Une recension de 1941
Ce qu’il faut à des malades qui retrouvent la santé, ce sont de substantielles nourritures. De même, il importe que, délaissant le stérile « verbalisme » des idéologies mortes, nous revenions vers les valeurs fondamentales de notre génie. C’est une démarche héroïque tant elle exige d’amour et d’humble simplicité. Les extraits du Procès de Jeanne d’Arc, que Robert Brasillach aujourd’hui propose à notre méditation, peuvent nous aider beaucoup dans cette réinvention de nous-mêmes.
Jeanne, devant ses inquisiteurs hypocrites, vils et soudoyés, reste calme et simple. D’une simplicité lumineuse qui fait transparaître les masques dont se couvre la haine.
Anglais et Bourguignon n’ont qu’un but : déshonorer le roi de France en convainquant d’hérésie cette fille qui l’a fait sacrer. Le procès apparent est d’ordre religieux ; le procès réel est d’ordre politique.
Aux premiers mots, nous apercevons avec effroi qu’elle est d’avance condamnée. Qu’importent les formes de la procédure ! – Elle est viciée quant au fond. L’on écarte d’ailleurs délibérément du tribunal tous les juges capables d’innocenter la Pucelle. On élude tout recours au pape. On ne parle que théologie à cette enfant qui « ne sait ni lire ni écrire ». On introduit dans son cachot de prétendus visiteurs et de pseudo-confesseurs qui ne sont qu’espions mal déguisés. Au lieu de jeter Jeanne, accusée religieuse, dans une prison d’Église, on la confie à la garde irrespectueuse et toute politique des Anglais. On mène une atroce offensive de haine contre la pureté de cette jeune fille. L’horrible Cauchon, mitre en tête, dirige l’assaut. L’Université même daigne se prononcer contre l’authenticité des apparitions. Jeanne doit être sacrifiée : la Raison d’État anglaise l’exige.
Mais calomnies, hypocrisies, malveillances, cruautés, malhonnêtetés, pièges et fourberies, loin d’entacher la grandeur virginale de Jeanne, la font miraculeusement resplendir.
Inébranlablement simple et lumineuse malgré l’assaut de ces ténèbres hostiles, Jeanne répond à ses juges. Et chacune de ses paroles touche au sublime. Rien ne l’embarrasse. (L’on songe irrésistiblement au Christ répondant aux pharisiens.) Rien ne peut porter atteinte à la magnifique vérité de Jeanne.
Sa vérité ? Simplicité, courage, bon sens. Voilà tout ce qu’elle oppose à la duplicité des questions ambiguës dont l’accablent ses ennemis.
Héroïque, Jeanne ne laisse pas d’être humaine. Elle pleure, elle doute, elle a peur. Elle n’est pas seulement admirable : elle est émouvante. Nous la sentons proche et semblable. Au cimetière de Saint-Ouen, elle semble tomber de lassitude nerveuse et de dégoût ; puis, courageusement se relève. Le Christ aussi priait son Père d’éloigner de lui le Calice…
La foule pleurait autour de Jeanne marchant au supplice. Et nous sommes de cette foule. (Seul, quelques Anglais s’efforçaient de ricaner.)
Mais Jeanne maintint sa foi jusqu’à la mort ; et, tandis que les flammes déjà mordaient son corps net et entier, qui ne fut jamais corrompu : « Les voix que j’ai eues étaient de Dieu, disait-elle. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par le commandement de Dieu. Non, mes voix ne m’ont pas déçue ! »
Le bourreau ne parvint pas à réduire en cendres son cœur. La coalition de l’hypocrisie et de la haine ne put anéantir sa vérité. Nous en vivons.
Le Procès de Jeanne d’Arc n’est pas seulement notre plus belle épopée nationale ; c’est l’Évangile français. Nous traversons une époque où il importe de relire cet évangile.
Pierre Leforestier pour La Nouvelle revue française (1941)
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l’ouvrage Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Brasillach :
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