Vous aurez sans doute reconnu dans ce titre la conclusion de la magnifique interprétation de la chanson Maintenant je sais de l’illustre et incomparable Jean Gabin. Or, peut-être vous demandez-vous où je désire vous amener avec cette entrée en matière pour le moins peu orthodoxe.
J’ai maintenant atteint l’âge vénérable de 75 ans, trois quarts de siècle sont maintenant derrière moi. Plus j’avance en âge, plus les années s’écoulent trop rapidement. C’est probablement le peu de temps qu’il me reste qui crée cette impression.
J’ai mené ma vie là où elle m’a conduit. J’a eu la chance de faire ce que j’appelle le plus beau métier du monde, l’enseignement. J’ai aimé ces jeunes et je crois qu’ils me l’ont bien rendu.
Or arrive la retraite. Mes deux filles ont maintenant atteint la trentaine et la mi-vingtaine. Plus question de m’ériger en bon père prêt à les conseiller. Elles aussi avaient déjà « fait le tour de l’amour » pour reprendre les paroles de Gabin.
C’est à ce moment que je fais la connaissance du lâcher-prise, cet état d’esprit qui nous oblige peu à peu à abandonner le contrôle pour plonger dans un monde inconnu. La résilience m’a rejoint.
Et avec elle, l’incertitude, le doute qui m’obligent à revenir sur mon passé et à constater à quel point mes certitudes du passé ne font plus partie de ma vie de tous les jours. L’homme sûr de lui hésite de plus en plus souvent. Le béton dans lequel étaient cimentées mes valeurs s’effrite petit à petit.
Sans m’en rendre compte, ma vie s’est enveloppée dans la fragilité, dans l’éphémère. Toutes les références autour desquelles je vivais ma sécurité se sont affaissées.
Enfin, dans la foulée de Jean Gabin, je peux affirmer sans le moindre doute que « Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais! »
Henri Marineau, Québec
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