Etrangers aux langues anciennes, au mythe Grec, au droit romain, à la Bible et à l’éthique chrétienne, aux moralistes français, à la métaphysique allemande, à la poésie du monde entier.
Nains quant à la vie véritable, Goliaths de la technique – et, pour cette raison, gigantesques dans la critique, dans la destruction, mission qui leur est impartie sans qu’ils en sachent rien.
D’une clarté, d’une précision peu commune dans tous les rapports mécaniques; déjetés, dégénérés, déconcertés sitôt qu’il s’agit de beauté et d’amour.
Titans borgnes, esprits des ténèbres, négateurs et ennemis de toutes les forces créatrices, eux qui pourraient additionner leurs efforts pendant des millions d’années sans qu’il en reste une œuvre dont le poids égale celui d’un brin d’herbe, d’un grain de froment, d’une aile de moustique, ignorants du poème, du vin, du rêve, des jeux, et désespérément englués dans leurs hérésies de cuistres arrogants. Mais ils ont leur tâche à remplir.
— Ernst Jünger, La cabane dans la vigne.
Source: Lire l'article complet de Antipresse