Quand on écoute ce genre d’huluberlu, on a l’impression que le vaccin n’est pas qu’un simple vaccin, même si le variant Bourla est autre chose qu’un vaccin, quelque chose de plus grave, de plus sombre, auè-delà d’une source de profit formidable.
« L’antisémitisme est parfaitement compatible avec l’antivaccinisme »
Quand on écoute BHL, le petit Enthoven ou d’autres agents du sionisme, parce que ça revient malheureusement à ça, on découvre que les antivax sont des « antisémites », autrement dit que le vaccin serait un shoot de sionisme. Il s’agit donc, si l’on en croit ces prêcheurs médiatiques (imposés par les médias serait plus juste), d’une piqûre de sionisme, et ceux qui la refusent se retrouvent immanquablement dans le camp des antisionistes, des antisémites ou des nazis.
Pourquoi cet amalgame ? Parce que Bourla a posé avec son chandelier à sept branches et une kippa ? Pas forcément. Ça pourrait être une simple coïncidence. Parce que le couple Buzyn-Lévy s’est attaqué au protocole de soin du Pr Raoult, ce Gaulois irréductible ? Peut-être un peu, mais cela reste là aussi une interprétation confessionnelle. Alors que tout est politique, au fond.
Quand le non-dit devient dit
Alors pourquoi cet amalgame, qui dure, et que l’on voit dans les manifs sous forme de pancartes qui disent ? Parce que justement, les membres du lobby, ceux qui le représentent, qui s’en revendiquent ou qui parlent pour lui, dans son unique intérêt, ont tous eu le même réflexe communautaire qui a assimilé les manifestants aux Gilets jaunes, au nationalisme – français, soulignons-nous –, et que du nationalisme français à l’antisémitisme, pour ces amalgamistes obsédés, il n’y a qu’un pas que l’imagination franchit aisément, surtout quand elle souffre d’une certaine paranoïa, voire d’un délire de persécution certain.
En se posant pro-vax, et en déclarant les antivax antisémites, pour dire les choses crûment, les agents de la communauté organisée ont eux-mêmes judéocentré le débat, qui est d’abord un débat de société, qui concerne tout le monde, au-delà des confessions. Un débat médical et scientifique, aussi, et d’ailleurs énormément de Français ont découvert, à l’occasion de l’apparition de cette nouvelle grippe, la définition de termes comme immunité, protéines spike, hydroxychloroquine, ivermectine, pandémie, réanimation, CHU…
Les mots choisis par ce pseudo-philosophe, qui est la continuité de BHL (qui commence à décliner à tous points de vue), déplacent le débat scientifique ou philosophique – par exemple la réflexion sur les libertés publiques – sur un plan névrotiquement confessionnel. Enthoven assure que « le vaccin de la rationalité est sans effet sur ces gens ». On comprend aisément dans quel camp se situe la « rationalité », et ce que recouvre cet euphémisme…
Justement, le « fils de » réécrit les mots, histoire de les tordre à son avantage : pour lui, les libertés ne reculent pas, alors que des millions de Français le constatent chaque jour, et que des centaines de milliers d’entre eux, en plein mois d’août, le crient dans les rues aux oreilles de médias et d’un gouvernement dramatiquement sourds. Le philosophe laisse alors la place au flic de la pensée.
L’Express : Le passe sanitaire est-il une menace pour la liberté, comme l’assurent les manifestants qui défilent chaque samedi ?
Raphaël Enthoven : Le passe sanitaire n’est pas une restriction de la liberté mais, en période de pandémie, une condition de la liberté, au même titre que l’obligation de présenter un passeport permet de voyager ou que l’obligation de respecter le code de la route permet de conduire. Tout ce qui est contraignant (comme un passeport, une limitation de vitesse ou un passe sanitaire) n’est pas une contrainte pour autant. Ce n’est pas l’obligation qui fait la contrainte, c’est l’arbitraire : s’il n’y avait aucune raison particulière d’exhiber un passe sanitaire avant d’entrer dans un restaurant ou un cinéma, si nous ne risquions rien, si des millions de gens n’étaient pas morts à cause de cette saloperie, si nous n’avions pas mondialement vécu dix-huit mois de pandémie, le fait de l’imposer soudain serait incontestablement une contrainte. Ce n’est pas le cas. Et il faut avoir une définition très pauvre de la liberté pour croire que la liberté est entamée par la nécessité de montrer patte blanche avant d’aller au concert ou au cinéma.
On admirera le magnifique, l’inénarrable « tout ce qui est contraignant n’est pas une contrainte pour autant », preuve d’un renversement de valeurs ubuesque, qui aurait toute sa place dans 1984. Le reste, fondé sur un postulat aussi foireux, devient logiquement comique. Le prof bardé de clichés niveau terminale entre en action :
En un mot, loin d’être une menace, le passe sanitaire est une réduction provisoire de liberté sans laquelle la liberté serait celle du renard dans le poulailler. La liberté que défendent les anti-passe porte un nom en philosophie : on appelle ça « l’état de nature » – ou la guerre de chacun contre chacun. Et c’est de la capacité à sortir de l’état de nature (en faisant le sacrifice de tout ou partie de notre liberté au profit du souverain qui, en retour, garantit notre sécurité) que dépend la survie de tous. Encore une fois : la limitation de la liberté est, sous certaines réserves, une condition de la liberté. L’interpréter comme une entrave, c’est appeler de ses vœux le monde où règne uniquement la loi du plus fort et où, comme il y a toujours plus fort que soi, personne n’est libre.
Rapidement, ce grand défenseur de la liberté tombe dans le mépris :
Nous sommes attachés de partout. Nous avons mille fils à la patte mais ce sont des fils invisibles dont la traction est imperceptible parce que nos désirs sont eux-mêmes domptés. Et nous acceptons complaisamment toutes ces réductions, mais nous nous insurgeons contre l’esquisse d’une contrainte… Les nudges, les algorithmes, les incitations… Tout passe ! C’est ainsi. Mais le « passe sanitaire », lui, ne passe pas. C’est le passe-temps des moutons. Ça les occupe, tandis qu’on s’occupe d’eux. Ça les indigne, ça les consume, et entre temps, ils consomment.
Après le mépris, on en vient assez rapidement à la détestation, puis à la haine pure. Là, il n’y a plus de philosophie ou de philosophe (ce spécialiste de la sagesse) qui vaille, mais un appel à la ratonnade des antivax ou des antipass !
De façon générale, tout comme l’hypocondrie, l’anti-vaccinisme est, en soi, une pathologie dont on ne guérit que par une rémission miraculeuse mais qui, tant qu’on en souffre, est aussi hermétique à la raison qu’à la réalité. Le vaccin de la rationalité est sans effet sur les gens qui veulent voir ce qu’ils croient. Reste la dérision. On ne peut pas les convaincre, mais on peut se moquer d’eux, et on doit le faire en ce moment, car ces gens-là ne sont pas seulement fous, ils sont dangereux. Ils sont toxiques. Ils sont la quatrième vague et l’assurance-vie du sale virus. Reste aussi la loi.
On ne va pas aller plus loin, car tout est de la même eau – boueuse –, et l’article de L’Express, auquel nous sommes abonnés, non par choix idéologique mais par professionnalisme, tombe dans l’invective la plus totale. Pour un « philosophe », ça interroge. Comment un magazine, dit sérieux, peut-il laisser une personne tenir des propos aussi haineux ? Un véritable appel à la ségrégation sociale, on allait dire, comme en Israël !
Le monde merveilleux de Raphaël
« Les étrangers ne vont pas s’amuser à faire des tests PCR pour rentrer aux Galeries Lafayette » : ce lundi, le pass sanitaire est obligatoire dans plus d’une centaine de centres commerciaux en France #ApollineMatin pic.twitter.com/3kW2UctVcv
— RMC (@RMCinfo) August 16, 2021
Et selon Pfizer, l’essai de phase III mené sur 2 260 personnes de 12 à 15 ans qui a mis en évidence une efficacité du vaccin de 100 % après deux doses, sans problème de sécurité significatif identifié. (voir ci-dessous)https://t.co/k3xvRxCu1o
— Alain Franceschini (@39Alun) August 15, 2021
Bonus : l’analyse du « Qui ? » par Raphaël
L’Express : Outre les étoiles jaunes, on a aussi vu dans ces manifestations des slogans « Qui ? », à l’image de la pancarte de Cassandre Frissot qui a fait scandale à Metz. Ce slogan désigne des personnalités supposées responsables de la crise sanitaire, à l’image de Klaus Schwab, George Soros ou les Rotschild [Houlala, la grosse faute ! NDLR], et qui sont souvent juives…
Raphaël : L’ acte de naissance du « Qui ? », à mon avis, précède l’échange désormais fameux entre Claude Posternak et le très antisémite général Dominique Delawarde. Je me souviens encore d’antiques manifestations contre l’IVG sous des banderoles qui disaient « Derrière l’IVG, la Maçonnerie, mais derrière la Maçonnerie, qui ? » au-dessus de photos de Simone Veil… De fait, la question ne date pas d’hier, et surtout : la question n’est pas une question, mais une façon d’inoculer le soupçon, d’injecter le poison de la suspicion dans les veines du corps social en laissant entendre qu’aucun juif n’est là par hasard.
Il y a quatre effets, selon moi, à ce code antisémite, qui le rendent parfaitement compatible avec l’antivaccinisme.
D’abord, sous des airs de question, « #Qui ? » permet de désigner en esquivant, de dire sans dire, d’attaquer sans s’exposer, de nuire sans avoir de compte à rendre. « Comment pouvez-vous me reprocher une question ? » s’indigne l’antisémite, qui voit aussitôt dans le reproche qu’on lui fait une preuve supplémentaire que sa question est la bonne.
Car – et c’est le second effet – « Qui ? » permet de faire comme s’il était interdit de dire « Juif » et qu’il fallût substituer à ce syntagme sacré des périphrases, des pronoms ou des métaphores… Dire « Qui ? », c’est feindre de n’avoir pas le droit de dire « Juif ». C’est toute la différence entre Dieudonné et Desproges. Le premier ne cesse de faire comme s’il ne pouvait pas dire le mot « Juif » dans ses spectacles, comme si c’était ça qui lui était interdit, alors que le second, qui n’est à aucun titre suspect d’antisémitisme, tout à un humour qui n’épargne personne, ne voit aucun inconvénient à commencer un sketch en déclarant « On me dit qu’il y a des Juifs dans la salle ? Non, mais vous pouvez rester ».
Troisième effet du « Qui ? », plus sournois : tisser (sans le dire) un lien discret entre toute personne de confession juive. Les pancartes « Qui ? » avec des listes de personne dont le seul point commun est d’être juives ont pour but de donner le sentiment que toutes ces personnes, pour cette raison, sont en collusion et qu’à la façon des araignées, les Juifs tissent discrètement une toile où nos libertés se débattent vainement. Il ne faut jamais oublier qu’aux yeux de l’antisémite, le bouc émissaire est un bourreau.
Enfin, but not least, « Qui ? » est une alternative métaphysique, qui porte non pas sur l’existence du créateur, mais sur sa nature. Qui nous gouverne ? Qui nous crée ? Qui nous dirige ? Sommes-nous les fils de Dieu, ou bien les rejetons d’un ange déchu ? Sommes-nous faits à l’image de Dieu, ou sommes-nous dans la main des juifs suceurs de sang ? C’est ici que l’antisémitisme dépasse le soupçon pour devenir stricto sensu une religion.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation