par Serge H. Moïse.
Comme si l’arrêt « TC/0168/13 » ne suffisait pas, une nouvelle chasse à l’homme est venue encore une fois assombrir l’atmosphère des relations haïtiano-dominicaines.
La région de Las Platas est en effet le théâtre de multiples assassinats contre les ressortissants haïtiens accusés à tort ou à raison d’avoir éliminé physiquement deux citoyens dominicains.
Nos condoléances vont à toutes les familles endeuillées d’un côté comme de l’autre évidemment, nos sympathies également à tous les réfugiés qui ont échappé de justesse à une fin aussi macabre.
Ces derniers sur les ondes de différentes stations de radio, tant de la capitale que des villes départementales, n’ont pas mâché leurs mots pour dire à haute et intelligible voix, ce que tout le monde sait et en particulier nos grands analystes politiques, mais ce sur quoi tout le monde observe un silence lugubre et cynique, nous voulons parler de ce « chômage endémique qui oblige des milliers d’autres compatriotes à solliciter chaque jour des visas d’entrée en république voisine ».
C’est tout de même triste et aberrant. Des millions de nos compatriotes crèvent littéralement de malnutrition sinon de faim, le taux de chômage avoisine les soixante dix pour cent de la population et les ténors les plus tonitruants ne parlent que d’élections. Le tout agrémenté d’une kyrielle d’énoncés de vœux pieux, symptomatiques des têtes certes bien pleines mais mal faites. Ils sont férus de conseils gratuits et farfelus : Il faudrait faire ceci, il faudrait faire cela et à n’en plus finir, mais aucun projet concret incluant les voies et moyens y afférents. À croire qu’il suffit de pérorer sur la toile et à faire du m’as-tu vu pour avoir l’écoute de qui que ce soit. Caresser son égo, c’est bien et on n’est jamais mieux servi que par soi-même nous dit le sage, plus loin il nous dit également que l’excès en tout nuit.
Notre professeur de droit civil à la faculté de droit, feu Me Justin Castel voyait clair lorsqu’il nous disait avec un brin d’humour teinté d’amertume et de tristesse que l’intello haïtien atteint de « présidentite aigüe » causait plus de mal au pays que les catastrophes naturelles.
340 de nos compatriotes ont dû prendre la poudre d’escampette, abandonnant leurs maigres avoirs, certains d’entre eux ont été forcés d’enterrer leurs congénères tremblant de peur qu’il ne leur soit fait le même sort.
Le sang de nos sœurs et frères vient de couler à nouveau et mis à part quelques hauts cris, à quoi doit-on s’attendre en guise de légitimes réparations et de l’assurance que cela ne se reproduira plus jamais ?
La résolution de ce drame majeur ne saurait être pour demain, qu’on ne se leurre pas, mais l’alternative la plus sûre s’inscrit dans la « création d’emplois » qui doit être la priorité de nos priorités dans la mesure où le développement durable est d’abord humain.
Toute politique développementiste qui n’a pas l’être humain comme principal centre d’intérêt est voué à l’échec à moyen et à long terme.
Et puisque ventre affamé n’a point d’oreille, tant que nos sœurs et frères n’auront pas accès à des « emplois permanents » en territoire national, ils continueront, toute honte bue, à cogner aux portes voisines, au risque de se faire massacrer de temps à autre comme à l’accoutumée.
Après le séisme du douze janvier deux mille dix et les deux autres ouragans qui ont suivi, sans oublier les catastrophes humaines, ne sommes-nous pas en droit d’espérer la mise en œuvre du « FHS » Fonds Haïtien de Solidarité ? La formation de cette grande chaîne de solidarité qui annoncera, et cette fois pour de bon, la refondation et la reconstruction de l’alma-mater.
La terrible catastrophe du 14-08-2021 ne fait que confirmer ce qui précède.
Me Serge H. Moïse av.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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