Il y a des limites à la liberté d’expression qu’ils conféreront au choix politique ou au droit de réunion qui seront autorisés.
Par Alastair Crooke – Le 1e août 2021 – Source Al Mayadeen
David Frum a écrit un article intitulé « L’Amérique vaccinée en a assez » dans The Atlantic. Dans cet article, Frum se demande : « L’Amérique de Biden a-t-elle un point de rupture ? L’Amérique de Biden produit 70% de la richesse du pays – et voit ensuite cette richesse transférée pour soutenir l’Amérique de Trump. Ce qui est bien ; c’est ce que les citoyens d’une ‘nation’ (sic) font les uns pour les autres … [Pourtant] la contrepartie de l’accord n’est pas respectée … L’Amérique bleue décidera-t-elle un jour qu’elle en a assez d’être mise en danger sur le plan médical – par des gens dont elle paie les factures ? ».
C’est assez clair, n’est-ce pas ? Des gens comme Frum (célèbre rédacteur de discours, et créateur du slogan « L’axe du mal »), disent que l’Amérique bleue – qui paie les factures – réclame une limite à la fois à sa patience et à sa générosité envers les « déplorables de Trump ». Il y a des limites à la liberté d’expression qu’ils accorderont, au choix politique ou au droit de réunion qu’ils permettront. Ou encore, jusqu’à quel point l’« ignorance » sera autorisée à se répandre. Le paysage de l’actualité occidentale est aujourd’hui rempli d’articles furieux indiquant à quel point les vaccinés en ont assez de l’« insuffisance » des autres : Je suis fatigué d’être gentil avec les réfractaires à la vaccination.
Pour que les choses soient claires – bien qu’évidentes – cela n’a rien à voir avec la science des vaccins, mais plutôt l’inverse, puisque cela se produit précisément au moment où, mardi, le CDC américain a fait volte-face et préconisé le port de masques à l’intérieur. Ce qui a changé la donne, ce sont les données montrant que les personnes vaccinées infectées par le variant delta, hautement infectieux, ont la même charge virale que les personnes infectées non vaccinées.
Il existe peut-être des arguments médicaux solides en faveur de la vaccination, mais étant donné le peu que nous savons de ce virus et le peu que nous savons des effets à long terme de ces vaccins expérimentaux, le débat n’a pas de racines profondes et est devenu idéologique et un outil de guerre narrative : il s’agit de punir les personnes qui hésitent à se faire vacciner (que les partisans de la coercition vaccinale assimilent, de manière fallacieuse, aux partisans de l’opposition favorables à Trump), en leur retirant des services et en leur refusant l’accès aux écoles, aux restaurants et aux transports. Car ces « résistants » meurtriers, suggère Biden, « tuent des gens ». Ce sont, en somme, des ignares qui se révoltent contre leurs supérieurs.
L’idéologie d’exclusion n’est pas nouvelle : dans le passé, le Consensus de Washington était le signifiant idéologique de la politique étrangère occidentale. Si un État se tenait à l’écart de l’ordre économique « libéral » dirigé par le Consensus, il était excommunié et se voyait refuser l’accès à l’économie mondiale, étant considéré par ses « supérieurs » du Consensus comme une menace instable et malveillante pour la sécurité.
Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que l’idéologie de l’exclusion se retourne contre elle-même. Un retournement au sein des sociétés occidentales, et pas seulement vers l’extérieur, vers ces « barbares » de la jungle, juste au-delà des « murs de la ville », comme auparavant. Aujourd’hui, des segments clés de la société nationale font l’objet d’un opprobre moral, sont exilés de leur pleine participation à la société et sont menacés de sanctions qui, si elles sont appliquées, pourraient détruire leurs moyens de subsistance.
Ce sont principalement les « non-vaccinés » qui sont jugés moralement insuffisants, mais la portée de la nouvelle idéologie morale s’étend plus largement et inclut ceux qui n’adhèrent pas sans réserve à l’agenda vert et aux droits des LGBTQ. Ce mois-ci encore, Christine Lagarde a promis que la BCE étendrait le processus d’exclusion en déclarant qu’elle n’achèterait pas d’obligations d’entreprises qui ne se conformeraient pas à son programme vert – restreignant ainsi effectivement le capital de ces entreprises non vertes.
Et voilà que la boucle est bouclée : à mesure que les frontières de la guerre culturelle s’élargissent, son idéologie morale est projetée vers l’extérieur : l’UE a découvert l’importance centrale de l’expression de ses valeurs à travers le prisme de la place de l’homosexualité dans la société. Les valeurs européennes semblent désormais bien abstraites, comparées à l’immédiateté des droits des communautés LGBTQ. La guerre est ouverte contre Orban et les cultures traditionnelles d’Europe de l’Est.
Les médias de l’establishment insistent sur le fait que ces récits politiquement intéressés sur la vaccination, l’« urgence » climatique et les droits des LGBTQ représentent la nouvelle « ligne de démarcation », définissant la majorité par rapport à la minorité. Le porte-parole de Macron, par exemple, Gabriel Attal, présente les vaccinés comme ceux qui sont « prêts à travailler » contre une minorité capricieuse qui préfère protester contre eux. Les privilèges des vaccinés sont véritablement devenus le fil rouge de la politique américaine et européenne – et les euro-élites se croient en bonne posture face aux populistes.
Pour l’instant, il semble que ce soit le cas, mais les conséquences politiques de la vaccination obligatoire et le battage médiatique de l’UE sur les LGBTQ pourraient revenir les hanter. Croient-ils vraiment que le fait d’enseigner aux enfants la fluidité du genre et le transgenrisme définit la majorité européenne ? Des sondages approfondis suggèrent que non. Les vaccins obligatoires constituent plutôt un thème parfait pour la droite, un thème qui survivra bien au-delà de l’épidémie.
Alastair Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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