandémie a mis en évidence les effets pervers de la lourdeur de la tâche pour toutes les catégories de personnel. L’isolement a aussi été très difficile à vivre pour plusieurs. Les étudiantes et les étudiants se sont aussi retrouvés à vivre des conditions d’études difficiles. L’anxiété, entre autres enjeux de santé mentale, semble plus présente que jamais sur nos campus.
Pour un réel ajout de ressources
Si la ministre veut s’attaquer sérieusement aux enjeux de santé mentale dans nos réseaux, elle devrait cependant commencer par reconnaître l’importance d’avoir suffisamment de personnel pour répondre aux besoins de la communauté étudiante. Un réel accès à des soins et à des services en santé mentale, ça commence par un accès aux ressources professionnelles directement sur les campus, proches des étudiantes et étudiants et de leurs réalités. Un psychologue par établissement, ce serait déjà bien…
Ça passe également par un ajout significatif de ressources pour outiller adéquatement toutes les catégories de personnel qui sont en mesure, d’une manière ou d’une autre, de fournir du support aux étudiantes et aux étudiants, que ce soit au niveau de l’accueil, ou bien dans les bureaux des services psychosociaux ou encore dans les classes. À cet égard, les sommes ne sont pas au rendez-vous.
Un oubli majeur
De plus, la ministre semble oublier dans son plan d’action une partie importante de l’équation pour une vraie approche globale : la santé mentale de celles et de ceux qui travaillent quotidiennement à faire des campus des « milieux sains, sécuritaires et propices à une santé mentale positive ». Il nous paraît évident que toutes les catégories de personnels doivent elles aussi avoir accès à des services en santé mentale directement sur les campus.
Pour bâtir des fondations solides pour le bien-être de toutes et de tous sur nos campus, nous devons nous assurer de protéger aussi la santé mentale des personnels, qu’ils soient de soutien, professionnel ou enseignant. C’est ce qui leur permettra à leur tour de soutenir les étudiantes et étudiants vulnérables.
S’inspirer pour faire mieux
C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons voulu, dès la rentrée du collégial, à la mi-août, inviter le gouvernement, le ministère et les établissements à penser autrement et à faire mieux. Dans notre déclaration « Et si on faisait mieux? », nous avons identifié cinq principes incontournables pour assurer le bien-être de toutes et de tous sur les campus : des campus à échelle humaine, les moyens nécessaires pour soutenir les apprentissages, la revitalisation de la vie étudiante, un réel accès à des services en santé mentale pour tout le monde, la valorisation d’une culture de collaboration et d’écoute.
La ministre de l’Enseignement supérieur serait bien avisée de s’inspirer de ces cinq principes pour renforcer son action en santé mentale dans nos cégeps et dans nos universités. Elle a ouvert le chemin en faisant un premier pas. Elle doit faire mieux et rapidement dans l’intérêt de la santé mentale de la population étudiante et de l’ensemble du personnel de nos cégeps et universités.
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