Le candidat-vedette de Valérie Plante à la mairie de Montréal-Nord, Will Prosper, a autrefois été contraint de démissionner de la GRC, car on le soupçonnait d’avoir coulé des informations à des membres de gang de rue faisant l’objet d’une enquête pour meurtre.
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Le militant et documentariste Wieland Prosper a souvent parlé publiquement de son expérience au sein de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
À plusieurs reprises, il a expliqué avoir quitté le milieu policier qui ne lui convenait pas, pour se consacrer à sa passion du cinéma et à son rôle de travailleur communautaire.
Or, la police fédérale l’a plutôt forcé à démissionner, sous peine, sinon, d’être congédié dans la disgrâce, lit-on dans une décision disciplinaire datant de décembre 2001, dont Le Journal a obtenu copie.
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On lui reprochait alors d’avoir consulté sans raison à deux reprises une banque de données policières sensibles.
Engagé à la GRC en 1998, le gendarme Prosper a été envoyé à Norway House, une communauté crie du Manitoba à 800 km au nord de Winnipeg.
Le 11 septembre 1999, alors qu’il n’était pas en fonction, il a effectué des recherches concernant trois individus au Centre d’information de la police canadienne (CIPC), une banque de données indiquant entre autres si un individu est visé par un mandat d’arrêt ou sous surveillance policière.
Dans ce cas, ces individus étaient les suspects potentiels du meurtre d’un membre rival de gang de rue, Brucelee Gesse, au centre-ville de Montréal, le 2 avril 1999.
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Simple curiosité
Et dès qu’une recherche les concernant a été effectuée dans la banque de données policières, la division des homicides de la police de Montréal en a été alertée.
Intrigué qu’on s’intéresse jusqu’au Manitoba à des membres d’un gang de rue local, le détective chargé du dossier a contacté Prosper pour s’enquérir de ses motifs.
« Le gendarme Prosper a indiqué qu’il avait effectué les recherches un jour calme pour des raisons personnelles ; il était ami d’enfance des suspects et était curieux », peut-on lire dans la décision disciplinaire.
Le détective lui avait alors demandé de ne pas partager les informations sécurisées. Mais trop inquiet que des renseignements aient été coulés, il avait demandé à la GRC une enquête plus approfondie.
Juste du break dance
La GRC a alors constaté qu’à peine quelques minutes après avoir effectué ses recherches, Prosper avait appelé de chez lui un des suspects, son ami Steve Bernavil.
Il a pu se rendre aussi vite à sa résidence, car il habitait dans la même bâtisse que le poste de police, note-t-on dans la décision.
Les suspects étaient tous des membres du groupe Dope Squad.
Lors de l’audience disciplinaire, Prosper a dit en être le membre fondateur, mais qu’à l’époque, il s’agissait d’un groupe qui s’adonnait uniquement à la musique et au break dance.
Avec les années, après le départ de Will Prosper, le Dope Squad s’est criminalisé, et est tombé sous la loupe des autorités. L’ex-gendarme a admis avoir conservé des liens avec ses amis devenus criminalisés. Durant tout le processus disciplinaire, Prosper n’a démontré aucun remords, note-t-on dans la décision.
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« Perte de temps »
L’enquête à son sujet était une « perte de temps », disait-il.
Néanmoins, après la découverte des recherches injustifiées, l’enquête sur le meurtre de Gesse a stagné « en raison de la possibilité de fuite », peut-on aussi lire.
Considérant la perte de confiance irréversible, le gendarme, alors âgé de 27 ans, a été forcé de démissionner, sans quoi il serait congédié.
Will Prosper avait porté en appel cette décision, mais le Comité externe d’examen de la GRC a rejeté sa demande, selon un autre document consulté par Le Journal.
« Ce qu’il a fait ne peut simplement pas être considéré comme une erreur de jugement, car il a démontré qu’il considérait la loyauté envers ses amis comme plus importante que d’aider un collègue d’un autre corps de police dans son enquête sur un crime grave », peut-on lire dans cette décision.
EXTRAITS DE LA DÉCISION DISCIPLINAIRE DE LA GRC
« Prosper a délibérément enfreint l’intégrité du système du CIPC et a discuté de l’information obtenue avec un criminel connu qui était sous observation par la brigade des homicides [de la police de Montréal]. Ce manquement […] pour un agent de la paix est l’un des plus graves. »
« C’est inhabituel, en fait une occasion rare […] que des recherches précises soient faites sur tous les suspects de meurtre comme ce fut le cas ici. Prosper n’a offert aucune explication autre que la curiosité. »
« Un Conseil s’attendrait, dans un cas comme celui-ci, à ce qu’un membre manifeste des remords complets et une tentative sincère de réparation. Ce n’est pas le cas ici. »
(…)
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel