par Karine Bechet-Golovko.
Le match Brésil – Argentine est vraiment entré dans l’histoire, même si les médias sont assez circonspects sur les événements et pour cause : des membres de l’Agence sanitaire brésilienne, accompagnés de policiers, sont entrés sur le terrain, alors que le match avait commencé, pour s’emparer par la force de quatre joueurs de l’équipe argentine, accusés d’avoir violé le protocole sanitaire, autrement dit le droit du Covid. C’est ça le nouveau monde. Celui de la force et de la bêtise. Le match est suspendu sine die. Les médias mainstream tentent d’escamoter les faits et sont très discrets sur les déclarations virulentes de Messi, pourtant leur dieu médiatique.
Hier, devait se jouer le match Brésil – Argentine. Or, des joueurs de l’équipe argentine viennent d’Angleterre, ce que tout le monde sait, notamment les autorités sportives, les autorités sanitaires et le contrôle des frontières, puisqu’ils ne sont pas entrés clandestinement dans le pays.
De la même manière, les autorités sanitaires, qui aujourd’hui dirigent réellement les territoires nationaux au nom du Droit Covid supranational, savaient également dans quel hôtel les joueurs étaient descendus. Sachant qu’un protocole avait été passé entre les fédérations de football :
Le président de la Fédération argentine de Football, Claudio Tapia, a affirmé que « les autorités sanitaires de chaque pays ont approuvé un protocole que nous avons respecté au maximum. Ce qui s’est passé aujourd’hui est regrettable pour le football, c’est une très mauvaise image ».
Donc la question de la nécessité objective de leur intrusion de force sur le terrain de foot, alors que le match avait commencé, accompagnés par des policiers, se pose.
En écoutant les commentaires des journalistes, l’on peut effectivement réagir comme nos Dupont et Dupont de service et déclarer : « On peut se rassurer, il n’y a pas de faute, il y a eu quelque chose d’administratif ». Les vilains joueurs d’Argentine n’auraient pas respecté le protocole sanitaire. Amen, on se tait, aucune réflexion (trop dangereuse), aucune réaction (encore plus dangereuse). Le culte sanitaire justifie tout, même cela. Ce n’est qu’administratif, ouf !
Le journal Le Figaro frôle même le fake de très près en faisant reposer la responsabilité de l’interruption du match sur les officiels brésiliens, sans un mot pour les autorités sanitaires, comme s’il fallait laisser les faits dans les limites du dicibles et que cela, effectivement, n’est pas dicible.
Il est surprenant que lors des quarantaines successives et variées, les équipes de foot, elles, circulaient et jouaient des matchs à l’étranger – sans y résider deux semaines en avance … Mais passons, les temps se durcissent, globalisation oblige.
J’oubliais, le foot est dehors de la politique, dit-on. L’on dit beaucoup de choses …
Mais l’on ne comprend pas pourquoi, si la violation était si patente, les toutes-puissantes autorités sanitaires ne sont pas intervenues, discrètement, avant le début du match ? C’est la question que pose Messi, qui, après que l’équipe se soit retirée en solidarité avec les quatre membres qui devaient être saisis manu militari par les forces de l’ordre et expulsés comme des malpropres (dans le sens direct du terme), l’idole du foot et des médias est revenue faire une déclaration, peu médiatisée dans les médias mainstream, sauf sportifs :
« Lionel Messi est néanmoins rapidement revenu sur la pelouse pour signifier son mécontentement auprès du délégué de l’agence. « Ça fait quatre jours qu’on est là. Vous auriez pu venir dès le premier jour, mais non… », a-t-il ainsi lancé, ajoutant : « On est ici depuis trois jours et vous avez attendu que le match commence ? Pourquoi vous n’avez-vous pas prévenu plus tôt ? » Une position partagée par son entraîneur, Lionel Scaloni. « Pourquoi vous n’êtes pas venus les chercher à l’hôtel ? La Conmebol nous a dit qu’on pouvait jouer. Ne cherchez pas des problèmes là où il n’y en a pas », a ainsi lâché le technicien argentin ».
L’entraîneur a insisté et expliqué la surprise de l’équipe, ainsi que sa solidarité :
« Je veux que les Argentins comprennent qu’en tant qu’entraîneur, je dois défendre mes joueurs. Quand des gens viennent en disant qu’ils veulent les expulser, ce n’est pas possible. À aucun moment, on ne nous a prévenu qu’on ne pouvait pas jouer. Nous voulions disputer le match, les joueurs brésiliens aussi ».
Et le président de la Fédération argentine d’exprimer aussi son incompréhension :
« Il y a une législation sanitaire pour tous les matchs de la FIFA qui se jouent ici, pour tous les tournois d’Amérique du Sud. Les autorités sanitaires de chaque pays ont approuvé un protocole que nous venons de respecter au maximum, a-t-il expliqué. Quatre personnes sans masque sont venues interrompre le match. Ils voulaient notifier quelque chose, je ne sais même pas vraiment quoi. La Conmebol nous a dit d’aller au vestiaire, ce qu’on a fait. Désormais, nous nous préparons pour rentrer en Argentine. Nous attendons l’avion, qui était prévu un peu plus tard ».
En effet, il semblerait que les autorités sanitaires, en l’occurrence brésiliennes, aient eu besoin d’un spectacle, d’une mise en scène choquante et violente, puisqu’ils auraient pu agir autrement, discrètement, mais ne l’ont pas fait. Encore et toujours la thérapie de choc, cette fois-ci utilisée contre le foot, un milieu par trop réfractaire au culte sanitaire, un bastion à détruire. Ce nouveau monde ne permettra aucune exception, aucune zone d’oxygène, tout doit être sous contrôle et l’absurde est la meilleure façon de gouverner, car il déstabilise. Même si cette démarche est dangereuse pour le système lui-même, qui après réduire les rations de pain, se dirige vers la destruction du jeu.
Après tout, ce n’est qu’ « administratif », après tout ce « n’est que » le foot (personnellement, je ne suis pas fan), après tout ça ne nous concerne pas directement … alors pourquoi réagir ? Parce qu’après, il sera trop tard.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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