par Serge H. Moïse.
Depuis trente ou quarante ans, des démarches sont régulièrement entreprises afin d’attirer au pays des investisseurs étrangers dans la perspective de relancer notre économie. De temps à autres des voyages extrêmement coûteux sont organisés par des délégations pléthoriques, qui reviennent avec des promesses mirobolantes, lesquelles hélas n’arrivent jamais à se concrétiser. Pourtant, gouvernement après gouvernement, l’on assiste au même scénario inutile, avec toujours le même résultat.
Il ne suffit pas de s’accrocher à un rêve pour qu’il devienne réalité. Encore faut-il de manière rationnelle et pragmatique, en tenant compte des besoins de la population, toutes classes confondues, préparer le terrain à cet effet.
Attirer des investisseurs étrangers, et à ce chapitre, il y a loin de la coupe aux lèvres, à cause de l’insécurité grandissante, les tracasseries administratives pour enregistrer une compagnie commerciale, le non respect du droit de propriété et des lois en général, l’état de délabrement de nos routes et du système judiciaire, la pénurie en matière d’électricité, autant de facteurs négatifs qui ne peuvent que décourager d’éventuels affairistes en quête de profits plus ou moins juteux. L’humanitaire se révèle donc plus intéressant que toute autre forme d’investissement, faisant de notre coin de terre l’industrie de la misère humaine sous toutes ses formes.
Nous devons donc apprendre à compter d’abord sur nous-mêmes. Nous l’avons fait à une époque où nous ne disposions pas dans nos rangs de cette kyrielle d’analystes, de théoriciens, d’intellectuels de belle eau et de techniciens aux connaissances les plus pointues et ce dans tous les domaines.
Il nous a fallu un peu plus de trois cents ans de tentatives avortées, d’essais mal planifiés, de trahison entre nous, de revers et de mauvaise fortune. Mais nous n’avions pas baissé les bras. Nous avons recouru à des ruses témoignant d’une perspicacité et d’une intelligence supérieure. Nous avons inventé le marronnage et qui plus est, nous avons utilisé la force de l’ennemi pour le combattre et le terrasser.
Certaines chaînes de notre esclavage furent donc rompues, celles visibles à l’œil nu évidemment. L’indépendance nationale fut donc proclamée à grand renfort de tambours et de trompettes au grand dam de tous les « bwanas ». La preuve venait d’être faite que l’homme noir avait lui aussi une âme susceptible d’atteindre la cime de ses dieux tutélaires.
À partir de cette geste héroïque à nulle autre pareille, nous sommes devenus le phare de la race tout entière. Ceux qui ont voulu nous imiter furent systématiquement éliminés. Les bourreaux ont juré que cet exemple ne se reproduirait plus jamais et ils ont tenu parole, bien souvent, avec la complicité consciente ou non de certains de nos congénères.
La vie étant une lutte perpétuelle, il ne faut donc pas s’attendre à ce que la nôtre prenne fin aujourd’hui ou demain. Si comme le célèbre pied noir Enrico Macias, nous pouvons chanter « Rien n’est plus beau qu’un fusil rouillé », il n’en demeure pas moins que pour avoir baissé les bras, et ce à plus d’un titre, nous avons nous-mêmes contribué largement, à nous retrouver dans ces profondeurs abyssales du laxisme, de la corruption et de la misère.
Puisque nous en sommes conscients, tout n’est pas encore perdu, la rédemption demeure donc possible à condition de respecter les lois de la nature que les anciens n’ont pas manqué de nous enseigner et qui s’expriment à partir de sages adages tels :
« Une famille divisée est une famille affaiblie, appelée à disparaître ».
La zizanie, les luttes mesquines et fratricides, les inégalités sociales et l’analphabétisme maintenu à dessein ne peuvent conduire qu’à ce chaos que nous avons échafaudé patiemment et inlassablement depuis l’ignominie du 17 octobre 1806 au pont rouge.
« Ventre affamé n’a point d’oreille ».
L’éducation gratuite pour tous, certainement et dans les plus brefs délais. Toutefois, il faut éviter de mettre la charrue devant les bœufs. Ne confondons pas scolarisation et éducation car en reproduisant des générations d’acculturés, la nation risque de ne jamais émerger de son gouffre actuel. De plus, les besoins primaires doivent être pris en compte avant les besoins secondaires, tertiaires et ainsi de suite. Les parents qui ne travaillent pas ne peuvent pas loger, nourrir et habiller leurs enfants et les rendre aptes à recevoir le « pain de l’instruction ». La création d’emplois demeure le point de départ incontournable à partir duquel tout le reste devient possible.
« Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ».
Vouloir à tout prix faire comme les autres, les singer autrement dit, nous maintiendra irrémédiablement dans cette situation d’assistanat qui fait le bonheur de tous, sauf le nôtre.
« Pour pratiquer la vertu il faut un minimum de bien-être ».
Demander à des gens qui ne travaillent pas et qui n’ont aucune chance de le faire, de respecter la morale et le droit, dépasse l’entendement humain. Une maman dont les trois ou quatre rejetons crèvent de faim ne saurait résister à la tentation de se prostituer afin de nourrir ses poupons, au risque d’attraper le virus du sida. Désespérée, elle n’hésite pas.
« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ».
En effet, les cataclysmes tant naturels qu’humains ont jalonné, sous différentes formes, notre histoire sur cette minuscule planète. Nous avons tout vu et pourtant…!
« Les défaites du Droit sont toujours provisoires ».
Puisqu’il est encore question de changement, la modernisation de la législation haïtienne, lentement mais sûrement, sera amorcée sous peu aux fins de nous permettre de rejoindre le cercle des nations dites civilisées.
Nous invitons nos aimables lecteurs à poursuivre ce bel exercice et à réaliser qu’en effet, tout a été dit, mais qu’entre le dire et le faire, il y a souvent un fossé difficile à franchir. Nos propos sont simplement, pour souligner à l’eau forte cette fois-ci, que la solution à nos problèmes ne se situent pas aux antipodes de nos capacités. Bien au contraire, l’important pour nous est d’arrêter de chercher midi à quatorze heures. Il nous incombe de créer notre propre modèle de développement qui commencera par l’instauration de cette grande chaîne de solidarité, pas au niveau des discours et des interminables palabres, mais de manière concrète à travers le (FHS) Fonds haïtien de Solidarité.
Travaillons tous ensemble à éliminer, autant que faire se peut, les inégalités sociales, par la création immédiate d’emplois sur toute l’étendue du territoire national. C’est possible avec le Fonds haïtien de Solidarité.
Mettons un terme à notre dialogue de sourds séculaire, faisons une réalité de notre maxime nationale : L’union fait la force. C’est nettement possible avec le Fonds haïtien de Solidarité.
Faisons franchement appel à la participation active de toutes les filles et fils de la nation, tant ceux de l’intérieur que ceux de l’extérieur dans le cadre de cette grande kombite nationale. C’est certainement possible avec le Fonds haïtien de Solidarité.
Me Serge H. Moïse av.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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