par Laurent Lagneau.
Le 30 avril dernier, la secrétaire adjointe à la Défense américaine, Kathleen Hicks, avait assuré que le retrait d’Afghanistan ne se terminerait pas comme celui du Vietnam en 1975, qui s’était soldé par l’évacuation, en quelques jours, de 7 000 personnes lors de la « chute de Saïgon ». Et de soutenir que Washington veillera à ce que le territoire afghan « ne puisse pas redevenir un refuge pour les terroristes ».
Trois mois plus tard, les capitales provinciales afghanes tombent les unes après les autres aux mains des Taliban, lesquels ont visiblement l’intention de prendre Kaboul en tenaille.
Ces dernières heures, après avoir conquis Ghazni, chef-lieu de la province du même nom, située à 150 km au sud-ouest de Kaboul, les Taliban se sont emparés de Lashkar Gah, la capitale du Helmand, ainsi que de Kandahar, la deuxième plus grande ville du pays. Désormais, ils contrôlent le nord et le sud de l’Afghanistan…
Aussi, le 12 août, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a annoncé que les États-Unis venaient de décider de « réduire encore davantage » leur « présence diplomatique » à Kaboul « dans les prochaines semaines », en raison de « l’accélération des offensives miliaires des Taliban » et de la « hausse de la violence et de l’instabilité qui en résulte à travers l’Afghanistan ».
Pour sécuriser cette opération d’évacuation, qui concernera également les civils afghans ayant travaillé pour les forces américaines, le Pentagone a confirmé le déploiement – temporaire – de 3 000 soldats à l’aéroport international de Kaboul, ceux-ci venant s’ajouter aux 650 hommes encore présents dans le pays. Pour autant, il « ne s’agit pas d’un réengagement militaire dans le conflit en Afghanistan », fait valoir Washington.
À vrai dire, les forces américaines continuent actuellement de soutenir leurs homologues afghanes, via des frappes aériennes et des missions de renseignement. Chaque jour, à en croire les sites de suivi du trafic aérien, des bombardiers B-52 ainsi que des AC-130 « Spectre » décollent du Qatar pour ensuite survoler l’Afghanistan. Mais pas seulement. Le 11 août, un avion E-11A BACN [Battlefield Airborne Communication Node ou nœud de communication aéroporté au-dessus du champ de bataille], dont la mission est de servir de relais de communication aéroporté, a été repéré au-dessus de Kaboul.
USAF E11A BACN 12-9506 orbiting over #Kabul #Afghanistan pic.twitter.com/Z63bWMmGK5
— Manu Gómez (@GDarkconrad) August 11, 2021
Dans le détail, et outre les 3 000 soldats déployés à Kaboul, le Pentagone va envoyer un millier de militaires au Qatar pour le soutien logistique tandis qu’une « brigade combat team » [soit 3500/4000 hommes] de la 82e division aéroportée de l’US Army va être pré-positionnée au Koweït. Celle-ci devra se tenir prête à intervenir à Kaboul en cas de nécessité.
« Nous pensons que c’est la chose prudente à faire, étant donné la détérioration rapide de la situation sécuritaire », a commenté John Kirby, le porte-parole du Pentagone.
Cela étant, la politique menée par l’administration Biden n’a pas manqué d’être critiquée par le Parti républicain, notamment par la voie de Mich McConnell, son chef de file au Sénat. N’hésitant pas à faire le parallèle avec la chute de Saïgon, il a exhorté l’exécutif américain à fournir davantage de soutien aux forces afghanes. « Sans cela, al-Qaïda et les Taliban pourraient célébrer le 20ème anniversaire des attentats du 11 septembre en incendiant notre ambassade à Kaboul », a-t-il dit.
Le prédécesseur de M. Biden, Donald Trump, qui a œuvré pour le retrait des forces américaines d’Afghanistan avec un accord trouvé à Doha avec les Taliban, n’a pas non plus été avare en critiques.
« Si j’étais président actuellement, le monde saurait que notre retrait d’Afghanistan était soumis à des conditions. […] Cela aurait été un retrait bien différent et un retrait bien plus réussi et les Taliban le savaient mieux que quiconque », a affirmé M. Trump, dans un communiqué. Et d’insister : « J’ai eu personnellement des entretiens avec des dirigeants taliban qui avaient compris que ce qu’ils font aujourd’hui n’aurait pas été toléré ».
De son côté, le Royaume-Uni a annoncé une décision similaire à celle des États-Unis, avec l’envoi en Afghanistan de 600 soldats afin d’assurer l’évacuation du pays des ressortissants britanniques ainsi que celle des « interprètes et autres membres du personnel afghan ayant risqué leur vie en travaillant aux côtés » de la British Army. Ceux-ci bénéficieront du programme ARAP [Afghan Relocation and Assistance Policy].
« J’ai autorisé [ce] déploiement […] pour soutenir [notre] présence diplomatique à Kaboul, aider les ressortissants britanniques à quitter le pays et soutenir la réinstallation d’anciens personnels afghans qui ont risqué leur vie en servant à nos côtés », a ainsi déclaré Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense.
« La sécurité des ressortissants britanniques, du personnel militaire britannique et des anciens personnels afghans est notre première priorité. Nous devons tout mettre en œuvre pour assurer leur sécurité », a-t-il insisté.
Ce 13 août, interrogé par SkyNews, M. Wallace a par ailleurs estimé que l’Afghanistan va devenir un « État failli » et sombrer dans une « guerre civile dans laquelle des groupes comme al-Qaïda prospéreront et constitueront probablement à nouveau une menace pour l’Occident ».
source : http://www.opex360.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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