Conférence de presse conjointe avec Angela Merkel à l’issue des pourparlers russo-allemands, le 20 août 2021.
Source : en.kremlin.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
Transcription :
Vladimir Poutine : […] Bien entendu, de nombreuses questions urgentes de politique internationale ont été abordées au cours des entretiens d’aujourd’hui.
En raison des événements qui se déroulent rapidement en Afghanistan, nous avons accordé la priorité à cette question. Les Talibans contrôlent désormais la quasi-totalité du territoire de l’Afghanistan, y compris sa capitale. Telle est la réalité, et nous devons partir de cette réalité dans nos efforts pour éviter l’effondrement de l’État afghan. Il est impératif de mettre fin à la politique irresponsable consistant à imposer aux autres des valeurs extérieures, au désir de construire des démocraties dans d’autres pays selon les « modèles » d’autres nations sans égards pour les spécificités historiques, nationales ou religieuses et en ignorant totalement les traditions des autres nations.
Les « valeurs » de l’Occident
Nous connaissons l’Afghanistan, et nous le connaissons suffisamment pour comprendre comment fonctionne ce pays ; nous avons eu l’occasion d’apprendre de première main à quel point essayer de lui imposer des formes inhabituelles de gouvernement ou de vie sociale est contre-productif. Il n’y a pas eu une seule fois où des expériences socio-politiques de ce genre ont réussi. Elles ne font que détruire les États et dégrader leur tissu politique et social.
Dans le même temps, on constate que les Talibans ont déjà mis fin aux hostilités et cherchent désormais à faire régner l’ordre, promettant de garantir la sécurité des résidents locaux et des missions étrangères. J’espère que c’est ainsi que les choses vont se passer. La communauté internationale devrait suivre de près ces développements, le Conseil de sécurité de l’ONU jouant un rôle de coordination.
Voir En Afghanistan, la débâcle américaine est bien pire que celle de l’URSS
Il y a un autre point que je voulais souligner à cet égard. Nous pensons qu’il est essentiel à ce stade d’empêcher les terroristes de toutes sortes de déborder sur les voisins immédiats de l’Afghanistan, y compris en se faisant passer pour des réfugiés. […]
Journaliste : Compte tenu des développements en cours en Afghanistan, quelle est votre évaluation de l’opération de 20 ans menée par les États-Unis et leurs alliés et de ses résultats ? Peut-on appeler cela un échec total, et cela amènera-t-il l’Occident dirigé par les États-Unis à repenser son approche consistant à imposer la démocratie à des pays tiers ?
Vladimir Poutine : En ce qui concerne l’opération en Afghanistan, on ne peut guère la qualifier de succès. Bien au contraire, mais s’y attarder trop longtemps, souligner cet échec ne sert pas nos intérêts. Nous voulions avoir de la stabilité dans ce pays. Mais la situation est ce qu’elle est.
Je pense que de nombreux politiciens occidentaux commencent à comprendre ce que je viens de dire dans mes remarques liminaires : vous ne pouvez pas imposer des normes ou des comportements politiques à d’autres pays et peuples, tout en ignorant leur nature particulière, qui comprend la structure ethnique et religieuse et les traditions historiques. Je pense qu’ils finiront par comprendre ça, et que cette compréhension deviendra le principe directeur de leur realpolitik.
Nous avons vu ce qui s’est passé pendant le Printemps arabe, et aujourd’hui l’Afghanistan. Cependant, il est important pour nos partenaires de rendre cette règle universelle et de traiter leurs partenaires avec respect et patience : que ça leur plaise ou non, ils devraient toujours donner à ces peuples le droit de déterminer leur avenir, peu importe le temps qu’il leur faudra pour amener la démocratie dans leur pays et peu importe s’ils aiment ce qui se passe dans ces pays ou pas. Ils doivent établir des relations de bon voisinage et respecter les intérêts de chacun sur la scène internationale. Je pense que c’est la leçon que nous devons tirer de l’Afghanistan, et nous devrions faire équipe avec nos autres partenaires, à savoir les États-Unis et les pays européens ; nous, c’est-à-dire la Russie, devons faire tout ce qu’il faut pour unir nos efforts aujourd’hui afin de soutenir le peuple afghan dans le but de normaliser la situation dans ce pays et d’établir des relations de bon voisinage avec lui. […]
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